MY TOP 20 4 2020

Top 20 4 2020De Prince à The Weeknd, en passant par Dylan, Neil Young, Tom Petty, Jane Birkin, Bruce Springsteen, mais aussi Gaël Faye, The Dirty Knobs, Tame Impala, Jack Art, The Last Internationale, Geyster, Beebadoobee ou encore Woodkid, ils ont su chacun à leur manière illuminer cette drôle d’année d’une vie confinée, dé-confinée, re-confinée… En tout, voici les 20 albums qui auront rythmé cette année 20 que nous ne sommes pas fâchés de voir enfin s’envoler. Fuck you 2020 et hello 2021 !

 

« Sign ☮️ the Times »1 : PRINCE « Sign ☮️ the Times » Super Deluxe

C’est un géant, voire un monument, presque un continent, tellement plus vaste que son double CD d’origine de SEIZE titres qui était pourtant déjà vertigineux. Mais cette vertigineuse réédition de « Sign ☮️ the Times » forte de ses CINQUANTE-HUIT inédits et/ou Mixs alternatifs et/ou remixs ainsi que d’un live de DIX-HUIT titres capturés fin 87, vous comprendrez aisément le tombeau de Toutankhamon, la pierre de Rosette que représente ce 9ème album charnière de Prince dans le contexte de l’avènement de son royaume de Paisley Park. Car, c’est justement de « the Vault »,  cette cave aux trésors que sont issus tous les joyaux qu’on découvre aujourd’hui dans ce coffret 7 CDs+ 1 DVD. Et dans ce coffre-là, on peut parier sans crainte qu’il y en a des centaines d’autres. Elvis et 2PAC seront j’en suis certain battus à plate couture par Prince qui vivait quasiment en permanence dans un studio d’enregistrement et capturait des kilomètres de bandes. C’est à ce moment certes qu’il faut se poser la légitime question déontologique : s’il avait décidé d’écarter tous ces remixs et autres inédits avons-nous le droit de violer le secret du Purple Pharaon ? Peut-être jugeait-il ces enregistrements indignes d’être partagés ? Peut-être voulait-il les garder pour lui ? Ou peut-être les formats discographiques de l’époque ne permettaient absolument pas de publier un album long de 7 CDs et, dans ce cas, il a du faire des choix cornéliens pour arriver à faire tenir l’essentiel sur un double-CD. La preuve, puisque « Sign ☮️  the Times » devait être baptisé « Crystal Ball » et contenir au moins TROIS CDs. Hélas, Prince n’est plus là pour lever nos doutes, alors sans jouer les profanateurs de sépultures, plonger dans tous ces nouveaux vieux sons se révèle juste grisant.  Vous l’aurez compris ce « Sign ☮️ the Times » version super-deluxe compte incontestablement parmi les 10 meilleurs disques de cette étrange année 2020, un rayon de solaire sonique dans notre brouillard quotidien et cela, jeunes gens, n’a tout simplement pas de prix.

 

2 : BOB DYLAN “Rough and Rowdy Ways”

 

La voix… juste incroyable ! Les compositions… vertigineuses ! Les textes… aussi clairvoyants que littéraires ! Les arrangements… aussi simples qu’émotionnels ! Quant aux idées… elles sont si puissantes que si on ne lui avait pas déjà décerné son Nobel, il me mériterait… aisément ! Déjà, écrire les huit lettres qui forment son nom BOB DYLAN est tout simplement mythique, mais avec un nouvel album de cette qualité, là on touche carrément au nirvana. Premier disque de chansons originales depuis 8 ans, “Rough and Rowdy Ways” compte déjà sans conteste parmi les plus belles réussites de tous les temps de notre Zim’ !

C’est son TRENTE NEUVIÈME album et pourtant, son “Rough and Rowdy Ways”, publié l’année de ses 79 ans, est d’une éblouissante fraicheur et d’une hallucinante qualité. Du haut de ses dix chansons, dix joyaux ciselés avec autant d’expertise artistique que d’amour, Bob Dylan nous contemple et peut afficher un sourire d’intense satisfaction, tant le successeur de son « Tempest » parvient à nous subjuguer, à nous transporter, à nous libérer dans son univers poétique. Certes, depuis la publication de son épique « Murder Most Foul » on se doutait un peu que cet album-là serait d’une exceptionnelle cuvée. Paradoxalement, ce premier titre sorti en mars dernier est aussi celui qui clôt cet album si particulier. Et c’est « I Contain Multitude », révélée trois semaines plus tard, en avril qui ouvre ce “Rough and Rowdy Ways”, mais notre Dylan c’est bien connu n’est pas à un paradoxe près. Crise sanitaire, bien sur, mais aussi crise raciale et par conséquent crise sociétale où notre prophète Dylan est comme un roc auquel nous pouvons nous amarrer pour affronter la tempête. C’est sans doute ce qu’il sous-entend en baptisant son disque “Rough and Rowdy Ways”, que l’on traduit par « Des chemins cahoteux et difficiles ». Ce Dylan 2020 est une cuvée d’exception. Et l’on ne peut s’empêcher de remettre une pièce dans la machine pour emprunter à nouveau, encore et encore, ces « chemins cahoteux et difficiles » qui sont à l’image de nos vies de ce 21ème siècle aussi magnifique que désespérant.

 

The Last Internationale3 : THE LAST INTERNATIONALE : « Soul On Fire »

 

C’est seulement leur deuxième album, et pourtant c’est comme si nous les avions connus depuis toujours, comme de vieux jeunes amis pour la vie. Porté par son incandescent « Soul On Fire », le rock-blues révolutionnaire du power duo The Last Internationale est sans doute ce qu’il nous arrive de mieux de la cote Est des US of A depuis les White Stripes. Rencontre aussi cruciale que candide avec Delila Paz et Edgey Pires, entre conscience politique et good vibes, un cocktail énergétique vital dans ces jours si…confinés.

Elle, brune, regard perçant, look rock, comme une jeune Chrissie Hynde et voix puissante gorgée de blues, entre Janis (Joplin) et Grace ( Slick). Lui, brun, cheveux longs, cuir noir et guitare affutée au fil du rasoir pour un énorme son entre Jimmy Page et Jack White. Mon tout constitue the Last Internationale, duo insurgé formé depuis 2008, sous l’aile protectrice de leur fameux producer, Tom Morello du colossal Rage Against the Machine. Ils ont à mes yeux les petits-fils spirituels de Blondie, de Television et des Talking Heads. Et il n’est donc pas surprenant que leur « Soul On Fire », portée par son invincible blues-rock, ait su me faire fondre comme neige au soleil. Incontestable album de l’année, il n’a pas fini de rythmer 2020.

 

4 : NEIL YOUNG « Homegrown »Neil Young

C’est un album fantôme que nous offre Neil Young, avec ce magique « Homegrown », né au cœur des 70’s entre son « On the Beach » et le nerveux « Tonight’s the Night ». D’abord « congelé » par son label, puis mis sous le coude par notre Loner lui-même, pour cause émotionnelle, près d’un demi-siècle après sa naissance, quel bonheur nostalgique de se replonger ainsi dans la coolitude exacerbée de ces 12 joyaux enfin exhumés  !

Homegrown, littéralement « poussé à la maison », chez les cool Californiens c’est surtout une référence directe à la bonne petite beu que l’on fait pousser chez soi à l’abri des regards indiscrets des hommes en bleu. Bien sûr, avec cet album inédit, c’est une incroyable time-capsule que Neil Young nous expédie tout droit de ces 70’s dorées que nous affectionnons tant. Mais en 74-75 Neil Young est totalement prolifique et les successeurs de son « On the Beach » se bousculent au portillon. « Tonight’s the Night » et « Zuma » sont déjà millésimés 1975, alors pour Warner et ses frères un 3éme Neil Young cette même année était inconcevable. Quelques années plus tard, sur le même label Prince vivra la même frustration avec un « Black Album » remisé sur une étagère de Burbank qui deviendra lui aussi légendaire à l’instar de cet « Homegrown ». Car vu son patronyme, et ce malgré le contexte mélancolique de sa rupture avec la comédienne Carrie Snodgress, « Homegrown » est d’une infinie délicatesse planante, un des plus beaux albums de cet été avec le « Rough and Rowdy Ways «  Dylan ( voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/bob-dylan-rough-and-rowdy-ways.html ). Près de 50 années après sa naissance, quel bonheur de replonger ainsi dans cette époque bénie.

 

Asaf Avidan5 : ASAF AVIDAN  « Anagnorisis »

 

4ème album international et 7ème en incluant ses CD israéliens, trois ans après son vibrant « The Story of Falling » Asaf Avidan revient en force avec cet « Anagnorisis » au patronyme étrange dérivé d’un concept poetico-philosophique. Portée par son incroyable voix d’écorché vif, l’émotion est ici poussée à son paroxysme, dans l’étrange beauté de ses mots, tel un Leonard Cohen réincarné.

Tout d’abord, pour bien comprendre tout le concept caché derrière l’album, un peu de définition : l’anagnorisis (mot féminin ; pluriel anagnoriseis) est proprement l’action de reconnaître ou la « reconnaissance », c’est-à-dire la découverte tardive d’une identité que l’on n’a pas su percevoir de prime abord. Le bien nommé « Anagnorisis » a été capturé à Tel-Aviv puis au Different Pulses studios… comme le titre de son premier album, situé en Italie. Or, sur les crédits on peut lire « Services d’urgence de l’hôpital de Pesaro : immense remerciement à tous les médecins et infirmières qui m’ont donné la possibilité de continuer à faire de la musique. » Maladie ou accident, anyway manifestement Asaf leur doit une fière chandelle et, du coup, on comprend mieux toute la symbolique autour de son concept de l’anagnorisis, ainsi que ses références à la mort et à Lazare, justement revenu d’entre les morts. À quarante ans, la route est encore longue pour Asaf Avidan, une route où nous l’accompagnerons le plus longtemps possible…

 

6 : BRUCE SPRINGSTEEN “Letter To You”springsteen

 

Quand on aime, on a toujours… 20 albums et c’est justement le 20ème disque de Bruce Springsteen qui marque le retour dans le jeu de son légendaire E Street Band. Lettre d’amour à nous, ses fans, et à son groupe si fidèle depuis un demi-siècle « Letter To You » porte toute la nostalgie de ces radieuses compositions dont certaines datent de 1972 comme un dialogue entre un Springsteen jeune chien fou et Bruce le sage patriarche de 2020.  

Nous sommes au Thrill Hill Recording studio, bâti dans sa Colts Neck Farm, dans le New Jersey, juste à côté d’Asbury Park… where else ? C’est le grand retour du fidèle E Street Band, après six ans d’absence depuis « High Hopes », pour 5 jours d’enregistrement live, en novembre 2019 pour la première fois depuis, excusez du peu, « Born In the USA ». Avec ce nouvel album publié à quelques jours des élections présidentielles, Bruce Springsteen aurait pu composer un brulot anti Trump, comme il l’avait fait jadis avec Reagan ou Bush, il a préféré au contraire traiter l’agent orange par le dédain, optant pour nous offrir les 12 compositions intemporelles de « Letter To You » comme autant de ballons d’oxygène rock pour survivre à cette époque troublée.

 

jane birkin7 : JANE BIRKIN « Oh pardon tu dormais »

 

C’est une conjuration de l’émotion qui s’est nouée autour de Jane Birkin, avec ce nouvel album fruit de la collaboration d’un fan éternel : Étienne Daho, épaulé par son vieux complice des Max Valentins, Jean-Louis Pièrot. Fort de ses 12 compositions, aux thèmes directement inspirés du film et de la pièce de théâtre homonyme de Birkin, « Oh pardon tu dormais » est un cocktail aussi enivrant qu’addictif de radieuses poésies, de pure nostalgie des sixties et d’émotions livrées sans tabou, sans doute un des plus beaux projets de cet étrange hiver. 21 années après sa première chanson pour Jane, Étienne Daho récidive, avec sa casquette de réalisateur, et pour tout un album concocté avec la complicité Jean-Louis Pièrot où  Jane signe les textes et Daho/ Pièrot musique et arrangements.

« Oh pardon tu dormais » est un incroyable album, splendidement taillé sur mesures pour elle, qui évoque tous les hommes de sa vie, tous disparus, mais qui vivent toujours en elle, son père, John Barry, Serge Gainsbourg, Jacques Doillon sans oublier sa fille ainée Kate partie bien trop tôt. Comme les héroïnes antiques, Jane a l’art de métamorphoser les plus grandes tragédies, les plus grands chagrins, en pure poésie et c’est bien pour cela que notre amour pour elle se révèle éternel.

 

8 : CAT STEVENS “Tea For The Tillerman 2”Cat Stevens

 

J’ai du mal à l’écrire… 50 ANS … 50 ans après sa sortie, le sublime “Tea For The Tillerman” ressort, mais loin d’être une réédition, l’album a été intégralement réenregistré, ré orchestré et réinventé, toujours avec la complicité du fidèlissime Paul Samwell-Smith et l’on se dit que seul un magicien tel que Yusuf/ Cat Stevens pouvait avoir une idée aussi belle et craquante.

C’est comme retrouver un très vieil et fidèle ami, perdu de vue depuis longtemps et qui aurait vieilli autant que nous. “Tea For The Tillerman” porté par ses hits imparables, «  Wild World », « Sad Lisa », mais aussi la délicate « Where Do the Children Play » et le bouleversant « Father and Son ». Comme le Pink Floyd « Dark Side of the Moon » plus tard ou encore le Neil Young “Harvest”, “Tea For The Tillerman” figurera en bonne place dans la plupart de nos discothèques de teen-agers, accompagnant nos booms et nos périples, rythmant carrément nos vies. Alors, redécouvrir aujourd’hui en 2020, cet album mythique, mais de manière alternative puisque toutes les chansons ont été à nouveau ré-enregistrées chez nous en France au studio La Fabrique à Saint Rémy de Provence. Et écouter à nouveau ce « Thé pour le timonier 2 » revisité est une totale émotion. Entouré de musiciens hors pair et par son producteur si fidèle Paul Samwell-Smith, Yusuf/ Cat Stevens a re-imaginé avec tout le prisme de sa sagesse – Steven Demetre Georgiou est âgé de 72 printemps, il en avait 22 à l’époque !- ce qui constitue sans doute son meilleur album. Choukran Yusuf Islam

 

Eminem-Murder-Music9 : EMINEM “Music To Be Murdered By”

 

On peut dire que pour le 11ème épisode de ses aventures Eminem a frappé fort : au-delà du clin d’œil à l’album homonyme du Maitre Alfred Hitchcock et sans mauvais jeu de mots, ce CD est juste une tuerie. 20 titres, une armada de guests…killers, un flot fatalement impétueux aux rimes coup de poings irrésistibles, “Music To be Murdered By” est LE meilleur Eminem depuis son historique « Encore » de 2004. Carrément.

Deux ans après son déstructuré « Kamikaze », le fameux rapper revient avec du lourd, du très lourd “Music To Be Murdered By”…au titre et au concept emprunté à Alfred Hitchcock. L’ami Alfred, ou plutôt sa voix, apparait d’ailleurs ici vocalement à trois reprises, fidèle au concept tracé par l’artiste, en sympathique fantôme tutélaire. Cependant, Alfred n’est pas le seul revenant de cette histoire, puisque le défunt Juice WRLD partage le micro avec Eminem pour LE titre le plus fracassant « Godzilla », où le natif de Detroit y rappe plus vite que son ombre :  soit 10.65 syllabes à la seconde. Mais plus que par son speed c’est qualitativement que ce titre sait aussi bien nous scotcher : pour sa première apparition post-mortem, les mots de Juice WRLD font de jolis bleus au cœur. Un CD plein de promesses, qui ne lient que ceux qui y croient. Et à ce propos, “Music To Be Murdered By” semble tenir toutes les siennes : number one Billboard et tout autour du globe, l’hémoglobine de la danse macabre d’Eminem coule un peu partout dans nos têtes.

 

10: MCCARTNEY « III »mccartney

 

Mais à quoi donc avez-vous bien pu consacrer tous ces mois de confinement? Ah, si vous étiez Macca vous auriez pris le temps d’inventer un nouvel album capturé tout seul à la maison. En effet, dans ce 3e épisode de ses aventures notre polo a assuré composition, arrangement, orchestration, production … non sans oublier au passage l’intégralité de toutes les voix et de tous les instruments. 50 ans après « McCartney I », 40 années après McCartney II »,  je vous présente « McCartney III » !

Et d’abord, commençons par quelques dates. Lorsque McCartney one est paru le 17 avril 1970 j’avais 14 ans et j’étais au lycée Voltaire. Et avec Santana « Abraxas » et « Imagine » il comptait déjà parmi les 5 premiers LP de ma toute nouvelle collection de disques. À l’instar de son successeur « RAM » et sans doute « Ziggy Stardust », il fait partie des vinyles que j’ai dû carrément racheter tant le sillon avait été creusé !  Dix ans plus tard, lorsque parait McCartney two 16 mai 1980 j’avais 24 ans et j’étais journaliste rock depuis un peu moins d’un an. Et même si l’album était certes un peu moins affriolant que son légendaire prédécesseur, il était néanmoins porté par quelques titres radieux, tel excellent « Waterfalls » ou le joyeux « Coming Up ». Et  McCartney three est sorti hier le  18 décembre 2020 et j’en ai 65 ( je suis né en juillet) et mon bon vieux Paulo est toujours autant d’attaque,  tel le fidèle compagnon de route qu’il a toujours été (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/ma-life-avec-macca.html  et aussi https://gonzomusic.fr/?s=McCartney), jouant de son imagination et de son époustouflant talent de mélodiste. Vous l’aurez compris, à la lecture de cette chronique, il est hors de question de rester objectif. Alors, si je vous dis que ce McCartney III » est bon comme un vaccin pour la tête, vous pouvez me croire. De plus n’a nul besoin d’être conservé à moins 70 degrés et se révèle garanti efficace à 100%.

 

Jack Art11 : JACK ART « The Outsider »

 

Malgré le côté pseudo de son blaze, il ne faut pas prendre Jack Art à la légère. Car si son « The Outsider » lorgne résolument du côté des USA, c’est pour la bonne cause, celle de la source des Jackson Browne, Dylan, James Taylor, Elliott Murphy, Springsteen mais aussi Jonathan Richman où notre Français qui ne chante qu’en anglais s’est très largement abreuvé. C’est sans doute pourquoi cet album cool est une incontestable réussite.

All in english, malgré un léger accent français, mais curieusement pas insupportable contrairement à tant et tant d’autres let me introduce to you, mister Jack Art dont le « The Outsider » a su retenir toute notre attention. L’album justifie aisément son titre, tant ce singer songwriter se détache du modèle français habituel. Et au fur et à mesure où l’on explore l’album, Jack sait nous faire partager sa passion d’autant plus aisément qu’elle est aussi la nôtre, l’oreille tournée vers l’Amérique. Belles mélodies, musique relax, on s’identifie d’autant à cet  « étranger » qu’il nous ressemble. Chez Jack  Art, on a l’art de pratiquer la nuit américaine, une nuit où les étoiles et les bandes, stars and stripes, brillent si intensément au fond des yeux.

 

12 : TAME IMPALA “The Slow Rush” tame impala

 

Yes…5 longues années après son brillant prédécesseur « Currents », Kevin Parker, le one man band de Tame Impala, revient avec ce « The Slow Rush » aussi hypnotique qu’incandescent et c’est un pur bonheur sonique. 12 titres aussi cool qu’éblouissants qui justifient largement l’attente. Voix démultipliées, qui échappent à l’attraction terrestre, portés par des vagues de synthés en totale béatitude et l’on se dit que décidément slow is really beautiful.

Et si les Australiens étaient les nouveaux caïds de la New Wave du 21ème siècle ? Déjà en 2007 nous avions littéralement fondu sur les good vibes d’Empire of The Sun from Sydney. Parallèlement, une autre sensation de « down under » démarre à Perth avec Tame Impala, soit l’antilope apprivoisée, la « créature » en forme de one man band de Kevin Parker. En 2015 nous sommes carrément subjugués par son fabuleux « Currents » ( Voir sur Gonzomusic  https://gonzomusic.fr/tame-impala-currents.html ) et, cette fois, avec ce 4éme CD, « “The Slow Rush”,  le choc frontal est encore plus bluffant. Cet album remarquable comptera parmi les incontournables de cette année 2020. Bref et en conclusion, LE message crucial à transmettre à Kevin Parker c’est : on T a(i)me Impala 😂

 

Woodkid13 : WOODKID « S16 »

 

Avec un nom qui évoque celui d’un sous-marin ou d’un avion de chasse, après près de 7 années d’attente, il n’est guère surprenant que « S16 », le nouveau et attendu deuxième album de Woodkid, soit un vertigineux champ de bataille émotionnel capable d’arracher les simples mortels que nous sommes à cette bien trop pesante attraction terrestre., un album aussi puissant et  spectaculaire qu’un blockbuster d’(Holly)Wood (kid) 🤩

Cette longue attente n’aura pas été vaine, la preuve par ce « S16 » qui tire son titre de la formule chimique du soufre. Et qui dit soufre, dit aussi… souffrance, et ce n’est donc pas un hasard si ce nouvel album parait en pleine pandémie planétaire, car sous sa pochette si sombre, ces 11 compositions sont effectivement placées sous le signe de la résilience. Capturé entre les studios Abbey Road de Londres, Berlin, Paris, Los Angeles et l’Islande, « S16 » portés par ses somptueux arrangements de cordes et de cuivres laisse la part belle aux chœurs angéliques de la chorale du Suginami Junior Chorus de Tokyo. C’est justement toute la force de ce « S16 » capable de défricher tant de nouveaux horizons.  Cependant, pour pleinement en apprécier toute la subtilité, il faut alors remettre une pièce dans la machine et repartir aussi vite à la (re)découverte de cette entêtante œuvre d’art digne d’Hollywood(kid) 👏🏼

 

14 : BEABADOOBEE « Fake It Flowers »Beabadoobee

 

Malgré son alias qui ressemble à une interjection tout droit échappée des Flintstones ( Yabba Dabba Doo 🤪 ) il faut prendre au sérieux la jeune Beabadoobee, 20 ans, dont la fraicheur de ce tout premier album, « Fake It Flowers » au puissant et addictif rock alternatif, est sans doute ce qui nous arrive de mieux sur la scène British depuis bien des lustres.

De son vrai nom Beatrice Laus, Beabadoobee est déjà une fusion sonique à elle seule. Née à Lloilo, aux Philippines, la jeune fille a tout juste 3 ans lorsqu’elle émigre avec ses parents en Angleterre. Presque deux décennies plus tard, elle publie son brillant album inaugural « Fake It Flowers » qui ne devrait laisser indifférent nul amateur de rock. Produit par le Vaccine Pete Robertson, les douze chansons qui le composent évoquent en effet de bien fameuses prédécessrices, telles PJ Harvey ou les Breeders. On songe également à Alanis Morissette, à Alison Mosshart de the Kills ou encore à Dolores O Riordan, la défunte chanteuse des Cranberries. Fort de toute sa fraicheur et de ses incontestables atouts soniques, ce « Fake It Flowers » place incontestablement cet album inaugural de Beabadoobee dans le peloton de tête de nos priorités pour cette année 2020.

 

Tom Petty15: TOM PETTY “Wildflowers & All the Rest”

Tom Petty avait 44 ans en 1994 lorsqu’il a enregistré son second LP solo, le premier étant l’excellent « Full Moon Fever » en 1989, en tout incluant ceux capturés avec les Heartbreakers, c’était sa dixième galette. Et comment justement ne pas songer aux fidèles Heartbreakers, lorsqu’ils répondent tous présents derrière lui sur ce sublime album, à l’exception du seul batteur Stan Lynch ?

Le son y est juste infernal, la re-masterisation de la mort, pour une collection de chansons aussi familières incluant les 15 titres de l’album original, sous sa modeste pochette version papier recyclé, ainsi que 10 titres d’inédits éblouissants et 15 titres en version maquettes intimistes… sans compter les 14 versions live de ces chansons capturées entre 1995 et 2017, ce “Wildflowers & All the Rest” un putain d’album d’exception qui n’a pas fini de faire pulser les membranes de nos enceintes comme de nous faire regretter un Tom Petty dont la présence solaire nous manque tant.

 

16 : GEYSTER « Euphoria »

 

 

Pour son TREIZIÈME disque (sic !) Gaël Benyamin, alias Geyster a, again, choisi la voie ( la voix🤪) du concept-album, et, à l’instar de son précédent « Television », cet « Euphoria » offre sa vision critique de notre société de consommation sur des beats électro irrésistibles dont les influences oscillent entre Georgio Moroder et Gil Scott-Heron, Kraftwerk et George Duke, mélange aussi cool que détonnant du frenchie le plus californien de notre Hexagone.

C’est vrai, je l’avoue, depuis que je l’ai découvert, j’ai toujours eu un faible pour Geyster ( voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/gael-benyamin-la-confidential.html , https://gonzomusic.fr/geyster-knight-games-i-ii-iii.html , https://gonzomusic.fr/geyster-with-all-due-respect.html  , et https://gonzomusic.fr/the-geyster-revolution-will-be-televised.html ). Et, manifestement, avec « Euphoria » cela ne risque guère de changer. D’abord, il y a ce concept- album sur la critique de ce monde, qui est désormais le nôtre aujourd’hui, et qui peut se révéler terrifiant, surtout face à la pandémie actuelle.  Sans oublier cette étrange pochette, où une donzelle insouciante chevauche… une autruche, qui a, comme chacun le sait, une forte propension à se cacher la tête dans le sable au moindre danger.  Cet « Euphoria » se révèle donc à l’usage, d’excellente facture et je ne peux que chaudement le recommander.

 

JUICE WRLD17 : JUICE WRLD « Legend Never Dies »

 

Une avalanche de compositions puissantes et quelques (rares) tracks de remplissage, pas un seul sample identifiable et une toute petite poignée de featurings dont Halsey et Marshmellow, le 3ème et forcément posthume album de Juice WRLD est un monument édifié à la gloire d’un jeune homme surdoué, mort bien trop tôt au champs d’honneur rapologique. « Legend Never Dies » est un testament solide, un puissant signal d’alerte, doublé d’un carton planétaire, qui nous adjure à (presque) chaque chanson de nous tenir à l’écart de cette addiction killeuse de la dope et des médocs.

À l’instar de son prédécesseur « Death Race For Love », le bien nommé « Legend Never Dies » est un carton planétaire, une sensation qui s’est élevé sur la plus haute marche du podium des charts, multipliant les étoiles des critiques unanimes un peu partout sur Terre. Et tout cela à seulement 21 ans et demi… quelle tristesse… quel vide nous laisse-t-il !

 

18 : THE DIRTY KNOBS « Wreckless Abandon »The Dirty Knobs

 

Un demi-siècle aux côtés d’un géant, cela vous forge le caractère. D’abord avec Mudcrutch, le premier groupe de Tom Petty lorsqu’il vivait encore à Gainesville, puis au sein des Heartbreakers, Michael Wayne Campbell armé de sa radieuse guitare était l’incontestable alter-ego de Tom Petty. Avec sa formation, the Dirty Knobs le voici qui prend enfin son envol, avec ce bel album gorgé de blues et de mélodies, intitulé « Wreckless Abandon ».

 L‘ombre de Tom Petty plane sur ce premier album des Dirty Knobs. Normal puisqu’il s’agit ici de la formation de Mike Campbell, fameux guitariste depuis… 50 ans au sein des Heartbreakers et co-producteur de nombre de ses albums. Mais son CV est encore plus bluffant : au fil des ans, Campbell a mis sa guitare au service de Stevie Nicks, de Don Henley, de Bob Dylan, de Jackson Browne et de bien d’autres. Il n’est donc en rien surprenant que cet album soit aussi canon !

 

GAËL FAYE19 : GAËL FAYE « Lundi méchant »

 

C’est le second épisode des aventures de Gaël Faye et avec sa double casquette de romancier, comme d’auteur-compositeur- interprète, le natif du Burundi, élevé au Rwanda, revisite avec art et poésie cette Afrique qui vibre si fort en lui, pour nous la faire partager avec toute la fraicheur d’un MC Solaar de ses débuts sur les compositions aussi originales que dépaysantes de son « Lundi méchant ».

Un roman à succès « Petit pays » adapté cette année au cinéma, deux EP et deux albums à son actif, à 38 ans Gaël Faye assume ses multiples casquettes, comme sa double culture africaine et occidentale, sans pour autant avoir jamais la grosse tête. C’est sans doute ainsi que l’on reconnait les véritables Artistes, ceux qui méritent aisément son « A » majuscule. Entre électro, pop, hip-hop, slam, parlé-chanté façon Gainsbourg et chanson française, le cocktail Faye se révèle juste enivrant par la puissance des mots conjuguée à l’imagination et au feeling. Si vous ne connaissez pas encore Gaël Faye, sachez tout simplement qu’il signe avec ce « Lundi méchant » l’un des vingt albums justes indispensables de cette année 2020. Respect !

 

20 : THE WEEKND « After Hours »THE WEEKND

 

Hanté à la fois par un chant grégorien profane et une futuriste soul- music 2.0, the Weeknd revient en très grande forme. Le 4ème album de l’autre Canadien black surdoué, après Drake, pulse la chamade entre Autotune version overdrive et beats volontairement ralentis, comme un astronaute en apesanteur fait son jogging dans sa station spatiale. Vertigineuse sensation sonique, Abel Makkonen Tesfaye est au R&B ce que Radiohead est au rock, et cet « After Hours » tient toutes ses promesses d’une longue nuit planante: influences synthés années 80 entre Depeche Mode et Talk Talk plaqués sur des vocaux que ne renierait pas Michael Jackson s’il pouvait encore moonwalker parmi nous, « Blinding Lights » se révèle, à l’usage, quasiment hypnotique. Cependant, ne croyez pas pour autant que tout soir rose et happy au pays d’Abel. Bien au contraire, ces chansons malgré leur beat nonchalant sont hantées par le mal être de the Weeknd, la solitude, les doutes et les tentations d’un jeune homme de 30 ans.

 

TOUS LES CLASSEMENTS DES ANNÉES PRÉCÉDENTES:

Top 20 2015 https://gonzomusic.fr/mes-20-gonzo-albums-de-2015.html

Top 20 2016 https://gonzomusic.fr/mes-20-gonzo-albums-de-2015.html

Top 17 2017 https://gonzomusic.fr/17-pour-2017.html

Top 18 2018 https://gonzomusic.fr/18-4-2018.html

Top 19 2019 https://gonzomusic.fr/19-4-2019.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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