GEYSTER : « Knight Games I, II & III »
« Knight Games I, II & III », ce sont trois CD, 29 titres, 108 minutes 40 secondes de plaisir et la voluptueuse sensation de replonger dans les années dorées du son Californien : tel est le pari prodigieux gagné par Geyster…prodigieux car Geyster est non seulement un « one man band », mais surtout son leader charismatique est Français comme vous et moi. Et ce geyser émotionnel is from …Nogent sur Marne !
D’abord il y a cette grandiloquence du génie « mégalo ». Geyster, c’est Salvador Dali s’exclamant « Je suis fou du chocolat Poulain ». Sky’s the limit ! Un triple album, en France c’est du quasi-jamais vu – à l’exception du « Messina » de Saez -. Je crois que même Johnny n’a pas osé nous le faire. Par contre, si aux USA les bons triple originaux sont souvent live : « the Last Waltz », « Wings Over America » ou « Yes Songs » …ou non : Prince en a sorti 3, en Angleterre on se souvient tous du génial « Sandinista » des Clash. Mégalo et « égonaute », décidément ce Geyster ne manque pas de caractère. L’egonaute, à l’instar du Major Tom de Bowie seul dans sa boite de fer, n’a besoin de personne pour produire son œuvre. Chanteur, auteur-compositeur, arrangeur, multi-instrumentiste, ingénieur, réalisateur, producteur… il porte douze casquettes à la fois, comme Stevie Wonder, Todd Rundgren , Stevie Winwood ou Prince. Et comme dans la chanson de Véronique Samson « Besoin de personne » justement, derrière le concept Geyster se cache Gaël Benyamin et franchement, dés la première écoute de ce monumental « Knight Games I, II & III », il m’en a mis plein les oreilles. Pour vous la faire simple, ce type est capable de vous fabriquer tout seul dans sa cuisine grosso modo ce que Steely Dan mettait deux ans de boulot sans débander à usiner en studio. Carrément. En effet, comme le disait le philosophe Colombo à la fin du siècle dernier : « Ah au fait, j’ai oublié de vous dire… »…Geyster est soniquement obsédé, hanté même, par le son Californien. Soleil, palmiers, cabriolets vintage étincelants, piscines émeraudes, océan Pacifique à perte de vue, Venice Beach et Hollywood Dream défilent inlassablement sur toutes ces plages dorées. Et lorsque qu’il ne nous (re)joue pas Donald Fagen et Walter Becker, Gaël se métamorphose en Larry Carlton ou en Michael Franks, en Supertramp ou carrément en Paul McCartney.
Geyster c’est KNX FM, LA
Il faut dire, qu’en plus de son incontestable talent musical, le garçon possède un autre véritable atout : il est doté d’un accent impeccable, sans les terribles effets secondaires dont soufrent tant de francophones qui donnent si souvent l’impression d’avoir bouffé douze douzaines d’escargots à l’ail dés qu’ils ouvrent la bouche pour vocaliser dans la langue des Beatles. Franchement, je suis bluffé par ce Geyster qui mériterait une analyse titre par titre de ses 29 compositions radieuses, mais faites moi confiance, chacun y retrouvera sa précieuse dose d’UV. Prenez « I Won’t Let You Down », le premier hit du premier CD : Michael Franks y rencontre un Stephen Bishop porté par une guitare jazzy digne de Larry Carlton- on retrouve les mêmes ingrédients dans la chaleureuse « Heal » du 2éme album-. La quintessence du rock doré de LA est boostée par la puissance émotionnelle des harmonies. Sur le même CD, « First date » me rappelle furieusement le « Black Man Ray » de China Crisis…qui était justement produit par Walter Becker…ha ha ha…quand on vous dit que le garçon a de la suite dans les idées ! Geyster, c’est KNX FM- la radio jazz cool laid back de LA- revisitée ! La seule « infidélités » de Gaël au son « Cali », c’est son incorrigible penchant pour Paul McCartney, période du premier Macca à « Wild Life », avec des titres comme « It’s There » (CD II), « Hyper Individual People » (CD I), « Victim of You » (CD II) ou « A Long Goodbye » (CD III). Franchement son « A la manière de… » se révèle vertigineusement convaincant.
California dream
A la fin des 70’s, un mystérieux groupe- on apprendra plus tard qu’ils étaient canadiens- baptisé Klaatu nous avait tous fait croire à une re-formation des Fab Four. Geyster me rappelle un peu ce Klaatu là. De temps à autres Gaël se fait plus tonique mais on ne quitte pas les 70’s puisqu’il surfe sur le rock de Grand Funk Railroad (« Over You ») (CD III) et surtout « Do It » (CD II) qui évoque furieusement « We’re An American Band ». Enfin, une petite pensée pour le « Fooled Around and Fell in Love » d’Elvin Bishop avec la somptueuse « Lily » qui achève le second album. Prix spécial du jury à « Not An Ordinary Girl » (CDI) en duo avec le Brésilien Ed Motta, un titre qui nous téléporte du coté de Chicago (Transit Authority). Sans oublier de réserver une mention A+ à la mélancolique « Call Me Back » qui clôt cette trilogie…dont le casting impressionnant voit aussi défiler les touches successives de Squeeze, Todd Rundgren, les Beach Boys, Santana, George Harrison, America, Poco, les Byrds, Loggins & Messina, Paul Simon, Al Stewart, et les Brothers Johnson, bref, Mister Benyamin, en nous faisant partager son « California dream », nous offre rien de moins que 15 hits ensoleillés sur un total de 29 titres… alors, gare aux coups de soleil ! Et surtout, ne pas oublier que l’abus de toutes ces cascades de Fender Rhodes risque de faire gravement pousser les palmiers autour des jacuzzis imaginaires qui vont forcément jaillir par chez vous, en puissants geys(t)er(s)…alors, beware of Geyster ? Assurément. Le pouvoir de « Knight Games I, II & III » fait que l’on se laisse si aisément prendre au (x) jeu(x).
GEYSTER : « Knight Games I, II & III » (Somekind Records)
Sortie le 7 avril 2015
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