GEYSTER : « With All Due Respect »
Hier soir, c’est sur la scène du légendaire New Morning ( où j’ai tourné jadis Curtis Mayfield, mon héros, entre autres légendes), que Gaël Benyamin s’est produit pour célébrer, de la manière la plus festive qu’il soit, la publication du SEPTIÈME album de son groupe Geyster, au titre clin d’œil « With All Due Respect ». Sauf votre respect…un respect que Gaël a su très largement gagner, en publiant son étourdissant et si ambitieux triple album « Knight Games » voici deux ans ( lire sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/gael-benyamin-la-confidential.html et https://gonzomusic.fr/geyster-knight-games-i-ii-iii.html ). Cette fois, nouvel exploit, puisque ce playboy du Golden State réapparait au bras de SIX ravissantes chanteuses différentes sur dix titres. Qui dit mieux ? Quel tombeur tout de même ce Gaël !
Comme l’Hotel California des Eagles, où l’on peut faire son check out à n’importe quel moment, mais sans jamais pouvoir partir, Gaël a beau avoir déménagé de LA depuis depuis plus de dix ans maintenant, en fait il ne l’a vraiment jamais quittée…tout du moins soniquement parlant. Geyster sonne toujours autant KNX FM et qui saurait le lui reprocher ? Hier soir au New Morning, entouré de sa formation experte guitare, basse, batterie et saxe, Gaël nous a offert l’aller-retour Paris-LA le plus smooth, mais aussi le plus rapide, depuis la chute du Concorde. Un peu plus de 90 minutes de live imparable où il a revisité quelques perles de ses précédentes galettes et pu tester, face au public, les petits joyaux de ce « With All Due Respect » officiellement publié ce même jour. Cela faisait juste deux ans que GBD attendait ce moment, mais sa patience a été largement récompensée, on va dire. Les nouveaux morceaux ne se contentent pas d’avoir la pêche et d’être portés par un son imparable, ils sont avant tout HABITÉS par l’imagination du fameux grooveur de Nogent-sur-Marne.
Dés le premier titre « Easy » ( feat Ethel Lindsey) ( non, rien à voir avec le hit des Commodores) on se retrouve plongé dans la douce chaleur d’un jacuzzi cool pulsé, aux faux airs, sur quelques violons, de « Reach Out I’ll Be There » des Four Tops. Voix haute à la Bee Gees, ooooh ooooh à foison, une pointe de Chic, pas d’erreur possible, Gael Benyamin a de nouveau enclenché sa « big time machine back to Hollywood 70/80 ». Nostagique ? Sans doute. Mais le désir d’émulation est le plus fort chez Geyster car à forcede projeter son California dream, porté par son incontournable piano électrique, il a fini par se forger sa propre personnalité. Ce que prouve toute la maturité de ce « With All Due Respect ». « A Matter of Choice » démarre sur une super intro parlée, sur fond de piano électrique incandescent. Ce duo avec Maeva Borzakian est une cool composition, en vrai faux live avec aplaus, dans la pure ligne de Michael Franks, y compris le joyeux bordel jazzy à la fin. « At First Glance » (feat Laura Mayne) vibre en boogie cool soul légère, un peu à la Earth, Wind & Fire. Ce duo aérien est à la fois tubesque et ensoleillé, un des musts de cet album. Et on y retrouve toujours cet enivrant piano électrique rétro, marque de fabrique de Gael. On songe un peu aussi à l’Incognito du label Talking Loud. Pulsé par des cuivres, ce titre est tout simplement excellentissime. Y compris le petit pont funky avec un clin d’œil au « My Feet Keep Dancing » de Chic, puis on achève de décoller jusqu’à Weather Report…what a trip ! Encore un des sommets de ce nouvel album, « Emily » (feat Sabrina Adnane) est un slow crème chantilly plus Geyster que Geyster, Christopher Crossien californien en diable, Jennifer Warnessien/Joe Cockerien à la « Up Where We Belong » Superbe mélodie. « A Place In the Sun » (feat Lila Salet) a un nom familier de chanson de Stevie Wonder, mais simplement de manière homonyme. Musicalement, on est sur du Steely Dan, un feeling Stephen Bishop, nostalgique des années dorées du California sound. Cool comme un balade sur le ponton de Malibu beach.
Impossible n’est pas Geyster !
«The Brightest Of Bright Sides » a la couleur ciel bleu azur de LA, presque aveuglant, lorsque le smog se lève enfin. On songe un à peu « You Did Cut Me » de China Crisis…produit par Walter Becker, c’est léger comme un ballon gonflé à l’hélium, tout comme « Higher Lands », lequel comme son titre l’indique, échappe lui aussi largement à l’attraction terrestre, emporté par son groove insouciant. C’est aussi un des incontestables atouts de ce nouveau CD. « With All Due Respect », la chanson-titre, est lente et climatique. Or, depuis Aretha Franklin, on sait combien le respect est essentiel dans la musique. Ce n’est donc pas par hasard que Gaël ait choisi ce mot. Porté par des chœurs féminins, il s’abandonne au pouvoir de cette fusion chaleureuse où la soul percute le jazz avant de clore ce radieux projet par « When Loves Breaks Down », reprise de la sublime composition de Prefab Sprout. Frisson dans le dos garanti et toujours cette fichue machine à remonter le temps jusqu’aux 80’s. L’album s’achève sur cet aveuglant coucher du soleil dans l’océan Pacifique comme une boucle bouclée, une fin qui suggère un éternel recommencement dès le lendemain matin. C’est toute l’utopie de Geyster et nous sommes fiers de la partager. Cinq bonus tracks composées de versions alternatives et même un remix house de la vibrante « At First Glance », complètent ce CD et l’on se dit que décidément impossible n’est pas Geyster. Welcome back boy !