INDOCHINE « L’aventurier »
Voici 42 ans dans BEST GBD comptait parmi les tout premiers rock-critics à éclairer un nouveau combo parisien, qui portait déjà haut et fort les couleurs d’une new wave hexagonale naissante. Découvert quelques semaines auparavant, sur la scène du Rose Bonbon, Indochine publiait son tout premier mini LP « L’aventurier » et comme son nom le laissait alors présager, l’aventure ne faisait que commencer, une aventure qui propulserait le groupe des frères Sirkis jusqu’aux plus hauts sommets. Quatre décennies plus tard, le rock d’Indochine n’ayant jamais cessé d’exister et de bouleverser l’ordre établi des charts, il fait désormais fièrement vibrer les plus grands stades. Tant pis pour les rageurs et autres oiseaux de mauvaise augure qui leur prédisait une carrière météore.
Certes, dans leurs uniformes en rouge et noir, les Taxi Girl avaient fière allure pour ouvrir la voie d’un rock synthétique à la Française puisant son inspiration à la croisée des chemins du Velvet, des Stranglers et du Clash. C’est sûr, lorsque les benjamins d’Indochine surgissent, ils semblent bien plus sages. Pas de lame de rasoir et de veines tranchées sur la scène du Rose Bonbon, à l’instar de Daniel Darc laissant couler son propre sang sur les planches du Palace en ouverture des Talking Heads. Pas d’usage intempestif et assumé des drogues dures non plus comme les héros de « Cherchez le garçon ». Propres sur eux, bien élevés et plutôt mignons, Nicola et Stéphane Sirkis, Dominik Nicolas et Dimitri Bodiansky apportent cette fraicheur pop et cette naïveté adolescente qui manquait alors au rock hexagonal, comme une VF de la new wave pop British des OMD, Duran Duran ou encore Talk Talk. Sans doute un article qui compte parmi les premiers publiés sur Indochine. Loin d’être le dernier, des années durant y compris jusqu’à Rolling Stone je n’ai jamais cessé de documenter les tribulations d’Indochine ( Voir sur Gonzomusic ). Début 1983 j’écrivais dans BEST : « groupe hexagonal plein de promesses (…) Indochine laisse présager un second souffle du rock-chez-nous »… on va dire que cela fait du bien parfois d’avoir vu juste un peu avant les autres.
Publié dans le numéro 175 de BEST
Back to les soixante… Indochine pour son premier (mini) LP joue la machine à remonter le temps de nos souvenirs adolescents. Gasp… les flashes se mélangent dans un déchirement temporel, la Linn drum computer machine sert de phylactère à la première B.D en stéréo d’un groupe hexagonal plein de promesses. Déjà, sur la scène du Rose Bonbon, j’avais pu apprécier le dynamisme d’Indochine et un son léché comme un fond de mousse au choc. Synthés, guitares et sax sont les ingrédients utilisés, mais ce qui importe avant tout, c’est leur dosage. Dominik Nicolas compose tous les titres et ses guitares plongent leurs racines du côté des groupes 60’s comme les Shadows ou les Spotnicks. Quant au chanteur, Nicola Sirkis, il écrit tous les textes et insuffle une indiscutable image B.D. à Indochine. « L’Aventurier », qui ouvre la première face, n’est pas une reprise de la chanson de Dutronc, par contre, « L’Opportuniste », qui suit, elle est bien signé Lanzmann-Segalen, donc un cover de Dutronc. Nicola et Stéphane Sirkis, Dominik et Dimitri Bodianski, le sax, utilisent leur imagination pour transmuter leurs chansons en comics strips, où ils injectent tout un tas d’inserts : « Ici Moscou » clame une voix gorgée d’idéologie sur « Dizzidence ». Mais l’inspiration Dutronc est encore présente puisque la chanson rappelle sensiblement son « Et moi, et moi, et moi ». Après l’album des Avions ( Voir sur Gonzomusic LES AVIONS « Les Avions » ) celui d’Indochine ( Voir sur Gonzomusic INDOCHINE: Passions en Indochine, QUAND GAINSBOURG DIRIGEAIT (L’) INDOCHINE , INDOCHINE : « Au Zénith » , INDOCHINE : « 7000 danses » , INDOCHINE « Singles Collection 2001- 2021 » , INDOCHINE « Singles Collection 1981-2001 » , INDOCHINE « Le Baiser », LES MILITANTS D’INDOCHINE , INDOCHINE AU SDF: DOUBLE VISION , et aussi INDOCHINE CENTRAL TOUR ), laisse présager un second souffle du rock-chez-nous.
Publié dans le numéro 175 de BEST daté de février 1983