INDOCHINE « Le Baiser »

IndochineVoici 31 ans dans BEST, GBD recevait sans sourciller et même avec plaisir « Le Baiser » de ces Indochine qu’il documentait depuis un certain concert au Rose-Bonbon. Cependant, ce 5éme album du désormais trio parisien, après le départ de saxe Dimitri, marque un véritable tournant, retour vers le futur de leurs premiers synthés avec le come-back de leur fidèle réalisateur world Philippe Eidel.  Flashback…

IndochineRetour aux synthés des origines et à l’esprit « aventuriers », come-back du fidèle Eidel, longtemps surnommé « le 5ème Indo », départ du saxe fondateur Dimitri, retour également vers la case succès, « 7000 danses » marque aussi une influence enfin totalement assumée de la littérature et du cinéma dans ses textes pour un Nicola Sirkis qui de surcroit ne cesse de progresser vocalement. Et je pouvais largement le mesurer. N’avais-je pas suivi leurs aventures depuis « Bob Morane » ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=indochine ) ? Tout cela au beau milieu d’une déconcertante Indochinemania qui ne cesse de se développer de la Suède au Pérou et d’un impeccable engagement politique qui ne dévie jamais d’un iota. Cette fois Nicola, Stéphane et Dominique s’en prenaient à juste titre au service militaire qu’ils voulaient voir disparaitre. Mais il faudra attendre cinq ans à pour qu’un certain Jacques Chirac admette finalement qu’il fallait enfin renoncer à la conscription pour la voir remplacée par une armée de métier. Indochine vous l’avait dit avant les autres, les gars !

 

Publié dans le numéro 260 de BEST sous le titre :

 

 FRENCH KISS

Indochine

Boite d’allumettes en guise de percus,  guitares simples à l’émotionnelle efficacité, voix sans frime ni artifice, « Le Baiser » donne son titre à l’album pour entrainer Indochine vers de nouvelles et sensuelles aventures. Et si vous appartenez comme moi aux déçus de «7000 Danses » ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/indochine-7000-danses.html ) , après deux ans de silence, cet Indo nouveau renoue avec la pétillante insolence et la pop exacerbée qui caractérisaient nôtre combo parigo. Ménage à trois depuis le départ du saxy Dimitri, Indochine a enregistré ce cinquième album au studio Plus Trente ( aux Buttes Chaumont où ont enregistré tant d’artistes fameux à l’instar de MC Solaar et de Jane Birkin, hélas démoli comme la quai totalité des studios parisiens mythiques comme Boulogne ou Davout : NDR)  sous la co-direction de Philippe Eidel, le « cinquième » Indo occulté lors du précédent album. De même, pour se ressourcer, le groupe a renoncé aux délires sophistiqués du sampling pour retrouver la spontanéité de leurs premiers synthés. Au rayon invités, les Indos ont fait le pari de l’éclectisme en mélant l’écossais Silencers Martin Hanlin, Mahmoud Tabrizzi-Zadeh, un iranien de la bande Realworld du Gab ( Peter Gabriel : NDR) et deux musiciennes classiques. Un an durant, Nicola a compilé ses phrases et ses mots sur un petit carnet et ses indo-textes apparaissent aujourd’hui gorgés de références littéraires et cinéphiles. Sur quelques envolées de violons orientaux musclés par une base synthé, « Des Fleurs Pour Salinger » hommage souligné a l’auteur yankee, joue les krypto- réminiscences du « Living On The Ceiling » de Blancmange et du « Don’t You Want Me » de Human League. Projections privées pour « More » et « Punishment Park » – Barbet Shroeder et Peter Watkins – Indo déploie son rock revisité cinéphile pour « More» sur le choc culturel du santour et de séquences synthés qui n’ont rien à envier à Tears For Fears.

IndochineDe même, la quête amoureuse du « Punishment Park » traverse des climats habités par le The The des origines jusqu’au paradis infernal de quelques indo-séquences. Flash-back sur l’après-guerre avec Man Ray et Blaise Cendrar, « Les Années Bazar » joue les synthés allumés à ‘excentricité pour recréer avec verve quelques délires pop et littéraires sur trame de pacifisme exacerbé. Et si « Soudain l’Eté Dernier, Je Suppose » évoque furieusement le « My Sweet Lord » d’Harrison c’est pour relever ce cocktail ciné-littérairement cross-over du roman de Tennessee Williams au « Blue Velvet » de David Lynch en passant par le surréalisme des images de Tati. La malédiction des 7 000 danses semble s’être évaporée, Indo renoue avec le succès d’un rock aquarelle qui glisse sous des textes intelligents. Quand à la voix de Nicola, ceux qu’elle pouvait exaspérer n’ont qu’à ravaler leur fiel car elle ne cesse de progresser. L’Indo-chanteur a su briser la glace imaginaire qui semblait parfois le paralyser pour oser se fondre dans l’harmonie. Et si Indo est sans doute moins ado, « Le Baiser » dans ses convictions n’est en tout cas absolument pas celui d’un Judas.

( À suivre sur Gonzomusic : l’interview de Nicola dans la foulée de ce « 7000 danses » )

 

Publié dans le numéro 260 de BEST daté de mars 1990

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