L’HOMMAGE À OLIVIER LIBAUX PAR JEROME IGNATUS

Objets Olivier + Jérome = les Objets, groupe aussi classieux qu’inclassable qui m’avait tant fait craquer au tournant des 90’s. Après le split de leur duo Jérôme mène sa carrière solo sous son pseudo d’Ignatus tandis qu’Olivier se lance avec tout le succès qu’on connait avec sa formation-concept Nouvelle Vague. Hélas Olivier Libaux nous a brusquement quittés le 29 septembre dernier à seulement 57 ans. Jerome Ignatus rend hommage à son frère d’armes dans Gonzomusic.

ObjetsAu début des 90’s, j’avais déjà craqué sur son duo avec Olivier Libaux baptisé Les Objets, ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/les-objets-lintegrale.html  ) au point de réaliser un long sujet télé pour le défunt – mais néanmoins épatant- magazine Ramdam sur FR3 (désormais France 3) où j’œuvrais à l’époque. À des années-lumière du rock insurgé de Noir Désir, leader à l’époque, et d’à peu près toutes les autres formations hexagonales, les Objets jouaient et gagnaient à leur petit jeu furieusement décalé. Certes, Jérôme et Olivier étaient bien plus proches des Innocents, des Max Valentins ou de Daho, justement, à qui ils avaient fait parvenir leur première maquette et qui leur avait donné un coup de pouce pour démarrer. Du coté résolument British de leurs influences, on pouvait songer à ce Monochrome Set dont ils reprennent « La Jet Set Junta », mais également à XTC, aux Pale Fountains, aux Bluebells et bien entendu à Squeeze. Signés chez CBS par un directeur artistique visionnaire, un certain Frédéric Rebet, on ne peut pas dire que les Objets ont remporté tout le succès escompté. Pas grave, en ce temps béni, quand on aimait, on ne comptait pas. On savait parier sur des Artistes. Et c’est ce qui définissait le mieux tout ce que pouvait être Olivier Lebaux , musicien accompli et talentueux. Hélas ce dernier a été retrouvé sans vie dans son appartement parisien le 29 septembre dernier. Un choc terrible pour tous ceux qui l’aimaient à l’instar de son alter-ego au sein des Objets, Jérome Ignatus.


Objets Par Jerome IGNATUS

Olivier fait partie de ces autodidactes qui ont appris la musique est jouant sur des disques. Il était capable de jouer un air qu’il venait d’entendre pour la première fois et ça m’avait toujours fasciné (voire complexé !).
J’ai d’abord connu son frère Antoine qui jouait dans un groupe de potes d’Hardelot (à côté de Boulogne) avec lequel il m’arrivait de souffler (mal) dans un saxophone. Une partie du groupe s’est retrouvée à Paris pour les études, puis Olivier nous a rejoint et on s’est finalement retrouvé à trois. Antoine est parti faire son service à l’étranger et nous voilà tous les deux avec une guitare, des synthés et une boite à rythme.
Olivier avait commencé des études de lettres, mais il ne se voyait pas faire autre chose que de la musique. Moi, ça me semblait irréaliste. On ne connaissait personne dans le milieu, ce qu’on faisait me semblait trop loin des « standards» usuels, même si le succès d’un Daho ou d’un Murat était encourageant.
On a bossé quelques titres assidument sur un magnéto 4 pistes. On a envoyé des K7 à : JD Beauvalet des Inrocks dont on avait remarqué la passion pour les Smiths et le Monochrome Set (on est en 88/89, c’est la deuxième K7 qu’ils reçoivent…), à Étienne Daho, à Daniel Chenevez de Niagara et à Francis Dordor chez Best à l’époque. JD et Daho nous appellent et nous laissent des messages du genre « super votre K7, je vais en parler à un gars chez Virgin», et Chenevez en parle au DA de Polydor. C’est juste incroyable.

 

Objets RV à Polydor, et surtout on rencontre plusieurs fois Fred Rebet, DA junior aux éditions Virgin. On sent qu’on a vraiment des choses en commun, on écrit des nouveaux morceaux qu’on partage avec lui… Il devient DA junior chez Columbia et nous signe.
Il réussit à convaincre ses supérieurs avec un titre un peu «variète» : «Mes souvenirs». Une fois signé, avec sa complicité, on décide de le mettre au placard et c’est la face B, « La saison des mouches», bien plus originale, qui passe en face A !!! On fait aussi un peu la révolution là-bas en refusant d’avoir nos tronches sur la pochette et en confiant tout notre travail graphique à Christophe Portier, ami d’enfance d’Olivier, inconnu au bataillon. `
Tout ça était juste incroyable.
Et il y a eu toutes ces premières fois : le studio, ton disque entre tes mains, ton disque dans les bacs, l’écoute de « La saison des mouches » chez Lenoir, ton nom dans les Inrocks (revue culte à l’époque), et puis dans plein d’autres journaux, les premiers concerts…
On a vécu ça ensemble. On en rêvait depuis qu’on était gamin et on l’a fait. Alors forcément… Merci Olivier.
Sans ton talent incroyable, sans ta persévérance, je n’aurai jamais pu vivre tout ça. Musicien.



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