BLOWSOM « OK Romance ! »
Blowsom, soit littéralement souffle un peu… mais aussi et sans doute jeu de mot avec blossom… floraison, Blowsom joue et gagne manifestement sur les deux tableaux avec ce concept-album aussi fleuri qu’époustouflant sur le thème d’une relation amoureuse qui s’atomise. Il lui a même donné un prénom : Nancy. Et à la manière d’une Melodie Nelson des années 2000, elle vampe littéralement toutes les plages ensoleillées de cet « OK Romance ! » sur un mode électro funky pop cool évanescent et donc forcément addictif.
Multi instrumentiste et egonaute ( Voir sur Gonzomusic SOLO STUDIOS HEROES Épisode 1 et aussi SOLO STUDIOS HEROES Épisode 2), Arnaud, alias Blowsom, ressemble à un étudiant timide, il invente pourtant une version originale de Tame Impala à la Française. Car Blowsom est aussi à mon sens l’héritier des Air et autres Daft Punk, avec ses harmonies electro-sucrées en irrésistibles bulles de savon. Mais il est également une sorte de Polnareff du second millénaire, manifestement aussi féru de culture British des Beatles à la Brit pop, pour un album vocalisé majoritairement en anglais, avec un filet d’accent frenchie sympa mais pas relou comme hélas bien trop souvent ( Voir sur Gonzomusic BAD BAD ACCENT…ILS OU ELLES CHANTENT EN ANGLAIS ET ON N’Y PIGE QUE DALLE ! et aussi BAD BAD ACCENT 2… THE RETOUR ! ). Bref, Blowsom a tout ce qu’il faut pour convaincre à travers les douze compositions de ce premier projet d’ampleur. Et c’est ainsi que tout démarre avec l’aérienne pop évanescente de « Her & I ». Avec sa voix haute comme Christophe, portée par des vagues de synthés, aux confins antipodes de Tame Impala et de la pop léchée des Pet Shop Boys, c’est un titre cool qui nous arrache littéralement à l’attraction terrestre, une parfaite love-song au feeling cinématographique.
Puis « Hope You’ll Find Out » se révèle funky comme un Bee Gees futuriste à lui seul, façon joyeusement « Stayin’ Alive » au joli groove ensoleillé. Et c’est incontestablement un des hits de l’album. Retour vers le futur de la New Wave, avec son synthé cheap début années 80 façon « Da Da Da » » de Trio, « How Strange » vient ensuite se fondre dans une douce rêverie pop. « I Like You » est une insouciante rengaine sentimentale, aux frontières du crooner à la Robbie Williams, love theme pour un film imaginaire ponctué de dialogues persos, d’extraits de messages de répondeur, et l’on succombe à tout ce romantisme pop. Bien entendu hantée par le personnage central du projet, « Nancy ( The Theme) » démarre sur des synthés bondissant à la OMD ou Jacno, mais la funkitude revient au galop à la fois sucrée, rafraichissante mais aussi enivrante comme un cocktail tropical une nuit d’été. Mais il faudra surtout compter avec un des tubes incontestables de ce projet joyeux et irrésistible, avec « Pictures Of You » funky rétro-futuriste à la manière d’un tube de Jamiroquai.
Avec « San Francisco ( Baby) », c’est un peu comme si Talk Talk et Crowded House percutaient l’univers de Calvin Harris, alliant la force des harmonies à la puissance du beat synthétique. Puis après la délicate romance teen-ager« School Slaps », « Summer 21 » avec ses dialogues en intro, se fond dans un slow aérien nostalgique, au piano classique, forcément mélancolique… et donc tragique. Apothéose « Throw It Away » se révèle puissant comme l’abime que constitue une rupture amoureuse, avec un petit côté 80’s de the Cars pour une émotion qui ne fait que monter crescendo en puissance au fur et à mesure du morceau. Enfin, en guise d’épilogue, le point final « O réponse », cette fois en français dans le texte, est une parfaite pop crépusculaire, sans doute en capacité de battre nos cœurs juste un peu plus vite. Bref bien au-delà de son titre en guise d’hommage appuyé au fameux « OK Computer ! » de Radiohead, Blowsom trace sa voie vers les étoiles avec son « OK Romance ! ». Qui a dit que souffler n’était pas jouer ?