LES AVIONS « Les Avions »
Voici 42 ans dans BEST les Avions parvenaient à faire gravement planer GBD par le pouvoir de la pop acidulée de leur tout premier, LP publié sur le mythique label Underdog des talentueux talent-scouts Lamblin et Zermati. Album précurseur, il faudra attendre cinq longues années pour voir la formation de JP Morgand, Jean Nackache et Jerome Lambert enfin décoller, propulsés par leur entêtante nuit sauvage… mais c’est encore une autre histoire du rock… flashback !
Paris 2024, c’est dans un lounge Air France en attendant… mon avion pour Valencia que j’écris ces lignes et ma foi re-publier ma chronique du tout premier 33 tours des Avions prend ici tout son sens. J’avais découvert le groupe parisien en diffusant leur tout premier single sur l’antenne de Radio Nova où j’officiais alors puisque je collaborais aussi au magazine Actuel de Jean François Bizot. Séduit par la pop classieuse du power-trio parisien, j’ignorais encore que je suivrai la vrombissante carrière des Avions, avant de suivre les aventures solos du chanteur leader Jean Pierre Morgand ( Voir sur Gonzomusic LES AVIONS : NOCTAMBULES SAUVAGES , LES AVIONS EN FANFARE , LES AVIONS « Loin », JP Morgand : comme un Avion avec ailes (elle ?) et aussi JEAN-PIERRE MORGAND « L’homme qui passe après le canard » ) toujours subjugué pas leur pop classieuse.
Publié dans le numéro 173 de BEST
Enfin surgit sur l’écran radar l’écho du prototype des Avions. Ce premier album porte simplement leur nom pour sept titres en escadrille serrée. A l’époque héroïque des radios libres, les Avions écumaient avec leur maquette le ciel de Paris en utilisant ces antennes pour leur propagande. Musicalement, on a beaucoup dit ou écrit que le groupe sonnait comme XTC. Ça n’est pas honteux, d’autant plus que les Avions vrombissent en français. Le groupe rappelle aussi furieusement toute une génération qui va de Maximum Joy à Japan en passant par Rip Rig and Panic. En fait, peu importe les chromosomes communs, les Avions ne sont pas un patchwork de groupes divers mais une entité artistique et autonome. Ce qui est séduisant dans ce groupe, c’est sa sophistication sans artifice : les Avions savent rester naturel sans glisser dans le simpliste.
Cet Avion N°1 compte au moins trois promesses de tubes. D’abord « Planète des Singes » aux guitares exploratrices, une parabole sur le roman de Pierre Boulle tracée dans un ailleurs où la jungle, de toute façon, ne peut être que luxuriante. Dans un style assez proche de Panoramas ou d’Octobre, les Avions jouent à l’omelette norvégienne en jonglant avec le chaud et le froid, le cold et le feeling. Dommage, le texte de chute est un peu trop prévisible. « Un certain paradis » accroche aussi l’oreille : la voix de Jean-Pierre Morgand ( Voir sur Gonzomusic ), aux intonations désabusées, a au moins l’avantage d’être juste et claire. Sur un rythme cold funk, les Avions tracent des lignes colorées dans un ciel gris. La reprise de « Twist and Shout » me rappelle celle de David Lindley en plus sautillant, en plus ska. Elle recèle quelques trouvailles de synthé et de percussions dont les Avions n’ont pas à rougir. Les Avions s’adonnent par ailleurs avec succès à la voltige dans un funk rock léger qui se laisse parfois teinter au reggae. Sur « Des usines et des hommes », le rythme syncopé vibre au tempo du « Mirror in the bathroom » du Beat (anglais). De même « Aquarium » n’est pas insensible au vent qui souffle des Indes Occidentales : l’influence countryman se mélange à un sens du fantastique exacerbe. En traversant des styles hétéroclites, les Avions parviennent à trouver leur vitesse de croisière, ce qui n’est pas toujours évident au stade du premier album. Souhaitons simplement que leur vol continue à se dérouler sans encombre R.A.S. Okay ?
Publié dans le numéro 173 de BEST daté de décembre 1982
