QUAND OMD NOUS MENAIT EN BATEAUX

OMDVoici 42 ans dans BEST GBD retrouvait à Londres le duo prodigieux Paul Humphreys et Andy McCluskey, qui publiait alors son 4ème LP « Dazzleships »,  successeur attendu du studieux « Architecture and Morality », un titre d’album à nouveau inspiré de la littérature. Sacrée bande d’intellos faiseurs de hits, mais néanmoins incroyablement visionnaires car sans doute  les premières pop idols à évoquer les problématiques posées par la génétique. Sans oublier non plus la politique, renvoyant dos à dos les généraux corrompus argentins et une Angleterre colonialiste qui intervenait alors dans la guerre dite des Falklands… d’où le choix de la peinture militaire camouflage de la pochette !

OMD BESTCe n’est certes pas la première fois que je vous bassine avec Orchestral Manœuvres In the Dark, la preuve par tous les articles (re)publiés sur Gonzomusic  ( Voir sur Gonzomusic  ORCHESTRAL MANŒUVRES IN THE DARK : AU CREPUSCULE DE LA NEW WAVEORCHESTRAL MANŒUVRES IN THE DARK À LA CIGALE et aussi  ORCHESTRAL MANŒUVRES IN THE DARK « Bauhaus Staircase » ) mais que voulez-vous j’ai toujours eu un faible pour les duos que cela soit Tears For Fears ( Voir sur Gonzomusic Tears For Fears réveille le 4 Ever Fest ValenciaTears For Fears réveille le 4 Ever Fest ValenciaTEARS FOR FEARS « The Tipping Point »  et aussi TEARS FOR FEARS « Songs For A Nervous Planet »   ), Eurythmics ( Voir sur Gonzomusic EURYTHMICS “We Too Are One”   , ANNIE LENNOX LA FEMME INVISIBLE D’EURYTHMICS et aussi EURYTHMICS « Sweet Dreams Are Made Of This » ) ou même coté Hexagone avec Niagara ( Voir sur Gonzomusic  ). Mais dans mon Panhéon de duos OMD occupait une place à part dans mon cœur. Et cet entretien vieux de plus de quatre décennies avec les natifs de Liverpool le prouve de manière la plus cinglante. Flashback…

 

Publié dans le numéro 176 de BEST sous le titre :

 

MANIPULATIONS ACOUSTIQUESOMD

 

Avant même de découvrir « Dazzleships », le nouvel Orchestral Manœuvres In The Dark aux bureaux de la maison de disque française ( Virgin alors basé rue de Belleville : NDR)  j’avais pu lever une partie du voile grâce à un copain, Jean Michel qui a  ( modestement ) contribué à l’album. «15 heures, 14 minutes, 20 secondes… » en fait,Jean Mi a enregistré notre horloge parlante pour illustrer le nouvel LP d’Orchestral. Autour du monde, d’autres bénévoles se sont livrés au même jeu, à une heure simultanée correspondant à leur propre fuseau horaire : Je trouvai l’idée lumineuse !

 « The Garden », ce restau perché de Kensington estdécoré de milliers de carreaux miroirs dans un décor des années trente. Le Perrier y chante joyeusement ses bulles dans nos verres, histoire ‘d’oublier la grève du Service des Eaux, un conflit qui s’étend à l’ensemble du Royaume-Uni et qui en prive une partie d’eau potable. Santé !

 

« Bon alors chers Paul et Andy, quelle heure est-il à Kuala-Lumpur?

 

Paul Humphreys : Hum… je crois que cela concerne surtout une chanson, « Time Zones » où six horloges parlantes dialoguent autour du monde de manière simultanée. Je sais bien que cela sonne un peu savant-fou, mais c’est aussi très agréable à écouter. En plus, il était important que nous ne les enregistrions pas nous-mêmes, une manière de faire contribuer les autres à notre album. C’est comme si Picasso avait un jour demandé des morceaux de toile à des amis étrangers pour finir par les assembler: ça reste un Picasso, mais ce n’est pas uniquement un Picasso. En fait, nous avons eu quelques problèmes pour coordonner les fuseaux horaires, voilà pourquoi on n’entend que l’horloge française, la japonaise, l’allemande, l’anglaise ainsi que celle de LA et de NY. Le nouvel LP est baptisé « Dazzleships ».

 

Qu’est ce qu’un Dazzieship » ?

 

Andy McCluskey : C’est un bateau de fa dernière guerre, dont la coque est recouverte d’une peinture camouflage spéciale, utilisant la technique du trompe-l’oeil. Avec ce procédé, il faut vraiment avoir le nez dessus pour distinguer le tonnage réel du navire. Le dazzie est un mélange de lignes de couleurs qui te donnent l’impression d’apercevoir plusieurs bateaux plus petits au lieu d’un seul. Lorsque tu t’observes de près tu as l’impression que ça le rend encore plus visible les lignes de peinture sont éblouissantes et de toutes les couleurs.

 

Où avez-vous déniché ces bateaux?

 

AMcC : Peter Saville, qui dessine nos pochettes, a découvert une illustration dans un vieux bouquin de collection et nous l’a suggéré pour un titre de chanson. Mais au fur et à mesure de la progression de l’album apparaissait ce côté puzzie du camouflage des « Dazzieships ».

 

Après « Architecture and Morality »,  cette fois encore vous avez extrait votre titre d’un bouquin.

 

AMcC : On est juste un groupe de fichus intellos… mais on se contente de confectionner des pop songs.

 

OMDSeulement des pop songs ?

 

AMcC : C’est peut-être ce qui fait leur charme : nos chansons sont des distractions, mais si les gens ont envie de se poser quelques questions, ils peuvent trouver une fouie d’explication., Toutefois, quel que soit le sujet traité, je ne crois pas qu’une chanson puisse y changer grand-chose, elle peut tout juste servir de miroir. Si tu veux vraiment changer la face du monde, c’est assez débile de choisir la chanson comme vecteur. Je crois qu’avant tout, il faut donner aux gens t’envie de s’amuser : comment réussir une opération de subversion si l’on est incapable d’attirer d’abord l’attention sur soi. Mais nous n’essayons pas d’être subver-sifs à tout prix, les sujets que nous abordons nous intéressent  donc il est normal qu’ils se reflètent dans notre musique. On a écrit une chanson intitulée « Genetic Engineering » (manipulation génétique), cela ne signifie pds que nous révions de confectionner une race de surhom-mes.

 

Vous ne voulez pas jouer à Dieu ?

 

AMcC :Je déteste cette analogie car elle heurte trop les consciences. Hitler avec ses histoires de race aryenne a tenté d’être Dieu, c’est une attitude qui pue.

 

PH: Il y a tant de côtés positifs à la manipulation génétique ; les bébés peuvent naître avec plus de deux mille maladies héréditaires, on pourrait ainsi les supprimer.

 

AMcC :Nous ne prétendons pas que la manipulation des gênes soit complètement groovy, notre seule chance pour l’avenir est « votez chers citoyens pour le Parti de la Manipulation Génétique ». Tu sais bien que nous laissons toujours une ouverture au dialogue, nous n’émettons jamais d’opinions aussi  tranchées, car on essaie d’être conscient sur les deux cotés de la médaille.

 

Sur l’album vous créditez les marques Sanyo et Texas Instruments quel matériel avez-vous utilisé ?

 

PH : Justement, dans « Genetic Engineering » le refrain est une machine Speak and Speit, un de ces jouets électroniques pour enfants qui offrent à la dictée la dimension de Starwars.

 

AMcC : Nous en avons aussi une en français, mais nous ne l’avons pas utilisée, car cela heurtait l’un de nos principes fondamentaux: tout le monde devrait parler la même langue.

 

Laquelle?OMD

 

AMcC : L’anglais… ou le chinois mandarin car à ma connaissance, elles sont les plus parlées au monde. Si demain quelqu’un décrétait que tout le monde doit parier français, cela ne me gênerait pas de passer toute une année à l’apprendre, rien que pour ie plaisir de briser cette fichus légende de la Tour de Babel. Nous ne cherchons pas à rendre la planète uniforme, mais il faut élimi-ner un maximum de fossés inutiles entre les gens et la langue en est un. L’autre c’est la notion de Nation. Comment légitimer une affaire comme celle des Falklands, autrement que par l’idée de Nation, car sans elle la guerre n’aurait plus aucune base logique, sans elle Thatcher et les généraux argentins apparaitraient sous leurs traits véritables de monstres pathétiques. De toutes façons, la manipulation génétique nous parait plus intéressante que « I love you and you love me/And how happy we me. » Quant à la machine Sanyo, c’est juste une radio à ondes courtes qui nous a permis d’enregistrer Radio Prague et Radio Sofia.

 

PH:  On voulait aussi utiliser une radio suisse, mais iis nous l’ont interdit à cause des références Prague et Sofia, ces crétins helvètes nous ont pris pour des communistes.

 

AMcC : En fait, nous voulions opposer l’Est et l’Ouest par le biais de déclarations sur des événements communs, comme les Faiklands ou l’invasion du Liban, mais nous n’avons pas trouvé le matériel i-dispensable. Voilà pourquoi seul apparaît le côté communiste ; nous l’avons conservé pour le plaisir du son. Peut être devrions nous âtre moins incluigents envers nous mê-mes, parce que nous créons pour les autres. J’espère qu’une fois la surprise passée, les gens finiront par accepter ces chansons et qu’elles deviendront un nouveau genre de pop  songs. Pour moi, on y trouve tous les ingrédients indispensables: l’intérêt, la mélodie et surtout la surprise

 

Vous créez vos standards ?

 

AMcC : C’est ce qui s’est passé auparavant en tous cas. Peut-être que cette fois, cela ne marchera pas mais peu importe, c’est notre idée et nous la défendons. »

 

« Genetic Engineering » a été sélectionné comme premier simple sauf en France où l’on préfère: « Telegraph », car bien plus proche du hit « Joan of Arc ». Mais pour assurer  op of the Pops, leur toute première télé, Paul et Andy ont choisi « ABC » leur pop la plus bizarroïde de l’album, mimant sans sans instruments, il sont présenté la chanson avec des cémaphores5ce qui a eu pour effet de  décontenancer le public du show, mais chers matelots, Paul et Andy ne sont-ils pas les premiers-maîtres de l’effet de surprise ?

 

Publié dans le numéro 176 de BEST daté de mars 1983BEST 176

 

 

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