EURYTHMICS “We Too Are One”
Voici 30 ans dans BEST, GBD analysait le 7éme et avant dernier album d’Eurythmics, un fameux duo rencontré en 81, bien avant la sortie de leur fracassant « Sweet Dreams », puis retrouvés à chaque disque, y compris pour leur ultime CD de 99 « Peace », on peut considérer qu’Annie Lennox et Dave Stewart n’avaient plus aucun secret de fabrication à cacher, à l’instar de ce fracassant « We Too Are One ».
Porté par le cool « King and Queen of America”, l’ardent “Don’t Ask Me Why” et la lumineuse “Angel”, il faut considérer ce “We Too Are One” comme étant de la plus excellente facture, constituant sans doute un des meilleurs albums du fulgurant duo Annie & Dave, pourtant maritalement séparés, mais toujours aussi artistiquement complices. Disque du mois dans le BEST numéro 155, à la demande de Christian Lebrun j’avais aussi retrouvé en entretien le fameux couple British, une interview qui sera re-publiée dès ce week-end, soit DEUX « Flashbacks » sur Gonzomusic pour le prix d’un… what a bargain 🤩
Publié dans le numéro 255 de BEST sous le titre :
MICKEY ET MINNIE
Si ce « WE 2 R 1 » aurait pu faire un titre parfait pour un LP du Kid de Minneapolis, il résume tout autant la furieuse équation d’Annie Lennox et de Dave Stewart. Séparés a la ville, même s’ils se partagent désormais notre Paris, ils n’ont sans doute jamais été aussi proches dans l’intimité du creux du sillon. Ce huitième épisode des sidérantes aventures-canapé pour deux des nouveaux rythmes européens est sans conteste le plus abouti depuis leur « Revenge» de 85. Et, à force de l’écouter, je me demande même s’il ne faut pas remonter jusqu’a « Sweet Dreams Are Made Of This ». En faisant Topcinquantablement rase de toutes les conventions, Annie et Dave osent balancer un album aux multi-tubes potentiels d’une qualité rare qui s’enchainent sans jamais perdre haleine. D’un hémisphère vinylique à l’autre et par ordre d’apparition a l’écran, l’offensive eurythmée attaque par le fulgurant title track « We Too Are One » où les guitares de Dave et les séquences s’électrochoquent avec ferveur. Mais la touche Eurythmics c’est avant tout cette étincelle de l’imaginaire qui met le feu aux poudres. Sur « Sweet Dreams », Dave avait utilisé les râles enregistrés du chef de la pizzeria d’à côté, emballés, pesés, samplés pour jouer les boites à rythmes humaine. Cette fois, c’est le chanteur invité du Gap Band qui se métamorphose en « human harmonica» sauce suprême qui coule sur la soul /rock-food de nos eurythmeurs. Et si Elvis Costello avait osé s’autoproclamer « King Of America », dans un même souci de dérision, tels Mickey et Minnie, le duo ose le stéréotype arsenic d’une Amérique freudement frustrée de racines, prête à se précipiter dans les bras du premier fucking prédicateur venu. Si l’imagination est au pouvoir en eurythmie, le caractère unique de la voix d’Annie, si fragile et pourtant si forte, concentre l’identité du groupe dans l’irréelle dune couleur crépusculaire. Sa tendresse extrême camoufle souvent la rage contenue et elle a parfois la beauté du diable comme sur « Don’t Ask Me Why », titre quasi cornélien sur le thème de la rupture. Quant a « Revival », retour détour marquant vers les conventions rock, sa radieuse efficacité, aura je l’espère, d’ores et déjà, chamboulé ce bon vieux spectre sonore. Enregistré chez nous, aux studios de la Grande Armée, avec la co-complicité de Jimmy Iovine, ce pari à Paris des novo parigos, la môme Annie et le ceum Dave, saura nous faire prendre avec plaisir les vessies eurythmiques pour des lanternes utopiques. CQFD !
Publié dans le numéro 255 de BEST daté d’octobre 1989