NEIL YOUNG AND CRAZY HORSE Colorado
7 ans qu’il n’avait pas convoqué son Crazy Horse, depuis « Americana » et « Psychedelic Pill » de 2012, pour le 39éme épisode de ses aventures, Neil Young tel le missile de croisière a déjà verrouillé sa nouvelle cible : la défense de notre planète face au réchauffement climatique et à ce titre « Colorado » est une arme de conviction massive. Rock on…
C’est le premier Neil Young baptisé du nom d’un État américain, « Colorado » et c’est loin d’être une coïncidence. D’abord Neil Young a décidé de se faire naturaliser et il doit récupérer son premier passeport US avant ses 74 ans le 12 novembre prochain ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/neil-young-naturalise-americain-a-74-balais.html ), mais surtout après avoir épousé Daryl Hannah, le couple s’est installé justement au…Colorado, où notre éternel jeune Neil a trouvé l’inspiration. Et la force de regarder en arrière. Ainsi “Think of Me” est une totale réminiscence de “Buffalo Springfield Again”, un blues bouseux porté par un harmonica chantant et des guitares acoustiques sur la voix inimitable de Neil Young. Nils Lofgren, qui avait joué pour la première fois dans Crazy Horse en 1970 et qui a collaboré épisodiquement avec Young les années où il n’était pas occupé avec le E Street Band de Bruce Springsteen. Cette fois justement, Lofgren remplace le guitariste Frank « Poncho » Sampedro, qui s’est retiré chez lui à Hawaï, selon Young. Et c’est donc porté par les guitares rageuses de Neil et de Nils, en implacable duel guitaristique, que le changement climatique s’impose en tant que thème central dans cette interminable jam-session électrisée par les distorsions ( 13’38’’ tout de même) de « She Showed Me Love ». Neil y avoue son amour de notre planète, scandant inlassablement « she showed me love ( elle m’a prouvé son son amour) et chantant, « Vous pourriez dire que je suis un vieux Blanc/Vous pourriez dire ça (…) Maisj’ai vu de vieux Blancs essayer de tuer Mère Nature ». La suivante, « Olden Days » est une, mélancolique et tendre balade où notre Loner favori vocalise de sa voix la plus haute, et donc la plus touchante, en évoquant ses amis perdus de vue ou carrément disparus.
Avec « Help Me Loose My Mind”, les guitares frappent de taille et d’estoc, un peu à la « Cowgirl in the Sand » phrasé parlé-chanté entêtant et puissant. Délicate et mélancolique composition chair de poule, comme une dédicace à nos idéaux perdus, « Green Is Blue », voix en avant, piano et superbe texte écolo, est sans doute LA plus belle de l’album : « Nous avons entendu les avertissements/ Nous les avons ignorés/ Nous avons vu le climat changer/ Nous avons vu les incendies et les inondations.( …) Nous avons vu les espèces mourir/ Nous avons vu le corail blanchir/ Nous avons vu les océans s’élever… ». Plus torturé, mais toujours en alerte militante, dans l’énervée « Shut It Down, il s’attaque aux nombreuses façons dont il pense que les USA ont dévié de leur cap, son remède étant de « tout arrêter » et de tout recommencer, comme un véritable re-set..pas loin de ce que préconise Greta Thunberg !
Classique Crazy Horse sur sa guitare distortionnée à la « Revolution Blues» et éternelle complainte de Neil avec « Milky Way », 6 minutes d’un rock aussi intense qu’implacable. Ma seconde favorite c’est « Eternity », aux échos de « Till the Morning Comes” un petit bijou comme on les aime, une chanson toute simple de même pas trois minutes et qui fait le job de faire battre nos cœurs juste un peu plus vite. « Rainbow of Colors » est offensive et désabusée, un peu comme « Living With War,” tandis qu’ « I Do », qui conclue l’album dans le cri d’une guitare saturée, est une jolie poésie quasi a capella, dédiée aux miracles de la nature, Neil Young poursuivantt sa quéte environnementale en chantant: « Montrez-moi ce jardin / Au soleil que vous avez vu / Laissez-moi voir les fleurs / Et les abeilles avant qu’elles ne tombent. » En résumé, on n’est certes pas au nirvana stratosphérique d’un « Harvest » , d’un « Rust Never Sleeps »ou d’un « American Stars n’ Bars » mais cela reste d’un excellent niveau sachant que même si Neil reprenait « Vollare » on s’envolerait avec lui 😍