ORCHESTRAL MANŒUVRES IN THE DARK « Bauhaus Staircase »

OMDAprès leur triomphal concert de la Cigale la semaine dernière, coup de projecteur sur le fracassant et nouveau 14éme album-studio d’Orchestral Manœuvres in the Dark, ce « Bauhaus Staircase, qui sous sa pochette aux reminiscences de leur « Architecture And Morality »,  marque le grand retour discographique du duo de Liverpool, après sept longues années de silence. Et s’il faut en croire JCM qui nous promet dixit : « une cathédrale sonore synthpop sur grand écran », avec ce nouveau disque qui semble devoir balancer une sacrée bordée de hits, les amis Paul Humphreys et Andy McCluskey ne devraient pas manquer de décrocher le jackpot sonique. Et c’est tant mieux.

OMDPar Jean-Christophe MARY

On désespérait de réentendre un jour le duo de Liverpool, Andy McCluskey et Paul Humphreys, membres fondateurs d’Orchestral Manœuvres in the Dark  ( Voir sur Gonzomusic  OMD : UN ÉTÉ STUDIEUX EN STUDIOMA PREMIÈRE ITW AVEC OMD , MA PREMIÈRE ITW AVEC OMD Épisode 2 et aussi  ORCHESTRAL MANŒUVRES IN THE DARK À LA CIGALE  ), sorciers du son et empereurs de la synthpop 80’s qui, mis à part quelques excursions live, avaient disparus de la circulation en 2017. C’est donc avec un plaisir extrême que l’on apprend leur retour. Retour d’autant plus satisfaisant que le bien nommé « Bauhaus Staircase » reprend l’histoire là où il l’avait laissé voici sept ans, autrement dit juste après le fabuleux « The Punishment of Luxury ».

OMDEn quarante-trois ans, Orchestral Manœuvres in the Dark a créé une œuvre pop vaste ambitieuse avec large éventail styles à base d’electro, de pop rock, post-punk, dance-rock et autres courants new wave. Au milieu des 90’s, ils sont devenus des figures incontournables du grand public, tout en restant fidèle aux aficionados de la scène underground. Depuis les débuts en 1979, le duo a sorti une série d’albums salués par la critique, dont les célèbres « Orchestral Manœuvres in the Dark » et « Organisation » (1980), « Architecture & Morality » (1981) suivi de « Junk Culture » (1984) et « Crush » (1985) autant plébiscités par les fans que par la presse rock. Le duo qui s’était dissout en 1989 ( laissant Andy McCluskey seul aux commandes un peu plus de 15 ans !) s’était reformé en 2006 pour revenir avec le brillant «History of Modern » (2010) puis « The Punishment of Luxury »(2017). En publiant aujourd’hui leur 14e album studio, le duo persiste et signe dans une voie, toujours aussi charnelle qu’organique. La preuve par « Bauhaus Staircase » et sa nouvelle collection de chansons où les synthés analogiques et machines robotiques délivrent toute leur humanité. Dès le morceau d’ouverture « Bauhaus Staircase » -qui donne son nom à l’album- la patte sonore d’OMD transparaît de manière évidente avec cette structure architecturale en forme de boucle cyclique au groove haletant. Le duo construit, innove et dessine les lignes d’une synthpop mélodique dont ils ont seul le secret, une pop synthétique qui renvoie avec nostalgie à une époque révolue, celle des 80’s. « Anthropocene » enfonce le clou avec ses basses dansantes, ses claviers bondissants, un titre qui fera assurément la joie des playlists Spotify, Deezer.

OMDOn retrouve ici le côté expérimental des débuts, cet échafaudage sonore influencé par Kraftwerk avec ce rythme qui martèle, porté par une voix de synthèse vocale qui entonne des statistiques sur l’expansion rapide de la population terrestre. Balade dansante et accrocheuse « Look at You Now » et son refrain à l’envolée triomphante portée par un synthé majestueux, est un attrape cœur qui vous pénètre le cerveau pour ne plus y ressortir. Dans cette immense cathédrale sonore, « GEM » est une messe païenne où toutes les divinités electro des 80’s, de Kraftwerk à Gary Numan, The Human League en passant par Ultravox et ABC seraient invités à s’unir. « Where We Started » est une balade hypnotique lumineuse qui nous rappelle le côté innovant que le duo créait dans les 80’s. Sublimé par la voix de McCluskey, « Veruschka »est une balade intemporelle qui nous berce doucement de son ambiance hypnotique, nous ouvre la porte de rêves merveilleux et aquatiques, une sorte de plongée sous-marine, avec ces notes de synthés cristallines, ces sonorités légères qui sont autant de petites bulles d’air qui voguent au gré de l’instant. Sorte de pop glam synthétique joyeuse et brutale, « Slow Train » nous tire de notre rêve pour nous happer avec cette basse rugueuse et ces voix chuchotées dans l’esprit de Marc Bolan (T. Rex). Un titre d’une belle puissance qui devrait lui aussi faire des ravages sur les dancefloors. Le pétillant pop disco « Don’t Go » aux faux airs de ABBA renvoie aux 90’s, époque durant laquelle le groupe avait orienté son univers vers une pop beaucoup plus dansante. Dans le percutant « Kleptocratie » (qui aurait être écrit par Alphaville !) OMD pointe la corruption aux États-Unis et en Russie. Tout au long l’album, les deux compères conjuguent leurs multiples influences 80’s dans cette bande son à l’atmosphère unique où viennent se greffer basses electro, pulsations électro saccadées et autres sons surprenants. Mais leur musique est surtout construite avec intelligence et prend le parti du son aux couleurs du plaisir. Derrière l’apparente coolitude, il y a de l’ordre et de la rigueur, derrière les algorithmes, une présence charnelle. Basses monumentales, arrangements luxuriants et voix alléchantes, la musique d’Orchestral Manoeuvres in the Dark demeure une infernale machine à danser. Et nous, on est ravi.

 

 

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