L’ADIEU À FRANK DARCEL À L’UBU

C’était hier soir à la petite salle Ubu à Rennes, nichée entre le style résolument rétro-ORTF du bâtiment de France télé locale et celui plus délicatement 70’s du Théâtre National de Bretagne, tous ses amis musiciens, sous l’impulsion de Christian Dargelos qui a su fédérer tout le monde, d’Alan Stivell à Étienne Daho en passant par Mona Soyoc, Pascal Obispo, Arnold Turboust, Denis Bortek, Simon Mahieu, Daniel Pabœuf, Pierre Thomas, Eric Morinière, Niko Boyer, Xavier « Tox » Geronimi ( et que ceux que j’oublie me pardonnent) ,  réunis pour rendre un vibrant et digne hommage à Frank Darcel, disparu en mars dernier. Et la set-list du show était à son image, suivant le cheminement spatio- temporel de sa tumultueuse carrière, d’abord Marquis de Sade, puis Octobre et Senso, avant d’enchainer la dernière formule de Marquis. Un bien bel adieu en 23 rocks à travers le temps, Frank !

Simon et Mona by Yann Cusin-Verraz

Simon et Mona by Yann Cusin-Verraz

La dernière fois que j’avais dû voir un concert dans cette salle Ubu de Rennes c’était en 1991, à une heure du matin, excusez du peu, pour le tout premier show hexagonal de Lenny Kravitz. C’était cela, toute la magie des Transmusicales de Jean Louis Brossard, avec leur regard visionnaire, d’oser les Smiths, Nirvana, Mano Negra ou Rachid Taha avant tout le monde. Et aussi parier sur cette bouillonnante scène rock française émergente locale, dans la foulée de Marquis de Sade ( Voir sur Gonzomusic  https://gonzomusic.fr/?s=Marquis+de+Sade) des Daho ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=daho ), Niagara ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Niagara )  mais aussi Kalashnikov  ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=dominic+sonic ), Ubik ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=ubik ), les Nus ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=les+nus ), Daniel Paboeuf ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Daniel+Paboeuf ) … C’est dire si le rôle- charnière de Frank Darcel ( Voir sur Gonzomusic LA SAGA FRANK DARCEL ÉPISODE 1LA SAGA FRANK DARCEL Épisode 2LA SAGA FRANK DARCEL Épisode 3 et aussi LA SAGA FRANK DARCEL Épisode 4 ) s’est révélé crucial.

Etienne SimonRevenir dans ce lieu, après toutes ces années était particulièrement chargé d’émotions.  Et c’est Alan Stivell qui ouvre le bal, entonnant le « Bro Gozh Ma Zadou », l’hymne Breton. Il faut se souvenir que Frank était particulièrement fier de ses racines. J’avais moi-même contribué aux deux volumes de « Rok », son Encyclopédie en deux volumes du rock breton. Frank Darcel s’était aussi personnellement engagé, menant une liste sur la défense de sa culture. Mais c’est le puissant titre historique de Marquis de Sade « Henry » que démarre vraiment le concert, enchainant les chansons du premier LP « Dantzig Twist », « Set in Motion Memories », « Who Said Why », sans oublier l’iconique et sombre « Conrad Veidt ». Puis ce « Best of » MDS se poursuit avec les compositions de « Rue de Siam » dont les iconiques « Wanda’s Loving Boy » et « Brouillard définitif ».

Vocalement Simon Mahieu et Pascal Obispo tiennent la barre, mais c’est incontestablement la volcanique et généreuse Mona Soyoc qui fait le show. Ensuite Obispo vocalise le titre d’Octobre ( Voir sur Gonzomusic OCTOBRE « Next Year in Asia » ) « Acteurs », puis un petit coup de Senso avec « L’ocean ne sera pas la fin », toujours avec Obispo, avant le superbe instant de bravoure de Denis « Jad Wio » Bortek, reprenant seul à la guitare acoustique le lumineux « L’heure la plus silencieuse », petit bijou trop méconnu extrait de « Atao » le premier, unique et confidentiel album solo de Frank de 1996. Après la parenthèse lecture de textes de Frank, qui était aussi un auteur aussi passionnant que doué ( Voir sur Gonzomusic L’ARMÉE DES HOMMES LIBRES  ), le seconde partie du concert enchaine les rock de Marquis.

Denis Bortek by Yann Cusin-Verraz

Denis Bortek by Yann Cusin-Verraz

Sans grande surprise, c’est Christian Dargelos qui chante avec une rare puissance l’ardent « Holodomor », extrait du CD « Aurora » de Marquis en 2021.  Une troisième partie du show nous rappelle combien Frank vénérait le rock de l’Amérique en général et celui de la cote est en particulier. C’est ainsi que coup sur coup retentissent le « Ocean » de Lou Reed puis l’hallucinant « White Light/ White Heat » du Velvet et enfin le frénétique « Psycho Killer » des Talking Heads, rappelant à ceux qui auraient pu l’oublier que le groupe de David Byrne tout comme les jeunes gens modernes de Marquis de Sade s’affichaient en couve d’Actuel … où je signais des reportages en simultanée avec BEST. Petite nostalgie… enfin, ce vibrant hommage s’achève sur « Le grand sommeil » que Frank avait produit, comme bon nombre de chansons de Daho à l’époque. Et Etienne monte sur la scène pour une version de ce petit joyau de 1982 extrait de « La notte, la notte ». Comme pour prendre tout le temps de dire adieu à Frank, mais aussi merci, la version est ralentie, encore plus délicate que l’originale. Enfin, tous les musiciens se retrouvent pour saluer un public qui va s’attarder au bar tant il ne semble pas accepter de voir la nuit s’arrêter. Tout le monde était ému par une aussi belle soirée pour une émotion largement partagée, notre manière de remercier Frank Darcel pour tout ce qu’il nous a donné.

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