IGNATUS « Dans les virages »

Ignatus by Marie Monteiro

Ignatus by Marie Monteiro

Ex-Objet d’intense convoitise devenu solo, (Jérome) Ignatus nous revient enfin huit ans après son inventif et addictif « e-pok », reprenant sa belle aventure sonique là où il l’avait laissée, avec ce tout nouveau « Dans les virages » riche de cette sensibilité à fleur de peau, ce sens inné de la mélodie et de la poésie dont il a toujours su faire preuve dans son exercice si particulier d’une pop music à la Française. Généralement, « Dans les virages » moi perso j’aurais plutôt envie de gerber, lorsque ces virages-là, à des années-lumière de toute nausée, savent nous transporter en si belle ivresse de toute leur sinuosité jusqu’à l’extase. Et c’est bien là tout le paradoxe d’Ignatus.

IgnatusQuatre années après la triste disparition d’Olivier Libaux, son alter-ego au sein du duo pop-chic hexagonal si inventif Les Objets, presque huit après la sortie de son dernier CD Ignatus ( Voir sur Gonzomusic IGNATUS EST LOIN D’ETRE UN HIBERNATUSLES OBJETS : « L’intégrale »LA BELLE [E.POK] D’IGNATUS et aussi  L’HOMMAGE À OLIVIER LIBAUX PAR JEROME IGNATUS  ) nous propose de faire un bout de chemin avec lui sur ce 7ème album ; soit douze jolies chansons rapides, ciselées avec amour ,qui laissent en fin d’écoute la sensation que le temps s’est décidément beaucoup trop vite écoulé. Parlé-chanté, rap apocryphe, poésie scandée, rythmes déstabilisants, sons taillés à la serpe, minimalisme généreux… les mots s’électrochoquent lorsqu’on s’escrime à définir le style Ignatus. Car tout commence par le surprenant « Château mou » aux percus métaliques, qui me rappellent la prod du « Swordfishtrombone » de Tom Waits ou du « 99.9 F » de Suzanne Vega produits par Mitchell Froom… Puis avec « Et toi » scandé martelé Ignatus retrouve le chemin de son sidérant « Un travail » que je qualifiais alors de « puissant comme un « Metropolis » de Fritz Lang ». Avec « L’ombre » l’artiste parvient à me toucher droit au plexus solaire. C’est pourtant une petite chansonnette piano-voix, mais dont la simplicité, la spontanéité, la douceur mais aussi l’imaginaire puissant libre et impétueux se révèle comme une puissante source d’inspiration. Sans doute totale mélancolique mais incontestablement ma composition favorite de « Dans les virages », elle me rappelle Bashung, Gainsbourg ou Daniel Darc et tant de héros du rock français aujourd’hui disparus. Avec « Je sais », on retrouve la verve entêtante de son « Detroit de Bering » sur fond de percus innovantes. Puis avec « Souffle », sorte de bossa fantomatique et éthérée, pulsée sur ses beat syncopés incarne parfaitement sur ces vibes naturelles qu’affectionne tant Ignatus. On parlait d’ivresse, elle ne saurait tarder avec la bien nommée « Un verre de vin » évoquant là aussi son fameux « Un travail » avant de se laisser porter par la vague délicate du narratif parlé de la comédienne Isabelle Nanty sur piano dépouillé sur « Les mots » troublante et déchirante prière profane, la plage la plus longue de ce disque. Simplicité toujours avec la surprenante « Elle tricotait ». Mais il faut attendre « Sous un ciel » pour laisser Ignatus à nouveau défier l’attraction terrestre avec cette fusion World-Music du troisième type, sans nul doute un des titres majeurs du projet. Enfin tout s’achève piano voix parlée nostalgique et sombre avec la délicate « Peut être lui », preuve que « Dans les virages » et sa solide équipe de musiciens chevronnés  n’a pas fini de nous faire chavirer.

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