LA BELLE [E.POK] D’IGNATUS
[e.pok] c’est le nom du groupe. Mais c’est aussi le titre de l’album « Ignatus présente [e.pok] »…et c’est également celui d’une des chansons sur nouveau CD, intitulée « Epok ». Pourquoi faire simple…quand on peut faire simple ? Après moult aventures au pays de la musique, Jérome Rousseaux, dit Ignatus, s’est lancé cœur et âme dans ce projet [e.pok] si différent de tout ce qu’il a entrepris auparavant, où presque tous les sens sont sollicités…pour une œuvre à 360° qui voit collaborer de concert un plasticien/vidéaste, un électro-acousticien, un guitariste et un poète. Ce petit bijou aux confins du rock, de la chanson et du jazz qui porte bien haut l’imagination au pouvoir sort ce jour, le 8 septembre 2017.
C’est vrai, contrairement à tant de ses confrères qui cultivent l’art du poil dans la main, GBD n’a pas l’habitude de recopier les bios de maisons de disques…mais une fois n’est pas coutume, n’est ce pas ? Surtout lorsque c’est ce même GBD qui signe la « bio officielle » du groupe, comme c’est justement le cas avec ce bien bel album « Ignatus présente [e.pok] »…Après avoir mené de longues interviews avec les membres d’[e.pok] et fort de cette longue expérience, non seulement avec les Objets (voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/les-objets-lintegrale.html ), mais également avec l‘ami Ignatus en solo (voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/ignatus-est-loin-detre-un-hibernatus.html ), voici tout le bien que je pense de cette « belle « Epok »….cette formation où les shows sont bien plus que des shows, mais des performances, au sens warholien du terme, pour une expérience musicale unique et intégrale qui ne ressemble à aucune autre.
JEROME IGNATUS
À l’aube des années 90, Ignatus émerge comme chanteur- auteur du groupe Les Objets. Avec son complice Olivier Libaux, ils enregistrent les deux CD de ce fameux duo parisien « La normalité » (1991) et « Qui est qui ? » (1994), qui mêlent de manière particulièrement inventive pop anglaise et chanson française. Après la séparation, Libaux enregistrera trois projets solos avant de se lancer avec le succès que l’on connait dans l’aventure Nouvelle Vague. De son côté, Jérôme crée son personnage d’Ignatus, aussi décalé et inventif qu’un professeur Tournesol en version rock. Signé au tournant des années 2000, sur Atmosphériques, le label indépendant qui a révélé Louise Attaque, Ignatus va publier quatre albums qui portent fièrement l’imagination au pouvoir. On y retrouve des collaborateurs comme d’Albin de la Simone, Yann Péchin (guitariste d’Alain Bashung) ou encore Mark Eitzel.
Souvent orfèvrées à la maison, ces élégantes compositions mêlent d’une manière très personnelle la chanson et la musique électronique. On voit alors notre Jérôme inventer des spectacles inédits où « sous la contrainte », comme il le qualifiait si bien, il doit à chaque fois se réinventer, en interprétant ses compositions de manière aussi délirante que furieusement alternative, jouant par exemple ses titres à l’envers ou adaptant à une chanson les paroles d’une autre chanson…avec à chaque fois une approche visuelle de la scène, en utilisant par exemple des rétro-projecteurs ou en créant des instruments… Pourquoi faire simple…quand on peut faire compliqué ? En 2012, avec les frères Makouaya, Jérôme va créer une fusion neuve, qui mélange la chanson française à la musique traditionnelle du Congo. Ils donneront ensemble plus de 100 concerts aux quatre coins de l’hexagone.
IGNATUS PRÉSENTE E.POK : LE PROJET
Et c’est donc courant 2015 que va naitre ce projet protéiforme baptisé [e.pok], lorsqu’on propose à Jérôme de donner un concert dans l’Abbaye de Noirlac, près de Bourges, il alors l’idée d’adapter un spectacle à ce lieu iconoclaste et d’en faire un show à 360°, qui mêle sensations sonores et sensations visuelles. Durant deux ans, Jérome Ignatus va faire évoluer les sons et les intervenants de cet [e.pok]. Ainsi, se constitue une véritable équipe composée de : Nicolas Losson électroacoustique, Hervé Le Dorlot guitares, Jérôme Clermont images et de Jérôme Ignatus voix.
« Je voulais cette fois travailler avec d’autres, car sur les albums d’Ignatus je suis un peu solitaire », explique le chanteur, « Je savais que collaborer avec ces trois gars me pousserait à être plus exigeant sur la voix, sur l’interprétation, sur le choix des textes. Comme cela faisait longtemps que je n’avais pas fait de disque, j’avais pas mal de chansons, ils ont sélectionné celles qui les inspiraient le plus et on en a écrit d’autres ensemble »
L’arrivée de Nicolas l’électro- acousticien au sein d’ [e.pok] est avant tout un choix artistique : « Au départ, bien sûr il y a un pari intellectuel : est-ce que ces sons-là peuvent se marier à des chansons ? » poursuit Jérôme « Ce sont deux extrêmes. La chanson est basée sur la mélodie, la rime, le texte, et la musique électroacoustique n’a aucune mélodie, aucun rythme, aucun texte. La question était également de savoir s’il pouvait aussi proposer des sons. Nicolas a pu amener des « instrumentaux » qui ont emmené le projet encore plus loin »
Et pour donner une dimension supplémentaire intégrale à [e.pok], Jérôme Clermont, le plasticien projette en direct ses images poétiques et détournées qui ne peuvent laisser quiconque indifférent. « On a mis deux ans et une quinzaine de concerts avant de trouver notre équilibre. En fait, l’image nous a aidés à trouver le son. Quant à la musique électronique, elle a cette faculté d’évocation avec ces sons qui nous traversent. Et Hervé avec sa guitare incarne le ciment qui crée le lien entre ces divers éléments. Quand le public a commencé à nous dire « pendant une heure, on est ailleurs », on a compris qu’on allait dans la bonne direction. Deux ans après le début de l’aventure, c’est seulement là que nous avons enregistré l’album. »
GAINSBOURGIENNE EN DIABLE
À côté de cet aspect «performance» des concerts d’ [e.pok], l’autre atout principal de cette nouvelle aventure, c’est la solidité de ces 9 compositions aériennes où tout ce qui pourrait être superflu a été élagué pour ne préserver que l’essentiel : l’émotion à l’état brut. Prenez la chanson-titre « Epok » qui ouvre l’album, par le jeu de la musicalité de ses mots, elle évoque un Bobby Lapointe en version futuriste, une chanson aussi cool que frénétique- acoustique, qui constitue l’un des atouts incontestables de l’album. Voix piano et séquences aériennes, « Corps et biens », trace une trame de liberté, une montée en puissance à la David Gilmour qui déborde d’oxygène. Avec « Dans la barbe de Dieu » la voix en avant et une guitare légère s’affrontent dans un combat singulier qui évoque la puissance alternative des Talking Heads. Sans doute l’une des compositions les plus émotionnelles d’E.pok , la superbe « Detroit de Bering » nous offre son intimiste utopie amoureuse de désert blanc de glace et de frimas.. Étrange « Florida » ou décalée « Lire le matin », [e.pok] ne fait décidément aucune concession et cela fait tout son charme. Gainsbourgienne en diable, période « L’homme à la tête de chou », avec un zeste de Brian Eno et David Byrne, « Oiseau » fascine et subjugue de ses séquences syncopées. Enfin pour achever de définitivement nous alpaguer, cet E.Pok peut compter sur l’extraordinaire « Un travail », entêtante en diable, quasi électro et si cruciale dans notre temps de disette économique. « Un travail » c’est puissant comme un « Metropolis » de Fritz Lang pour les oreilles et en version 21éme siècle. Vous l’aurez compris [e.pok] se confond dans son …époque et le contraire eut été un comble.
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