IRON MAIDEN À LA DEFENSE ARENA
50 ans de tonitruance intense, célébrés à travers un show monumental, tel est le pari gagné des heavy metalos de Londres, ce 20 juillet dernier à La Défense Arena. En effet, un demi-siècle après leurs assourdissants débuts dans les clubs de la capitale British, Iron Maiden prouve qu’il est toujours l’un des géants de ce rock-là. Devant une foule électrisée, le sextet britannique a livré un concert magistral, mêlant virtuosité musicale et scénographie spectaculaire… qui ont envoyé direct le pauvre JCM consulter son otorhino de toute urgence. A cette heure on est encore sans nouvelles de ses tympans… reportés AWOL, soit absents sans autorisation officielle mais sans intention de déserter !

Iron Maiden by JOHN McMURTRIE
Par Jean-Christophe MARY
Alors que les notes de « Doctor Doctor » de UFO claquent dans les enceintes la salle est enfin plongée dans l’obscurité. Quelques secondes plus tard, « Murders in the Rue Morgue » éclate comme une décharge d’adrénaline. Bruce Dickinson, blouson noir et jean bleu délavé surgit sur scène et harangue le public d’un vibrant « Bonsoir Paris ! Ce soir, nous fêtons les 50 ans du groupe ! ». Et « Murders in the Rue Morgue » foudroie l’Arena. Les light shows lacèrent la salle, Steve Harris martèle sa basse comme un damné, les trois guitares tissent une toile d’acier. La machine Maiden est lancée.
Durant les deux heures de show, le chanteur britannique qui fêtera ses 66 ans le 07 août prochain, aura fait preuve d’une énergie sidérante : il court, saute, grimpe sur les décors, masque d’Inca sur le visage ou drapé dans un filet de pêche comme un héros de tragédie grecque. Sa voix reste d’une puissance rare, capable de soutenir des notes stratosphériques, notamment sur « Hallowed Be Thy Name ». « Scream for me, Paris ! » hurle-t-il encore et encore. Chaque fois, la clameur monte d’intensité et devient plus sauvage.
Les images vidéo et la scénographie, d’une richesse hallucinante, transforment Paris La Défense Arena en une fresque vivante. Au fil du show, une pyramide inca laisse place à une pyramide égyptienne, tandis qu’un galion du XVIIIe siècle fend la glace de l’Antarctique lors d’un Rime of the Ancient Mariner à couper le souffle. La mascotte Eddie, icône immortelle du groupe, se décline ce soir sous diverses formes : un vieux sage indien coiffé de plumes, un monstre marin dévorant un navire, ou encore un soldat brandissant l’Union Jack sur « The Trooper ». Chaque apparition déclenche l’enthousiasme d’un public déjà conquis. Le trio de guitaristes – Adrian Smith, Janick Gers et Dave Murray – impressionne par sa complémentarité. Smith cisèle des solos mélodiques et acérés, Gers virevolte sur scène, sa guitare exécutant des moulinets audacieux comme un sabre. Mais c’est Dave Murray qui nous hypnotise le plus, brille par son toucher aérien et sa fluidité époustouflante. Sur « Phantom of the Opera », il enchaîne des phrases complexes avec une aisance déconcertante. Incontestablement, ses soli sur « The Clairvoyant » ou « Wasted Years » confirment sa place parmi les plus grands. À la basse, Steve Harris, le fondateur et principal compositeur, donne le ton avec son jeu galopant et précis, notamment sur « Wrathchild » et « Killers ». Grimaçant d’effort, arque-bouté sur sa basse, il tient la ligne comme un roc. Derrière les fûts, le nouveau venu Simon Dawson (British Lion) assure avec une puissance et une régularité.
La setlist, pensée comme une rétrospective des 80’s, enchaîne les classiques : « The Number of the Beast », « Powerslave », « 2 Minutes to Midnight », « Run to the Hills ». Le public, de la fosse aux gradins, reprend chaque refrain en chœur. Les hymnes s’enchaînent sans temps mort. Sur « 2 Minutes to Midnight », Dickinson arpente la scène comme un guerrier, un prophète, un possédé. Le public répond, chaque refrain est un cri collectif qui fait vibrer la charpente métallique de l’Arena. Rime of the Ancient Mariner est un sommet : Bruce mime un marin, se moque du public en buvant à une gourde – « De la Seine ! » rigole-t-il. À l’écran, un galion spectral traverse la glace, les flammes jaillissent, la toile musicale devient tempête et fait vibrer la charpente métallique de l’Arena.
Le rappel débute par la célèbre allocution de Churchill : « We shall fight on the beaches… ». « Aces High » explose dans une tempête de guitares. « Fear of the Dark » transforme l’Arena en cathédrale païenne où 40 000 voix scandent à l’unisson. Sur « The Trooper », Bruce brandit l’Union Jack tandis qu’Eddie déambule sur scène, mi-effrayant, mi-burlesque. Le final « Wasted Years » est une ode à la fidélité : celle du groupe envers son public et celle de ce public, qui a grandi avec Iron Maiden. La salle se rallume sur la chanson emblématique « Always Look on the Bright Side of Life » des Monty Python. Le clin d’œil amuse, mais rappelle surtout qu’Iron Maiden, derrière la puissance, sait se jouer de son image. À La Défense Arena, Iron Maiden a démontré que le temps n’a pas entamé sa capacité à émerveiller. Ce show, réglé au millimètre, confirme que la légende britannique est plus vivante que jamais. Un demi-siècle après leurs débuts, les musiciens tiennent toujours le heavy metal à bout de bras – et à Paris La Défense le public a applaudi à tout rompre.
Un grand merci à Bathilde Lorenzetti et à ses équipes pour l’accueil.
Hello et encore bravo au fringant Lauret de Cerner de la part de GBD
Set-list :
Murders in the Rue Morgue
Wrathchild
Killers
Phantom of the Opera
The Number of the Beast
The Clairvoyant
Powerslave
2 Minutes to Midnight
Rime of the Ancient Mariner
Run to the Hills
Seventh Son of a Seventh Son
The Trooper
Hallowed Be Thy Name
Iron Maiden
Rappel :
Churchill’s Speech
Aces High
Fear of the Dark
Wasted Years