SAX PUSTULS « L’avis des animaux » ANCHES DOO TOO COOL « Sacrée musique »
Voici 42 ans dans BEST, GBD s’entêtait à juste titre à documenter les multiples formations rock rennaises dans la galaxie de Marquis de Sade, avec ces deux aventures sonic et gravement saxées de Philippe Herpin, dit Pinpin, et de Daniel Pabœuf, les deux cuivres dorés qui accompagnaient alors le groupe mythique de Philippe Pascal et de Frank Darcel. Sax Pustuls et Anches Doo Too Cool résonnent encore après toutes ces années écoulées, mais l’on ne peut forcément s’empêcher de songer à tous les héros de cette scène rock de Rennes qui étaient encore parmi nous dans ces vibrantes années 80.
À chaque instant émergeait un nouveau groupe rennais ! Ils poussaient comme les champignons après la pluie, mais toujours pour notre plus grand plaisir. J’écrivais alors, et à juste titre, dans BEST que Rennes était la capitale du rock ( Voir sur Gonzomusic RENNES CAPITALE DU ROCK FRANÇAIS et aussi RENNES CAPITALE DU ROCK FRANÇAIS Épisode 2 ), lorsqu’Actuel mettait les rockers du grand ouest en couve avec leurs mamans respectives. MDS ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=marquis+de+sade ), bien sûr, mais aussi Daho ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=daho), les Nus ( Voir sur Gonzomusic LES NUS et aussi LES NUS « Enfer et Paradis ») , Private Jokes, les Espions, Kalashnikov, et Dominic Sonic ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Dominic+Sonic ) , Niagara ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=niagara ). Hélas quatre décennies plus tard, le constat se révèle dramatiquement mortifère et tour à tour ont définitivement tiré leur révérence l’immense guitariste fondateur de MDS puis des Nus, Frédéric Renaud, Philippe Tuffigo qui documentait si bien cette scène rock pour FR3, Philippe Pascal, ( Voir sur Gonzomusic PHILIPPE PASCAL AU PARADIZE et aussi ADIEU MARC SEBERG ) Dominic Sonic ( Voir sur Gonzomusic SO LONG MY SONIC BOY ) et enfin récemment hélas Frank Darcel ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Frank+Darcel ). Fort heureusement à la fois Philippe de Lacroix Herpin et Daniel Pabœuf ( Voir sur Gonzomusic DANIEL PABOEUF UNITY : « Ce qu’il en reste » et aussi DANIEL PABŒUF « Ashes ? » ) sont toujours alive and kicking parmi nous et bien entendu je leur dédie ce Flashback…
Publié dans le numéro 170 de BEST :
Herpin et Pabœuf n’ont pas attendu l’éclatement du Divin Marquis pour suivre leur petit bonhomme de chemin. Sans rire, les deux saxes devaient bien cumuler une bonne douzaine de groupes ou formations qui s’étalaient sur le plus large spectre sonore imaginable. Sur scène, le duo avait une manière très personnelle de balancer au second degré sur un jazz’n’fun qui avait oublié d’être chiant. Parallèlement, le duo avait monté les Sax Pustuls, une sucrerie pop et cuivrée qui, à l’origine, n’était qu’un gag des Transmusicales 80n ( Voir sur Gonzomusic ). Les Sax ont sorti, l’été dernier, un petit simple en forme de Livre de la Jungle : « La danse du Marsupilami », un hommage à l’animal favori de Spirou et Fantasio. Comme dans tous les divorces, encore aurait-il fallu se planquer sous le lit, Pinpin et Pabœuf se sont séparés, alors que les deux 33 tours s’apprêtaient à sortir. « Sacrée Musique » est un instantané direct du dialogue qu’ils savaient établir lorsqu’ils se retrouvaient face à face sur les planches. Si vous êtes une bête de sax, il vous ravira par ses ambiances jazz libertines. Trois tours de passe-passe plus tard, nos musicos réapparaissent dans le rôle des Sax Pustuls, introduisant Pinpin en homme-orchestre : textes et claviers en plus de ses vents. La musique est signée par le groupe, elle reflète aussi la sensibilité de Paboeuf. Nikôl Callôk’h a beau avoir choisi une orthographe spéciale pour planter les chroniqueurs rock, sa voix glisse comme un félin en cavale dans la savane. La nouvelle version du « Marsupilami » est un peu inégale : plus mordante musicalement, mais les voix se font la malle aux quatre points cardinaux.
Les textes de Pinpin sont bien ficelés : même si son vocabulaire reste assez intellectuel, il cultive un certain sens de la folie qui rime bien. Il pratique une sorte d’écriture automatique en sachant tenir compte de la musique des mots. Un peu comme Gainsbourg ou Bergman. D’ailleurs, le petit « a » de « Sweet moustique 81 » lance justement un clin d’œil à Bashung : Le « Tu veux que j’te chante la mer ? Le long, le long des golfes pas très clairs » de « Gaby » devient : « Tu veux que j’te chante la mort ? Le long, le long des coffres pas très forts ». Le « b » de la même chanson distille une énergie très Marquis de Sade. Dans l’ensemble, le LP oscille du jazz au funk avec la dextérité d’une aiguille de compteur Geiger.
Publié dans le numéro 170 de BEST daté de septembre 1982