RENNES CAPITALE DU ROCK FRANÇAIS
Voici 40 dans BEST, GBD missionné par Christian Lebrun, débarquait à Rennes dans la foulée de la publication du « Rue de Siam », le second LP de Marquis de Sade, pour explorer l’incroyable vivier rennais ( Daho, Marc Seberg, les Nus, Private Jokes avec Arnold Turboust, Opéra Dissidence, futur Niagara) qui allait, entre ses Transmusicales et cet article fondateur, devenir la légendaire « capitale du rock français » à l’aube des 80’s. Flashback…
En décembre précédent cet article, grâce à Pierre René-Worms qui m’avait présenté le jeune Étienne Daho Junior, que j’avais reçu dans mon émission « Planète Ivre » diffusée sur la radio pirate parisienne Radio ivre 88.8 FM, j’avais débarqué à Rennes pour assister à la seconde édition d’un festival rock qui n’allait guère tarder à devenir légendaire, les Transmusicales ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/transmusicales-1980.html ). Quelques semaines plus tard, à la veille de la publication du second LP de Marquis de Sade ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/la-saga-frank-darcel-episode-1.html et aussi https://gonzomusic.fr/la-saga-frank-darcel-episode-2.html ), Christian Lebrun, le rédacteur en chef de BEST décide de me réexpédier dans la métropole bretonne. Ma mission : « couvrir » non seulement le « Rue de Siam » de MDS, mais aussi analyser l’incroyable richesse et toute la diversité de cette scène musicale qui faisait alors de Rennes la « Capitale du rock français ». Cependant, en septembre 2019, en réaction au décès soudain de Philippe Pascal, légendaire chanteur de MDS, j’avais alors déjà en partie republié cet article historique de BEST en guise d’hommage ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/philippe-pascal-au-paradize.html ), le voici désormais publié dans son intégralité Bon… je ne suis pas certain que les contacts et autres numéros de téléphone en fin du deuxième épisode de cet article soient toujours d’actu… mais on ne sait jamais. Par contre, vu la longueur de reportage long comme le périphérique, 25 feuillets soit 33.000 signes ou près de 6000 mots, une longueur de papier qui doit faire rêver tous les rédacteurs d’aujourd’hui qui me lisent, ce RENNES CAPITALE DU ROCK FRANÇAIS sera donc décliné en deux épisodes dont voici le premier avec au programme et par ordre d’apparition à l’écran Nicolas Cruel, les Nus de l’ex Marquis de Sade Christian Dargelos, et de Frédéric Renaud, Opera Dissidence de Daniel Chenevez, Guillaume Izraël l’ex Modern Guy ainsi que les Anches Doo Too Cool de Philippe Herpin et Daniel Pabœuf.
Publié dans le numéro 152 de BEST sous le titre :
RUES DE RENNES
« À Rennes, ville dont le prince est un Marquis, Gérard Bar-David bute sur de nouveaux musiciens à chaque carrefour. En plus du nombre, les groupes bretons ont l’atout d’organisateurs avisés, de lieux de concerts et même d’un studio. L’Ouest va-t-il imposer sa loi ? » Christian LEBRUN
Rennes, 3h du matin. La place du Palais est violemment éclairée. Les projecteurs découpent le brouillard et les vieilles pierres. Face à l’ancien Parlement de Bretagne, Nicolas Cruel marche sur une fontaine imaginaire. Sa mèche châtain lui cache les yeux. Nicolas ne sait pas qu’ici s’élevait une statue de Louis XIV. Étranger dans la ville, il n’a que faire d’une visite touristique : ce qui l’attire a Rennes c’est, avant tout, la musique. Et celle-ci coule à flots des quatre coins de la ville. Il faut juste savoir se brancher. Parler, évoluer parmi les bars de la cité où les musiciens grillent leurs nuits jusqu’à l’aube…
À 19 ans, Nicolas Cruel a quitté Brest et son groupe pour aller vivre à Rennes chez une copine. Un 45 tours en poche « Interpol», qu’il a lui-même produit, des mélodies plein la tète et pas un sou, Nicolas a tiré la carte de l’aventure. « Un minimum d’information, un maximum de compréhension » écrivait-il, alors qu’il tournait avec ses six musiciens. Qu’est-ce qui l’attire ? Le succès des « Trans-Musicales » (Voir dans le Best N° 151 et sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/transmusicales-1980.html ), le pôle d’attraction du divin Marquis de Sade, la dynamique du studio DB ou celle du « Tremplin » organisé par L’Espace, le Palace rennais. Sur une chaise de jardin, face à une Gueuse pression, Nicolas observe les éclairs de néon qui traversent le bar des Beaux Arts. Sur fond de XTC, les conversations s’emmêlent au milieu de la nuit. «Il parait que Frakture continue. T’as vu comment ils ont été descendus par la presse rock ? Jacques Duval, l’ex-guitariste, reprend la basse et ils ont même trouvé deux nouveaux chanteurs ». Aux Beaux Arts, on trouve des after punks et des « modernes », des musicos et des organisateurs de concerts, des chômeurs et des instits, mais, ce qui est le plus important, c’est que tous ces gens communiquent. Les jeunes gens modernes ont laissé tomber leur maman, le côté cold, peu à peu, s’est dégelé : on dialogue et on partage. Les groupes éclatent et s’interconnectent autour de quelques noyaux: la scène rennaise est une plaque tournante où l’on invente la rock-communion.
J’ai débarqué à Rennes un samedi matin de janvier en compagnie d’Hervé Bordier, « concert man » et manager de Marquis de Sade. Je n’avais pas oublié les promesses des « Trans Musicales », mais il fallait que j’en sache plus, que je voie ces groupes évoluer dans leur milieu. Je n’allais pas être déçu ! On aurait pu croire qu’après les fièvres des « Trans », la ville se laisserait aller à une léthargie toute provinciale… II n’en est rien. À peine ai-je le temps de poser mon sac en jean dans un coin du studio d’Hervé que nous quittons la vieille maison de bois ou il vit avec Frédéric Renaud , le guitariste des Nus. On saute dans une deudeuche. Dans une cave, sur la route de Saint-Malo, James Bond, le groupe de la teenie bopper, Anne Caroline (13 ans), répète… Pas de temps à perdre. En fait, Hervé et moi tombons sur Opéra Dissidence, deux membres en commun avec James Bond, (Daniel Chenevez, chanteur et claviers, et Claude, clavier) et une basse, une guitare et un batteur. Anne-Caro est restée bloquée chez elle.
Tant pis, à Rennes, on ne perd pas de temps. Daniel Chenevez (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Niagara ) m’explique que James Bond n’est pas qu’un gag, une reprise de France Gall et du trip super-Lolita à la sauce industrielle. Quant à Opéra Dissidence, le groupe a trois mois d’existence. Daniel écrit tous les textes : « Parce que je veux donner le plus d’émotions possibles ; on joue sur les contrastes, à fond, pour que le noir soit très sombre et que le blanc des sentiments apparaisse ainsi comme lumineux ». Daniel chante « La dernière alerte », une musique à tombeau ouvert, saccadée, répétitive, lancinante aussi, une musique d’atmosphère rock, complainte qui rappelle un peu PIL. Dans la cave, le plafond est si bas que les musiciens ont presque du mal à se tenir debout. « Dominique », c’est l’histoire d’une petite fille qui perd ses parents et se retrouve enfermée dans un hôpital. Son unique ouverture sur le monde extérieur, c’est la boite à musique qui joue sans cesse entre ses mains. Tout cela n’est pas très gai, mais c’est la vie. « On voudrait bien sortir de la cave ». « Sacrifice» c’est le désœuvrement qui suit la guerre nucléaire. Le son plus brutal n’empêche pas Claude, la jolie clavier, de sourire. Après 10 ans de piano classique, elle est tombée sur Siouxsie and the Banshees, c’est ce qui l’a décidée.
Prochaine étape, la MJC de la Paillette où répètent Christian Dargelos, alias Rocky et son groupe, les Nus ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Les+Nus ). La Paillette avec sa façade peinte en couleurs vives, digne de la pop explosion, n’est pas une MJC comme les autres. Grâce aux quelques nanas branchées qui la dirigent, elle organise des concerts et s’ouvre aux groupes qui cherchent un local pour pouvoir répéter. Christian/Rocky a quitté Marquis de Sade voilà deux ans. Très influencé par le Velvet Underground et les Stranglers (des «rebelles intelligents », comme il dit), sa musique est à son image : nerveuse et décalée, en tous cas bien supérieure à sa prestation des Trans Musicales : « Normal, sur scène, le tempo était dix fois trop rapide ; le batteur s’est défoulé, nous on s’est laissé entrainer ».
Philippe Pascal, le chanteur de Marquis de Sade et Guillaume Izraël, ex-Modern Guy
assistent à la répète. Moi, j’ai rendez-vous avec deux autres MDS sur la scène du théâtre de la Parcheminerie : les cuivres, Philippe Herpin (dit Pinpin) et Daniel Paboeuf qui forment le duo Anches Doo Too Cool (Anches d’où tout coule). Leur premier LP solo « Nous d’eux » compte quelques invités de marque comme Nicole, la chanteuse des Sax Pustules et, surtout, beaucoup d’humour. Tout comme leur prestation de ce soir, sur la scène de l’ultra-moderne petit théâtre de la Parcheminerie, Daniel et Philippe jonglent avec leurs saxes et leur clarinette basse: ils pratiquent I’échangisme des cuivres avec beaucoup de talent. Leur musique se balade entre le classique et le free jazz, mais, pendant tout le show, je n’ai pas le temps de m’ennuyer. Si le son de Marquis de Sade doit énormément à la sensibilité de nos deux cuivres, leur terrain d’activités ne se limite pas là. Philippe accompagne aussi Etienne Daho Jr, Kan Digor (du jazz ethnique) et les Sax Pustules. Quant à Daniel, en plus de Kan Digor, les Sax P. et les Nus, il sévit aussi dans James Bond et Melainee Favennec ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/daniel-paboeuf-unity-ce-quil-en-reste.html et aussi https://gonzomusic.fr/daniel-paboeuf-ashes.html ). Daniel et Pinpin sont, comme beaucoup de musicos rennais, peu avares de leur temps et de leur énergie, chacun des groupes où ils jouent leur permet une expression différente, mais complémentaire.
PARADIZE
Juste avant mon départ pour Rennes, j’ai découvert « Rue de Siam», le nouveau trente de Marquis de Sade. (En fait, j’en avais déjà découvert quelques extraits live aux Trans Musicales). Le disque est assez impressionnant: la production de Steve Nye de l’Air Studio est limpide et éclatante. MDS. prouve avec « Rue de Siam » que la notion de groupe français n’exclut pas la recherche du son. Et il explose. C’est le même groupe que sur le premier album « Dantzing Twist » que j’avais pourtant détesté. À l’époque, Actuel lançait avec MDS. le trip « jeunes gens modernes ». Branchés sur un certain esthétisme dans les années trente en Allemagne; l’interview de Frank Darcel , le guitariste du groupe, m’était restée coincée en travers de la gorge : à une époque où l’on fait sauter les synagogues et où l’on réexpédie les travailleurs immigrés « chez eux », un certain fascisme, même à titre de provocation, me parait tout à fait superflu, pour ne pas dire inutile. J’en ai parlé à Frank. Il m’a répondu qu’il n’avait jamais vraiment eu l’occasion de s’expliquer à ce sujet, mais qu’il y songeait depuis longtemps. Voici, mot pour mot, ce qu’ il a déclaré : « Au départ de cette nouvelle réputation, il y a l’envie délibérée de se différencier des autres groupes. De refuser tous les poncifs qui font des groupes de rock des subversifs en carton-pâte. L’envie aussi de manier de nouvelles images, de se trouver de nouvelles références qui collent mieux avec notre musique. En cela, le plan avec Actuel nous parut, au départ, intéressant et surtout drôle. Mais I’interview fût traitée d’une telle manière par le zélé Patrick Zerbib que j’étais devenu l’apôtre d’une «modernité » agaçante, prétentieuse et imprégnée d’idéaux totalitaires. C’est à ce moment que nous avons compris que certaines images pouvaient difficilement être vidées de leur sens. À la lumière d’événements récents, il parait donc nécessaire de faire une mise au point qui nous a évité de cautionner, même inconsciemment, des idéologies puantes dans lesquelles aucun des membres ne se reconnait. Marquis de Sade n’est définitivement pas un groupe à sensibilité fascisante et surtout pas raciste ».
Dar
L’autre pôle d’attraction du groupe (puisque Frank compose la plupart des morceaux), c’est Philippe Pascal ( Voir sur Gonzomusichttps://gonzomusic.fr/?s=philippe+pascal ). Je l’ai retrouvé, comme tous les « branchés » de Rennes, au Paradize. Une ancienne boite à matelots transformée, voilà trois ans, en antre du punk par Ronnie le DJ fou. Des correspondants anonymes-mais-efficaces importent pour lui tous les « bons trucs » et il ne se prive pas : au Paradize, on écoute Alan Vega, Tuxedo Moon ou Joy Division. Et le pire, c’est que, grâce à cet escroc de Ronnie, on danse encore dessus ! Ce soir, au Paradize, on se bouscule: des modernes et des after punks, des musicos et des groupies; c’est la mêlée habituelle du samedi soir. Philippe Pascal a réussi à caser son grand corps dans un coin avec sa compagne. II sourit. Heureux. Tandis qu’il danse sur sa chanson « Rue de Siam », moi, j’écoute les paroles. « Sais-tu qu’il existe plusieurs manières de mourir, tu peux en dresser la liste (…) Pas de sang, pas de sang, il est rouge et sale et l’on se sent mal ». Philippe ne donne pas vraiment l’impression de se sentir mal. C’est pourtant lui qui a écrit ces lignes. Plus tard dans la soirée, en parlant des textes de l’album, il me dira : « Comment vais-je faire maintenant pour chanter cela?» Philippe est avant tout quelqu’un de vrai.
Au fil des verres, le temps s’égrène tandis que je respire à pleins poumons la fumée trop dense des cigarettes. « Très profond, sous ma peau, dans la viande, le réseau cancer émet son appel. Les pattes crispées se redressent et se tendent pour creuser ma chair (..) tu sais, Marc, nul endroit où le fuir, dans la nuit ». « Cancer and Drugs », l’une des compositions en français de Philippe, sur « Rue de… » est matraquée par Ronnie. Il possède l’un des rares « test pressing » qui circulent en ville. Rennes est le fief de Marquis de Sade et, si l’on était tenté de l’oublier, un bon paquet des meilleurs groupes de la ville seraient la pour nous le rappeler: normal, ils sont tous plus ou moins affiliés à des musiciens actuels ou passés du groupe. Vers quatre heures trente, je rentre avec Pascal qui m’héberge pour la nuit. Il vit face au canal Saint Martin. Là où le martin-pêcheur frôle l’eau verdâtre au petit matin. Dans l’appart, la télé est restée allumée et diffuse du pop art en two tones. « Berlin» tourne sur la platine Dual. Philippe nous sert à boire de la vodka à I‘herbe de bison et commence à parler. Drôle de personnage, au magnétisme certain. Il a 24 ans et s’exprime avec ses mains. Peut-être une habitude qu’il a gardée du temps où il était instit. « Pas trop longtemps parce que j’ai craqué » dit-il. Philippe porte en lui la paix et la violence, la passion et le mépris, le noir et le blanc. Dans «Cancer and Drugs», il s’adresse à un certain Marc, celui-ci est un autre lui-même, une projection. C’est peut-être pour cela que Philippe me parle de Gilles « qui fait de l’Aïkido et qui joue des claviers dans le groupe Marc Seberg ». Ils partagent l’appart. Je m’endors dans une pièce rectangulaire aux stores baissés, au milieu des instruments de Gilles : synthé Korg, guitare, TEAC 4 pistes à cassettes. Le signal de fin de bande clignote dans mon cerveau : la touche éveil ne tarde pas à disjoncter. Je m’endors d’un coup. Dernier flash, derniers cris dans la nuit, sur fond de « Back to Cruelty »: un groupe de mecs bourrés, place de Bretagne, sortant du bar de la Marine, se dessine sous mes paupières.
STUDIO DB
Le lendemain, c’est Pinpin, le sax , avec sa tronche a la Woody Allen qui m’a réveillé. Destination le studio DB, là où MDS a enregistré son premier LP, là aussi où Private Jokes est en train de plancher. Après un an de répétition et une prestation remarquée aux Trans, le groupe nantais enregistre à DB son premier 45 tours pour Polydor. Sur scène, j’avais été frappé par la personnalité de Gilles Rétière, le chanteur… Private Jokes compte également deux anciens MDS Pierre Thomas, le batteur, et Arnold Turboust, le clavier (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Arnold+Turboust ) (Sur ce coup là GBD se trompait puisque Arnold n’avait jamais officiellement appartenu à MDS:NDR). Pour eux, « Nantes, c’est vraiment le vide ». Au niveau du son, il faut chercher l’inspiration du groupe chez Cure et ses dérivés. Ils veulent chanter en Anglais, leur maison de disque préfère la langue de Téléphone. Alors, pour se venger, ils chantent « Notcenka » (petite nuit) où le russe se mêle au français. S’ils tentent d’allier scientifique et politique dans leurs chansons, les membres du groupe se situent politiquement coté « Bof». Heureusement, I’ANPE leur laisse tout le temps de répéter; les Private Jokes, en plus du 45 tours qu’ils enregistrent à DB, figurent déjà sur deux compilations rock: la compilation réalisée par DB et Bandes de France, Vol. 1, (ou figurent Patrick Eudeline, Ticket qui aurait dû jouer aux Trans et autres Tricheurs). « The Flux», que l’on peut y entendre, est vieux de 1 an et a été enregistré dans une cuisine. À travers les fenêtres du studio, on voit de bonnes tronches de vaches qui s’éclatent dans les champs: au moins, on est à la campagne. On écoute la compilation DB, moi, je remarque Le Foetus, un groupe new wave pop électronique. Philippe, le D de DB, m’explique qu’ils ont du changer leur nom en Mécanique Rythmique à cause d’un groupe hard rock homonyme à Rouen.
Le soir, visite à l’Espace. La boite aux néons et lasers, très Palace, organise un tremplin rock : les contacts ne doivent pas manquer. Guillotin, qui dirige la boite, est charmant. À 35 ans, il possédait le plus grand salon de coiffure de Rennes, il a tout revendu pour l’Espace. Audacieux coup de poker: Guillotin veut à tout prix que sa boite tourne. L’endroit est assez agréable, son flipper est facile (c’est un modèle Rolling Stones), le light show y est luxueux et les plantes vertes de plastique donnent un petit côté jungle à tout cela. Quelques clean-agers attardés se déhanchent sur Police. Guillotin me donne une liste d’une cinquantaine de groupes qui participent à son Tremplin. « Ils ne sont pas tous de Rennes» me précise-t-il. Je n’ai plus qu’à partir à la pêche. Je téléphone aux contacts, c’est drôle certains croient à une bonne blague et disent ha! ha ! D’autres, comme Défense d’afficher ont 16 ans en moyenne, sont au lycée et adorent Taxi Girl mais ils ne jouent pas vraiment pour le mirage du 45 tours à gagner, ils font juste ça pour rigoler. Dans le style, il y a aussi Retrait de Permis qui cumulent les décibels en oscillant entre le rockabilly et la new wave. Si l’on en croit Yannick de Shatertone (autre groupe de kids) ils n’arrétent pas de se bastonner pendant les répètes pour des histoires de nanas (sic!)… C’est mignon. Quant à Shatertone, ils récupèrent les étiquettes de prix pour en faire des badges. Ces petits punks répètent dans la salle à manger d’un bar. Yannick, le guitariste, me montre avec fierté une photo du groupe : « Regarde la cymbale. Elle appartenait à MDS… On I’a payée 10 sacs, une affaire ». Précisons pour les futurs spectateurs du groupe qu’ils rêvent de balancer des seaux de colle sur leur public. Youpee! Dans le style teen-ager pas vraiment en place, il y a aussi Semblant Décors qui flirte avec le reggae et les percussions.
À suivre….
Publié dans le numéro 152 de BEST daté de mars 1981
Voir sur Gonzomusic l’Épisode 2 de RENNES CAPITALE DU ROCK FRANÇAIS : https://gonzomusic.fr/rennes-capitale-du-rock-francais-episode-2.html
Bonjour
Merci pour l’article….Le 45 tours de Nicolas Cruel – interpol est introuvable…Est-ce que quelqu’un l’a déjà vu ?
Effectivement !! Un mythe tout au plus puisque les soient disant titres « Interpol / Elle rêve d’elle » ne sont réapparus nul part… Ni compilation… Ni même ce fameux 45trs que tout le monde aurait bien aimé écouter.