PIJON VOYAGEUR
Voici 30 ans dans BEST, GBD aux côtés de JY Legras, accompagnait (à nouveau) l’envol des trois « pijonneaux » de la formation rock montmartroise Pijon, du bien nommé Jérôme Pigeon. Cependant, après ses fameuses aventures de rocker, king of the platines, il se métamorphose en fameux DJ international sous son nouvel alias de Gringo da Parada et du coup devient un véritable…Pijon voyageur 🤩
Ultime article de BEST consacré à la formation parisienne pop/rock Pijon ( Voir dans Gonzomusic https://gonzomusic.fr/pijon-vole.html et aussi https://gonzomusic.fr/pijon-jonpi.html) épaulé par le photographe officiel de BEST Jean Yves Legras, je retrouvais Jérôme Pigeon et sa formation à l’emblématique bar-tabac de la rue des Martyrs, des « Deux Moulins » ( Qui deviendra extrêmement célèbre 12 ans plus tard, grâce au film de Jean Pierre Jeunet « Amélie Poulain » : NDR ) pour un entretien forcément rock and roll. Quelques années plus tard, le groupe ayant splitté, sous son véritable alias de Pigeon, Jérôme lance au milieu des 90’s à Paris son lieu emblématique La Favela chic, fameux bar de la rue Oberkampf, flairant avant tout le monde le potentiel branché de cette rue du 11éme arrondissement. Puis, la Favela déménage à République, juste à côté du Gibus, avant de s’expatrier une première fois à Londres, puis enfin à Rio où notre Pijon/Pigeon se pose quelques années sous le pseudo Gringo Da Parada. De retour à Paris, et toujours DJ, Pigeon n’a décidément pas fini de nous surprendre, se produisant de Megève à Saint Trop en passant par Paris et jusqu’au bout de l’horizon, imposant ses choix musicaux aussi artistiques qu’exercés. Par conséquent, si d’aventure un Pigeon voyageur se pose dans un club près de chez vous, ne ratez surtout pas sa performance.
Publié dans le numéro 250 de BEST sous le titre :
UN PIGEON DES PIJON
Au pied de Montmartre, le bar-tabac des « Deux Moulins » est le quartier général de la formation Pijon. Néons et carrelage sixties, ambiance plat du jour/café serré, blousons de cuir au dos des chaises, 4 deux heures de l’après-midi les Pijon steakent and fritent joyeusement. Les copines défilent, les bises volent, les mousses s’agitent au fond des verres, atterrissage en douceur d’une nuit saturée de rock et de fumée, le dynamique trio parigot enchaine les répètes avant de s’embarquer dans le train fantôme de sa première tournée. Trois petits pigeons s’aimaient d’amour tendre, mais l’aficionado rock moyen n’y pigeait rien : Pigeon, Jonpi ou Pijon, à quel volatile se fier ?
« C’est un vrai jeu d’enfant », réplique Jérôme en hiéroglyphant la nappe en papier d’un feutre rageur, « Pigeon c’est mon nom à moi, on oublie ». Et il met littéralement une croix dessus avant de reprendre : « Pijon, c’est Frank, José et moi. Quant à Jonpi, c’est le titre de notre premier album. »
Simple comme jourbon, dans la foulée du premier simple « Cache Cache Party », Jérôme s’adjoint deux anciens Civils ( Formation éphémère sur le label Mankin de Taxi Girl avec pour chanteur Vincent Ferniot devenu ensuite chroniqueur gastronomique sur « Télématin : NDR) »-remember « La Crise » au début des 80’s ? – le guitariste Frank Kutner, petit brun, nerveux et électrique, et le bassiste esthète José U Acorda. Casse Casse (contrat) parti, Jérôme renégocie ses billes pour les partager avec ses petits camarades et pour la première fois, sans doute, on voit une convention juridique d’artiste solo se métamorphoser en contrat de groupe. Et tac ! Fenêtre sur cour, du haut de son deux pièces Jérôme domine les bureaux du label Déesse où brillent les disques d’or du tube fosse a purin baptisé « La Danse des Canards ». Heureusement, la couleur du succès brille depuis longtemps dans son regard bleuté. L’appel du rock remonte loin jusqu’a l’enfance :
« Je suis né le jour de la sortie de « Ticket To Ride », c’est un signe », proclame-t-il avec conviction. Billets de concerts patchworkés et encadrés sur les murs, posters, photos, souk dans tous les coins, Couette jetée sur lit défait, le nid de Pijon a vu l’oeil du cyclone, un vrai cauchemar de femme de ménage. Ultime atavisme, seul le rayon disque parait avoir été épargné par le cataclysme. Rayons CD scrupuleusement organisés, les départements Français, Rock et Funk/Soul sont parfaitement équilibrés, ce qui n’a rien de surprenant lorsqu’on songe aux influences du groupe : rock anglais, blackitude yankee et romantisme français néo-Polnareffien. En descendant sa rue jusqu’au métro, Jérôme faut ke pitre, ne ratant pas une occasion de se distinguer. Il joue les candidats aux municipales en campagne et s’en va serrer les mains des vieilles dames :
« Alors, chère madame, vous allez voter pour moi ? » Le culot paye, madame Michu émue lui promet sa voix. Pijon réitère dix fois son exploit et rafle tous les suffrages. Dans la vie, sur une scène ou un plateau de télé, le kid est un cabotin naturel que rien ne semble ébranler. Et si Polnareff est né dans un ice cream, Jérôme, lui, est quasiment né dans un studio de radio où son Pigeon de père, journaliste vedette ( Gilles Schneider, de son vrai nom Gilles Pigeon : NDR), officiait sur une station périphérique (Europe 1 : NDR) :
« J’ai grandi en prenant chaque matin mon petit déjeuner avec papa qui parlait à la radio. C’était naturel, pour moi tous les papas de tous les enfants du monde causaient dans le poste. » Poulbot des ondes et de la TV génération, Pijon se joue des micros qu’on lui tend et assure la provoc en direct sur les plateaux télé, comme ce show en direct où « Cache Cache… » s’était achevé en plongeon improvisé dans une fontaine… rock and roll !
Impasse glauque, rue de Bagnolet, dans un local de l’usine Studio — ex- Studio Parisien — les trois Jonpi retrouvent leurs potes musiciens additionnels pour leur répète quotidienne avant la mise a feu de leur tour hexagonal. Galère du jour : Martial le batteur est enfermé derrière une porte blindée chez une nana qui I’a planté là ; mais le show must go on. À moitié allongé sur un fauteuil de bureau, José pulse sa basse en fermant les yeux. Frank en pince avec ferveur pour une guitare dont le cri déchire l’air saturé de nicotine. Quant à Jérôme, il chante en rebondissant comme un bébé kangourou. Soudé comme les pierres de la pyramide de Chéops, le rock Pijon emprunte a Prince ses rêves humides d’actes sensuels. Mélangé aux couleurs fantasques de Cure, le son live de nos héros speedés fera battre bien des coeurs sous le cuir des Perf’s. Espoirs oisillons, les Pijons se tirent a tire d’aile vers un futur doré, songe d’une nuit d’été de guitar hero qui saura j’en suis sûr nous… pigeonner.
Publié dans le numéro 250 de BEST daté de mai 1989