CŒUR SACRÉ « Hommage de Frédéric Lo à Daniel Darc »

Frederic Lo et Daniel DarcPresque vingt ans après le lumineux « Crèvecœur » et dix ans après la triste disparition de Daniel Darc, Frédéric Lo, qui avait produit non seulement ce « Crèvecœur » l’album du retour de l’ex-chanteur de Taxi Girl, puis le délicat «  Amour suprême », a réuni  une douzaine d’artistes pour lui dédier cet « Hommage de Frédéric Lo à Daniel Darc », soit douze reprises particulièrement émotionnelles chantées par Jane Birkin,  Lou Doillon & Robert Wyatt, Jean Jacques Burnel, Etienne Daho ou encore Pete Doherty, pour le projet le plus « chair de poule » de cet hiver, qui nous rappelle combien l’ami Daniel Rozoum manque si cruellement à notre paysage musical.

Frederic Lo et Daniel DarcDaniel Darc et Frédéric Lo… une magnifique complicité rock, née à Paris lorsque les deux musiciens partageaient le même quartier. Daniel n’avait rien enregistré depuis des années, lorsque Frédéric l’a littéralement tenu par la main pour retrouver le chemin du studio d’enregistrement. Le reste appartient à l’histoire du rock, Daniel publie deux merveilleux albums réalisés par Frédéric. Mais depuis la triste disparition de son frère d’armes, une idée taraudait Frédéric Lo ( Voir sur Gonzomusic FRÉDÉRIC LO : L’ORFÈVRE SONIQUE   et aussi  FRÉDÉRIC LO « Hallelujah ! »  ) : rendre à Daniel l’hommage qu’il méritait, un projet né juste avant la crise du COVID… lequel, par ricochet va lui faire rencontrer Pete Doherty, justement pour lui proposer d’enregistrer une chanson de Darc adaptée en anglais… qui mènera à leur superbe album collaboration Doherty & Lo « The Fantasy Life of Poetry and Crime » ( Voir sur Gonzomusic  DOHERTY & LO « The Fantasy Life of Poetry and Crime » et aussi ARSÈNE DOHERTY CONTRE LE DR LO  ) et à la tournée qui a suivi ( Voir sur Gonzomusic DOHERTY & LO À PLEYEL  ). Cependant, Frédéric Lo n’a pas perdu le cap de son tribute à Darc et même s’il lui a fallu cinq longues années pour le mener à bien, le résultat est très largement à la hauteur de nos espérances. Et c’est la voix de Daniel qui justement ouvre le bal, de sa légendaire voix trainante avec la quasi inédite « Cœur sacré », qui donne son titre à l’album. Écrite en 2006 pour Thierry Amiel, Frédéric Lo en a exhumé la démo, « nettoyé » les vocaux de Daniel ainsi que les synthés pour que ce « Cœur sacré » quasiment surgi d’outre-tombe fasse battre la chamade aux nôtres. Quelle belle émotion ! Puis, c’est au tour d’Etienne Daho ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Etienne+Daho ) de reprendre Taxi Girl, tant pour le presque inconnu « Je suis déjà parti », entonné ici façon « Sunday Morning » du Velvet Underground pour un hommage… dans l’hommage.. belle réussite ! Peut-être la seule grosse déception de ce projet, avec la reprise de l’emblématique « Chercher le garçon », le joyau de Taxi Girl, exécuté au sens propre du terme par les bâillements de Benjamin Miolay et les chuchotements d’Elli Medeiros. Dommage !

Daniel Darc by Richard Dumas

Daniel Darc by Richard Dumas

Heureusement, Jean Jacques Burnel nous fait vite oublier ce faux-pas. Il faut se souvenir que le Stranglers avait déjà signé la prod du premier LP de Taxi Girl « Seppuku ». Il reprend ici, en Français dans le texte et de sa légendaire voix trainante, la mélancolique « La pluie qui tombe », qui figurait déjà sur l’album « Crèvecœur ». Il avait enregistré un LP en duo avec Daniel en 1988 intitulé « Parce que », cette fois pour célébrer tout le talent de Darc, il entonne la balade « I Remember Oh So Well », particulièrement émotionnelle lorsque la voix de Daniel lui répond en français « je me souviens… je me rappelle… ». Puis « Les armées de la nuit », le hit de Taxi Girl sont ici convoquées par Dominique A, avant de succomber à la voix de Jane Birkin ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Jane+Birkin  ), ce qui constitue sans doute son tout dernier enregistrement, avec « Mes amis » qu’elle chantait déjà en duo avec Daniel en 2006 sur son album « Rendez-vous » et cette légèreté pop et cristalline ne saurait laisser quiconque indifférent.  Ensuite, c’est au tour de l’acoustique cool « Without Use And  All Used Up », chantée par Pete Doherty, de nous séduire de sa poésie évanescente si délicate, sans doute une des perles de cet album. Je me souviens que pour la sortie de « Paris » j’avais reçu Daniel et Mirwais dans mon émission quotidienne « Planète » sur RFI, mais jamais je n’aurais imaginé qu’elle serait aussi visionnaire ; composée au milieu des 80’s, elle dépeint avec une précision diabolique le Paris que nous a définitivement ruiné cette folle d’Anne Hidalgo ( Voir sur Gonzomusic  JOHNNY DUNE CRACKE À LA MAIRIE DE PARIS )… reprise ici de main de maitre par Stupeflip, elle me rappelle surtout que « Paris » était l’un de mes 45 tours favoris de Taxi Girl. Après la re-visitation par Alex Beaupain de « Rouge rose », qui figurait également sur le LP « Crèvecœur », c’est au tour de Lou Doillon et de Robert Wyatt de reprendre du Darc, de la manière la plus élégante qu’il soit, avec « What’s the Point ». Pour mémoire, Daniel avait composé en 2009 le titre « Oh Caroline » pour Wyatt et le respect était mutuel entre les deux artistes. Cette reprise le prouve ici de manière cinglante. Si Daniel ouvre l’album c’est Frédéric qui le clôt par la mélancolique et obscure « Jamais jamais » qui était aussi sur « Crèvecœur ». 12 titres, 12 saluts à la mémoire de l’ami Daniel Darc qui nous rappellent combien cet écorché vif, ce rock poète féru de religion nous manque si cruellement. Un immense merci à Frédéric Lo de continuer ainsi à faire vivre sa musique comme sa mémoire.

 

 

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