FRÉDÉRIC LO « Hallelujah ! »
Frédéric Lo est ENFIN de retour avec le 3éme album de sa vie, publié 18 longues années après le précédent. Inutile de le taxer de « procrastineur » invétéré, car durant ces deux décennies, il n’a pas chômé, bien au contraire. Mais le réalisateur de Darc ou encore d’Eicher s’est enfin décidé à ôter sa casquette de producteur pour se consacrer à lui-même. Et il a eu bien raison, tant cet « Hallelujah ! » semble aussi abouti que miraculeux, avec un Lo au plus haut.
Une voix grave, puissante, posée. Une voix qui déborde d’émotions, comme un crooner à la Française. Sinatra ? Sans doute, mais aussi et surtout ceux avec lesquels il a collaboré et au premier chef l’ami Daniel Darc. Et aussi à Alain Chamfort. On pense aussi à Bashung, même s’ils n’ont jamais collaboré. Bref, Lo est en position « high » ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/frederic-lo-lorfevre-sonique.html ). Et en se laissant porter par sa voix, on songe également à Stephan Eicher. Cela tombe bien, car non seulement Frédéric a produit sa musique, mais surtout il compte parmi les quatre invités de marque de cet album, avec cet irrésistible duo au titre à la Bunuel, « Cet obscur objet du désir », sans doute une de mes favorites de cet album lumineux. Il faut également compter avec la climatique et éthérée « Eno Song », improbable duo avec la légende vivante du rock Robert Wyatt, le héros de Soft Machine. Discret et élégant, avec cet album Frédéric Lo entre très largement dans la lumière. Autre duettiste de cet « Hallelujah ! » avec Alex Beaupain, pour interpréter de concert l’insouciante et ensoleillée magique balade « Dire ». Enfin, dans ce joli casting, Elli Medeiros vient discrètement jouer les Jane Birkin pour un Gainsbourg-Lo sur l’amoureuse « Come ». Accompagné, mais aussi seul, Frédéric Lo sait nous faire chavirer le cœur de ses mélodies enjôleuses, de ses mots qui frappent si justement de taille et d’estoc. La preuve par cet enivrant « En temps et en heure ». Entre ombre et lumière, il se fait encore plus romantique sur l’aérienne « Mary » tandis qu’ « Ami » lente mélodie country au ralenti se révèle comme un pur joyau pop. Il y a aussi du Daho au fond de Lo, une douce ivresse parlée-chantée partagée sur « Egaré dans la nuit ». Enfin, Frédéric Lo avait conservé le meilleur pour la fin et cette belle histoire s’achève sur l’intimiste, mais néanmoins mélancolique « Sortez les clowns », apothéose émotionnelle pour voix piano, magique comme une chanson de fin du monde, une composition qui ne saurait vous laisser indemne. Avec une telle collection, et son titre en guise d’hommage appuyé au maitre Leonard Cohen, Frédéric Lo entre de plein pied dans la cour des (très) grands, pour s’inscrire durablement dans notre horizon musical hexagonal. Comme le dit le fameux proverbe, il faut se méfier de Lo qui dort …car lorsqu’il se réveille… 😉
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