DOHERTY & LO « The Fantasy Life of Poetry and Crime »
On connaissait tous Pete Doherty, ses Libertines ses Babyshambles, puis ses frasques et ses défonces à travers son parcours solo erratique… ladies and gentlemen voici maintenant la Rédemption de l’ange du rock déchu qui retrouve toute sa place dans la lumière grâce au fameux spin Doctor Frédéric Lo qui avait déjà su faire bien des miracles aux côtés du regretté de Daniel Darc. Écrite par Pete et composée par Frédéric, « The Fantasy Life Of Poetry & Crime », cette sublime collection d‘ intemporels joyaux de pure pop-music a été capturée entre à Étretat et Paris pour mieux nous subjuguer de son romantisme pastel.
Depuis toujours, j’ai craqué sur le talent de Frédéric Lo. Musicien touche à tout, artiste, auteur-compositeur, producteur et parfois même solide béquille sur laquelle on peut s’appuyer pour caresser les cimes (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/frederic-lo-lorfevre-sonique.html , https://gonzomusic.fr/pritchard-lo-rendez-vous-streets.html` et aussi https://gonzomusic.fr/frederic-lo-hallelujah.html ). Que cela soit aux côtés de Daniel Darc ou de Bill Pritchard, le parisien a toujours eu l’art de faire des miracles en alchimiste sonique surdoué. Et l’œuvre de notre Merlin hexagonal du rock se poursuit avec Pete Doherty. Exilé en France, l’ex-Libertines n’avait plus rien enregistré depuis six ans, mais avec Daniel Darc Frédéric Lo avait l’habitude des causes prétendument perdues. C’est d’ailleurs à travers un projet d’album hommage de reprises du chanteur de Taxi Girl, que les deux homme se sont rencontrés. Frédéric est allé à Étretat pour proposer à Pete d’enregistrer une reprise de la chanson ‘Inutile Et Hors D’Usage’ (Without Used & All Used Up). L’expérience s’est montrée si concluante qu’après cette tentative, ils ont décidé de se lancer dans un album à quatre mains, Pete signant les textes et Frédéric les musiques. Et c’est ainsi qu’est né ce « The Fantasy Life Of Poetry & Crime » d’un classicisme irrésistible, cool et aérien, aux climats aussi intemporels que délicatement romantiques qui navigue entre Elton John, les Kinks mais aussi Burt Bacharach et… Serge Gainsbourg…. Magique ! Car la magie opère dès la chanson-titre qui ouvre l’album. Inspirée par le héros de Maurice Leblanc, le fameux Arsène Lupin, « The Fantasy Life Of Poetry & Crime » … « je suis d’ici can you follow me »…. Portée par sa mélodie délicatement rétro, la chanson est un hommage vibrant à Étretat où Pete Doherty a choisi de poser ses valises pour une nouvelle vie loin des tentations stupéfiantes de la grande ville. Suit ma petite préférée, « The Epidemiologist » qui me captive sous ses faux-airs de BO signée Serge Gainsbourg. À la fois romantique et tendre, intemporelle et délicate, tellement lumineuse elle incarne à elle seule cette incroyable union artistique entre Pete & Fred, un des must de cet album.
Puis, « The Ballad Of » dépouillée, simple portée par un piano élégant et un cor d’harmonie, elle pourrait aussi bien figurer au répertoire d’un Elvis Costello. Avec « You Can’t Keep It From Me For Ever » on plonge dans un feeling time-machine qui remonte jusqu’aux Kinks des 60’s et leur radieux « coucher du soleil de Waterloo » ou leur dandy « un homme très respecté ». De même, « Yes I Wear a Mask » porté par sa légèreté et se violons ressemblent au retour du jeune David Bowie de « Uncle Arthur » ou de « Let Me Sleep Beside You ».n Furieusement romantique et résolument Libertines en mode cool, l’insouciante et climatique balade « Rock and Roll Alchemy » incarne décidément le meilleur de ce Pete prodige que l’on croyait perdu à jamais. Si « The Monster », intemporelle et tendre, balance entre une balade de Donovan et la classique « Lady Jane » des Stones, « Invictus » portée par sa guitare espagnole en intro se mue en composition aussi élégante que romantique et tendre, de la plus belle facture de la pop-music British. On songe aux Moody Blues ou encore à Caravan et c’est comme une émotionnelle machine à remonter le temps. « The Glassblower » est un souffleur de verre évanescent et romantique, tandis que « Keeping Me On File » renoue avec la magie des Kinks, des Hollies ou des Yardbirds et c’est bluffant. Avec « Abe Wassenstein » … on se dit :on dirait plutôt Robert Zimmerman, tant cette chanson partage le climat de « Blowin In The Wind » … mais aussi de « He Was A Friend Of Mine » des Byrds. Enfin, cette joint-venture franco-british s’achève sur la beauté troublante de « Far From the Madding Crowd » super dépouillée interprétée en piano voix comme une perle oubliée de « Madman Across the Water » d’Elton John. Vous l’aurez compris, au vu- et entendu- de ses influences, « The Fantasy Life Of Poetry & Crime » n’est pas seulement un album qui s’inscrit dans la tradition des plus riches heures du rock British, une collaboration qui illustre à nouveau l’entente cordiale, c’est surtout d’ores et déjà un de mes disques favoris de cette année 2022. Not bad for a little frenchie et une rock star que l’on disait cramée : grâce à Lo l’ange déchu Doherty a enfin retrouvé sa place au sommet de l’Olympe.