SPARKS « 21st Century Parks Collection »
Depuis l’aube des 70’s les Sparks ont toujours su à leur manière enchanter notre paysage musical. Dés leur tout premier hit « This Town Ain’t Big Enough For Both Of Us » en 74, Ron et Russell Mael ont su inventer un rock fantasque qui ne ressemble qu’à eux et qui a su inspirer tant de groupes de Queen aux Franz Ferdinand en passant par Alice Cooper ou encore nos Rita Mitsouko nationaux. Après leur César pour la BO de leur film « Annette » et avant leur très attendu concert au casino de Paris le 19 avril prochain, les 7 derniers albums du sémillant duo Californien sont réédités et dument analysés par JCM.
Bon je ne vous le cache pas, les Sparks et Gonzomusic c’est une longue… une très longue histoire d’amour ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/the-sparks-hippopotamus.html et aussi https://gonzomusic.fr/les-sparks-a-paris.html ). Ron et Russell Male constituent sans doute le groupe underground le plus fameux du monde depuis le Velvet Underground et on ne peut que festivement se réjouir de voir ainsi réédités les sept derniers albums des frangins de LA à l’occasion de leur concert au Casino de Paris mardi prochain le 19 avril expertisés par JCM.
Par Jean-Christophe MARY
Faut-il encore vous présenter les Sparks, groupe culte des 70’s et 80’s, l’un des plus appréciés et des plus influents de l’histoire de la pop-music ? Avec une quantité impressionnante de tubes planétaires, la popularité des frères Mael a connu des pics imprévisibles dans différents pays et à différents moments de leur carrière. Et ce succès, Ron et Russell Mael le doivent à une combinaison de plusieurs facteurs. Depuis les 70’s, le duo californien n’a cessé de sortir des albums innovants (24 au total !), toujours plus surprenants où se mêlent art rock, glam rock, swing, new wave synthpop et electro disco. Ensuite, il y a la formidable étendue vocale de Russell Mael. Sa voix de falsetto hystérique passe des graves aux aiguës avec une facilité déconcertante. En véritable chef d’orchestre, Ron délivre lui des mélodies catchy sur des arrangements excentriques complexes, tout en staccato. Sur scène l’impassibilité de Ron derrière son clavier, dandy au regard bizarre à la fine moustache (inspirée par Charles Chaplin ou Adolf Hitler, au choix), tranche avec l’exubérance et l’hyperactivité de Russel. Au final, la recette est simple : ils écrivent des chansons kitch pleine d’esprit et d’humour, des chansons qui prennent souvent la forme de montagnes russes, des chansons colorées qui passent de l’opérette, à la pop, au rock et au disco sur des paroles remplies de perversité, d’ironie et d’humour. Lorsqu’ils émergent au début des 70’s, leur théâtralité et leur excentricité trouve vite une place sur la scène glam rock du moment avec « A Woofer in Tweeter’s Clothing » (1972) et « Kimono My House » (1974) deux albums qui leur valent une forte popularité au Royaume-Uni. Un an plus tard, les Sparks sont à nouveau à l’avant-garde de la pop avec « Indiscreet » (1975) et deviennent des pionniers de la pop électronique associés à Giorgio Moroder avec l’album « N° 1, in Heaven » (1979). Leur mélange de synth pop et de new wave qui irradie l’album « In Outer Space » (1983) évoluera vers la house et la techno avec « Gratuitous Sax and Senseless Violins » (1994). Au 21e siècle, les deux frères continueront d’expérimenter dans un formidable regain d’activité.
La preuve par ces 7 albums réédités aujourd’hui. À commencer par « Balls « (2000) le disque de la transition techno doté de titres imparables comme « Balls », » More Than a Sex Machine » ou le merveilleux « It’s a Knockoff » et sa mélodie aussi entêtante que chaloupée. « Lil’ Beethoven » (2002) recèle au moins trois titres géniaux comme le symphonique « The Rhythm Thief », le mélancolique « I Married Myself » et le tout aussi surprenant et déjanté « Ugly Guys With Beautiful Girls ». Entre musique de chambre, jazz des années 30 et forte tonalité rock, « Hello Young Lovers », leur 20e album studio est certainement l’un de leurs meilleurs. On y trouve un arc en ciel de sonorités singulières que le groupe a constitué au fil des ans. Le morceau d’ouverture « Dick Around », avec sa mélodie rapide, montante et descendante est une véritable performance pour la voix de Russell qui rappelle Freddie Mercury à sa grande époque. « Perfume » est un petit délice de rock swing claquant. Parmi les autres titres majeurs citons le prophètique « (Baby Baby) Can I Invade Your Country ? » ou le puissant « Rock Rock, Rock ». Sans être aussi explosif, « Exotic Creatures » (2008) contient des petites perles pop décalées telles « Good Morning », « Let the Monkey Drive » ou « (She Got Me) Pregnant ». « Hippopotamus » (2017) montre que les Sparks n’ont rien perdu de leur savoir-faire pour écrire des chansons ironiques et sournoises « Missionary Position », des chansons symphoniques « What the Hell Is It This Time?» voire pop légères dans la veine de Paul McCartney, « I Wish You Were Fun ». Une production particulièrement dynamique et créative quand on sait que les frères Mael étaient septuagénaires lorsqu’ils ont composé cet album. « A Steady Drip, Drip, Drip » (2020) reste dans la même veine pop organique avec de petits joyaux aux refrains entêtants « All That », « Left Out in the Cold. On retient « I’m Toast » pour ses synthés syncopé, ses guitares grinçantes, « Self-Effacing » pour sa mélodie déroutante et «Stravinsky’s Only Hit » dont la signature pop symphonique explosive sonne typiquement Sparks. Ne ratez pas la réédition de ces 7 albums studio. C’est une bonne claque à la morosité ambiante.