DAVID JOHANSEN « Here Comes the Night »
Voici 40 ans dans le BEST 157 GBD encensait joyeusement le 4ème LP solo de l’ex-chanteur-leader des mythiques New York Dolls. En ce temps-là David Johansen, tout juste rencontré à New York City venait tout juste d’inventer son alter-ego Buster Poindexter. Cependant ce « Here Cornes the Night » résolument francophile et produit par l’ex-Beach Boys Blondie Chaplin se révélait de la meilleure facture rock. Flashback…
Le mois précédent dans le numéro 156 de BEST, j’avais rencontré mes héros de New York soit Elliott Murphy, Todd Rundgren et bien entendu l’ex-NY Dolls David Johansen ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/all-my-new-york-1981-heroes.html ) . Un mois plus tard pour le 157 je fondais come neige de Manhattan au soleil sur ce valeureux « Here Cornes the Night ».
Publié dans le numéro 157 de BEST sous le titre :
LA NUIT AMÉRICAINE
Il était tout bronzé David, lorsque le mois dernier je l’ai interviewé pour BEST ; j’ai découvert son album avec lui (à l’époque. « Bohemian Love Pad »), sur un mini K 7, j’ai tout de suite accroché. Bien sûr, il y a le personnage, le dandy magnifique et suave, tendre, rêveur, cynique, un personnage aux mille facettes qui est au rock de New-York ce que les pépins sont à la grosse pomme : indissociables. Je sais qu’on idéalise souvent ses idoles. Je l’assume comme mon goût pour les Dolls et le flash si puissant qu’ils ont déclenché à l’aube des seventies. Si David a beaucoup trainé depuis le break des New York Dolls. plus j’écoute « Here Cornes the Night », plus je me dis qu’il n’a pas décemment perdu son temps. Tiens, un autre point commun entre Syl Sylvain ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/sylvain-sylvain-emporte-par-le-cancer.html ) et David, en dehors de la qualité de leurs deux LP respectifs, c’est leur interconnexion avec la culture, la « manière de vivre » française. On la retrouve chez David sous forme d’indices dans ses deux premiers albums. Souvenez-vous de « Funky but Chic », « Cool Métro » et autres « Frenchette ». On connaissait aussi son goût pour les bizarreries semblables à celles du Divin Marquis ; « Justine » était mise à nu sur « In Style ». Cette fois, il signe et persiste avec « Marquesa de Sade » une salsa love story, sado-maso, chaude et allumée.
Pour « In Style ». David s’était associé à l’ex-Bowie. Mick Ronson, je crois que. cette fois, il a trouvé en Blondie Chaplin un partenaire qui colle mieux à son feeling. Entre nous, et biographiquement parlant, le jeune Chaplin est un (excellent) guitariste Made in Afrique du Sud qui a pas mal zoné dans la beach-house et sur les disques des frères Wilson. David et Blondie ont bossé pendant trois mois sur le LP à New-York, avant de partir mixer à Miami. « Here Cornes the Night » n’est pas un titre très original, mais c’est peut-être l’unique reproche qu’on puisse lui faire. Prenez les guest stars, par exemple, elles sont parfaites et sûrement pas décoratives comme un Harrison : on retrouve Elliott Murphy, le voisin de palier, son bassiste et ex-Modem Lover Ernie Brooks, un charmant garçon très calé sur le cheese cream et les lignes basses. « Having So Much Fun Without You » est une histoire d’amour torturée et désabusée que co-signe Murphy. Mais Johansen s’est mis dans la tête de nous faire voyager. « Rollin’ Job » n’est pas seulement un bon jeu de mots pompier (c’est le cas de le dire), c’est aussi un super reggae blanc bourré de personnalité. Johansen est déroutant : il faut tout suivre à la fois, le clin d’œil dans le texte et. en même temps, son timbre de voix qui se colle à un réacteur de supersonique pour filer d’un HP à l’autre. Je ne sais pas si David trouve son énergie dans les rues du village, toujours est-il quelle éclate tout au long du LP ; de « You Fool You » en passant par « My Obsession » jusqu’à « Heart of Gold », je cherche encore un temps mort sans parvenir à le dénicher. Un test que j’envisage fort de renouveler tout l’été.
Publié dans le numéro 157 de BEST daté d’aout 1981