Sylvain Sylvain emporté par le cancer
Immense tristesse : le mythique guitariste des New York Dolls, Sylvain Mizrahi alias Sylvain Sylvain, nous a quittés mercredi ( jeudi heure de Paris) à 69 ans après un combat épique contre le cancer contre lequel il luttait depuis deux ans et demi. Voici deux ans, j’avais, comme beaucoup de fans, participé à un crowd-funding pour lui venir en aide. Aujourd’hui le rock and roll, MON rock and roll est en deuil.
Sylvain Sylvain, guitariste du légendaire groupe punk the New York Dolls, est décédé à seulement 69 ans. En avril 2019, nous avions appris qu’il luttait contre le fucking crabe. Pour financer les opérations qu’il devait subir, car dans l’Amérique de Trump les musiciens ne bénéficient pas d’une couverture santé comme dans un pays « socialiste » tel que le nôtre, il avait monté un crowdfunding auquel je vous avais enjoint de participer ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/aider-un-new-york-dolls-en-danger.html ). Hélas le cancer a fini par triompher. La triste news a été confirmée ce jour par une déclaration sur la page Facebook officielle de Sylvain, où il a été révélé qu’il était décédé du cancer avec lequel il vivait depuis plus de deux ans. Syl Sylvain était un de mes héros du rock. Avec les Dolls sur la scène du Bataclan en 73 pour un de mes tout premiers concerts de ma vie, aux cotés du flamboyant David Johansen, Syl Sylvain m’avait ébloui à jamais. Et comment aurait-il pu en être autrement ? Les cheveux frisés en boule à la Angela Davis comme moi, feuj et allumé tel que je l’étais à l’époque, francophone émigré d’Égypte, le vibrant guitariste incarnait à lui seul toute la saine révolte du rock que je partageais. Un demi-siècle plus tard, il me suffit de fermer les yeux pour retrouver ce Sylvain-là. Et j’ai bien du mal à croire qu’il nous ait quittés à jamais. Hélas, le communiqué publié sur sa page Facebook est tristement éloquent :
« Bien qu’il l’ait combattu vaillamment, il est décédé hier de cette maladie », peut-on lire dans la déclaration. « Alors que nous pleurons sa perte, nous savons qu’il est enfin en paix et qu’il ne souffre plus. S’il vous plaît, passez sa musique à fond, allumez une bougie, dites une prière et envoyons cette merveilleuse poupée (de NY) sur son chemin ». La déclaration comprenait également un hommage de Lenny Kaye, rock légende et également membre des New York Dolls, que nous reproduisons ici in extenso et qui m’a mis la larme à l’œil :
« Sylvain Sylvain, le cœur et l’âme des New York Dolls, porteur du Teenage News, a entamé sa prochaine incarnation astrale ce mercredi 13 janvier 2021. Syl aimait le rock and roll. Sa joie sur scène, son sourire radieux lorsqu’il jouait de la guitare, ont révélé le sentiment d’émerveillement qu’il a dû ressentir à l’âge de 10 ans, en émigrant de son Caire natal avec sa famille en 1961, le bateau arrivant dans le port de New York et découvrant la Statue de la Liberté pour la première fois. C’est lui qui a regardé de l’autre côté de l’avenue Lexington et a vu le panneau indiquant l’hôpital New York Doll. Syl et un ami de lycée, Billy Murcia, étaient alors dans le commerce du chiffon ( schmatès), le bien nommé Truth and Soul, des pulls tricotés à la main avec un côté rockattitude. En fréquentant un autre camarade de classe, John Genzale, puis, comme le feront les groupes Arthur Kane, David Johansen et Jerry Nolan, ils sont devenus un quasar au firmament du rock ; incarnant le trash, le glamour, le garage- -punk, l’affirmation ambisexuelle de la musique jouée au plus fort. Son rôle dans le groupe était celui d’un pilier, qui gardait avec précision les satellites tournants de ses compagnons de route. Bien qu’il ait vaillamment essayé de maintenir le groupe en vie, la fable morale des Dolls a fini par les submerger, non sans avoir semé une influence qui allait influencer de nombreuses générations de rock à venir. Les New York Dolls annonçaient l’avenir, il était facile de danser avec eux. Dès que j’ai vu pour la première fois leur affiche apparaître sur le mur des Village Oldies en 1972, annonçant une résidence à l’hôtel Mercer en haut de la rue, tout au long de leur ascension fulgurante et de leur extinction en étoile filante, les New York Dolls ont été le noyau dur de cette musique que nous saluons, le groupe qui nous a donné envie de monter un groupe. Syl n’a jamais cessé de jouer. Dans sa ligne de vie solo, il a été accueilli dans le monde entier, de l’Angleterre au Japon, mais surtout dans les repaires rock de New York, où je l’ai retrouvé il y a quelques années au Bowery Electric. Toujours le même Syl qui rebondit inlassablement, exulte en vivant son rêve, demande à la foule de chanter avec lui, et c’est ce que nous ferons. Ses noms jumeaux, reflétés, deviennent ce que nous sommes.
Merci Sylvain x 2, pour ton cœur, ta foi et la façon dont tu as joué la corde de mi. Dors bien Baby Doll. »
Sylvain appartenait aux New York Dolls de leur envolée de 1971 jusqu’à leur deuxième dissolution en 2012. L’excellent ultime album du groupe, « Dancing Backwards In High Heels » est sorti en 2011. Too much..too soon, pour rendre hommage à Syl Mizrahi, montez le son des Dolls à fond sur vos sonos persos… RIP my rock brother !
Les larmes aux yeux. il faut avoir été un lycéen en 72 quand le premier album des Dolls est sorti pour comprendre le truc.
J’avais un faible pour Johnny Thunders et David Johansen. Qui joue la guitare de l’intro de Jet Boy?