LES NUS

Photo by Raymond Lemenn

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Ils auraient pu opter pour un « Before We Were So Rudely Interrupted », mais les Animals en se re-formant 12 ans après l’avaient déjà piqué. Aussi, après 34 années d’absence, les Nus de Christian Dargelos ont choisi l’éponyme « Les Nus »…soit précisément le même titre que leur  précédent LP sorti en 82 chez RCA. Qui a dit que l’histoire (du rock) ne se répétait pas ?

Les NusC’est avec une certaine émotion que j’ai reçu ce nouvel album des Nus. D’abord il y avait pour moi ce coté « retour vers le futur » puisque j’avais dû chroniquer le précédent dans BEST …au siècle dernier et dans une autre vie. Et, surtout, il y avait le souvenir de Frédéric Renaud, le Keith Richards du rock rennais, ardent guitariste rock et mec exceptionnel, que j’ai adoré côtoyer avec son humour au fluide glacial. Car Frédéric nous a brusquement et bien trop tôt quittés à l’été 2013. Or, et c’est indéniable, son ombre bienveillante plane  intensément sur cet album du retour pour cette formation rennaise historique. Ne signe-t-il- (ou co-signe)-pas huit de ces onze nouveaux titres? Pour mémoire, Frédéric Renaud et Christian Dargelos appartenaient tous deux à la toute première bouture de Marquis De Sade. Plus tard, face à un Marquis de Sade « Mark II » version Philippe Pascal et Frank Darcel, les Nus faisaient déjà office de sérieux challengers, allumant de leur sombre poésie lyrique la scène de la légendaire Salle de la Cité où se tenaient alors les Transmusicales. Et puis…plus rien. Nada. Silence radio, même si  dix ans après d’autres s’en souviennent pourtant, à l’instar de Noir Désir, qui reprend en 92 sur « Tostaky » leur titre le plus emblématique: « Johnny colère » . Cependant, au bout de toutes ces décennies, il est si gratifiant de voir enfin les Nus se relever car, faut-il le rappeler, l’existence même de ces onze titres sonne déjà comme un immense cri de victoire. Preuve que ces garçons-là ont de la suite dans leurs idéaux rock. Même titre, ou plutôt même absence de titre et, à nouveau, ce morceau fétiche « Johnny colère » qui vient électriser ce nouvel album de sa sourde rage lancinante et de ses riffs néo-orientaux à la « Kashmir » de Led Zep. Mais, le plus sidérant, reste toujours la voix puissante de Christian Dargelos. Elle n’a pas bougé d’un iota depuis l’aube des 80’s conservant toute sa dramatique intensité.

Welcome back boysLes Nus small

Dés le tout premier titre « La danse des loups », porté par des guitares ouvertement Stoniennes, l’appendice vocal du chanteur fait la preuve de sa sur-puissance. Encore plus théâtral sur « Le mime hurlant », Dargelos semble habité par la grâce, hanté par les jujus du rock et tous les sortilèges d’un clavier fatalement 70’s. Sans doute le plus Stones de tout le CD, produit par un jeune fan du groupe qui répond au patronyme d’Étienne Daho, « Les années Reagan » nous jumpingjackflashent  vigoureusement de la manière la plus aveuglante. Pourtant, l‘empreinte des Doors se fait bientôt sentir avec la climatique « Les marins », tandis qu’avec son harmonica « Le clown triste » penche plutôt du côté de Bob Dylan en version « My Back Pages ».Rien que des références rock impeccables. « Où vont les clowns quand ils ont grandi ?» fait mine de s’interroger naïvement Christian et toujours avec ce lyrisme émotionnel qu’on lui connaît si bien. Il faudra aussi compter avec « Petite fille » ce petit bijou de rock-blues néo-british qui sonne comme les Small Faces ou les Kinks. Enfin, la sombre et torturée « L’étrange vie » vient clore ce disque de manière cinglante avec ses réminiscences des Doors…et de Marquis de Sade, tel le retour du fils de « Wanda’s Loving Boy ». La boucle est bouclée . Mention spéciale aux textes si empreints de poésie emportés par ce tourbillon rock. Et l’on se dit que décidément toute cette nudité n’a décidément pas fini de nous émouvoir. Welcome back, boys…en attendant les concerts à venir !

NB: l’album « Les Nus » sort le 18 mars prochain

Les Nus en live :

30 avril : UBU, Rennes

14 mai : ART ROCK , Saint-Brieuc

31 mai  PETIT BAIN, Paris

 

 

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