LA MUSIQUE A GÂCHÉ MA VIE
Est-ce que c’est du lard ou bien du cochon… qui s’en dédit, sans doute. Présenté comme un album Face A / Face B, avec ses 12 chansons/nouvelles autobiographiques … ou pas, intitulé « La musique a gâché ma vie », le rock-critic auteur Stan Cuesta règle ses comptes avec lui-même dans ce recueil, justifiant ses choix de vie et de carrière, comme ses errances assumées par ses coups de cœur musicaux en guise d’unique boussole pour survivre à toutes les tempêtes de l’existence. Entre play-list d’aficionado de la rock-culture et madeleines de Proust d’ado en quête d’expérimentations sex drugs & rock and roll, Stan notre flasheur se livre sans pudeur pour notre plus grand bonheur dans cette collection de petites histoires où les mots et les sons se télescopent joyeusement.
Je ne vous présente plus Stan Cuesta ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Stan+Cuesta ) chanteur, musicien, auteur rock, directeur de la collection les Indociles ( Voir sur Gonzomusic LE MYTHE VELVET UNDERGROUND, COUTIN IS MORRISON et aussi JOAN BAEZ PAR STAN CUESTA), musicologue et rock-critic éclairé qui a d’ailleurs, tout comme moi, récemment contribué à l’ouvrage « Les mots de la musique » à l’instigation de Franck Medioni ( Voir sur GonzomusicLES MOTS DE LA MUSIQUE : 222 MUSICIENS DU XXÈME SIÈCLE PAR 222 ÉCRIVAINS ) . Cependant, avec ce petit ouvrage incisif « La musique a gâché ma vie », jamais Cuesta ne se sera autant livré. On lui découvre ainsi tant de casquettes méconnues, d’ingénieur diplômé à directeur technique de Radio France. Ou encore, plus surprenant, on le retrouve dans la peau d’un Benjamin Bradock/ Dustin Hoffman de « Le lauréat », en ado dépucelé dans une Austin Cooper par la MILF bombasse mère de son meilleur pote, en Mrs Robinson version hexagonale. Mais au-delà de ses souvenirs persos de teen-ager rebelle des 70’s, à l’instar de son Mai 68 à lui, soit les manifs contre la loi Debré de 1973 qui a eu pour effet de sursoir aux sursis militaires des étudiants- une loi dont j’ai moi-même expérimenté les stupides effets secondaires avec le flingage de ma licence de droit pour cause de sursis révoqué et départ pour l’armée- de 5 ans mon cadet, Cuesta déroule ses « short-stories » auto-biographées comme une longue et extensive passionnante play-list musicale. Premiers émois soniques avec « La commune » de Jean Ferrat et le « Alright Now » de Free, soit retour à l’été 1970 de ses 9 ans, en vacances dans le Gard face aux posters des Who et du Floyd. Petit garçon ébloui par les précieuses good vibes de l’émission Pop 2 de Blanc-Francard, Cuesta ne tarde guère à succomber au pouvoir libérateur du rock, celui qui nous donnait la force non seulement de douter mais surtout de contester.
Comme nous tous à l’époque d’ailleurs, et moi en particulier, puisque le Bataclan où étaient tournés les concert se trouvait à moins d’un kilomètre de mon lycée Voltaire et que de Roxy Music aux New York Dolls en passant par Genesis période Gabriel ces concerts à 5 francs ( sic !) ont si largement contribué à mon éveil musical. BEST et Rock & Folk vont intensivement enrichir le champ de sa discothèque avec Dylan et Clapton, mais aussi Lennon, Joe Cocker, Martin Circus et même Johnny Hallyday. Mais ce sont pourtant les assourdissantes guitares du double live « Made In Japan » de Deep Purple qui achèveront de faire définitivement dévier la trajectoire de notre héros, à grands coups de « Highway Star », « Child In Time » ou encore de « Smoke On the Water ». De même, on partage avec Stan l’esprit insurgé du glam-rock, ce rock « décadent » de Bowie à Roxy en passant par Lou Reed et les NY Dolls, qui a su si bien agiter l’aube des 70’s. Puis nostalgie totale à partir de la Face B où les idylles musicales de Stan Cuesta percutent mon propre vécu de journaliste rock. À l’instar du Modern Guy du touchant Guillaume Israël ou du décollage des Avions de Jean Pierre Morgand, que j’ai largement documenté à l’époque pour BEST et la télé ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Jean+Pierre+Morgand ). D’ailleurs, à ce propos, Stan cite une Karina dans le sillage des Avions et je parie que son nom de famille commence par un D et finit par un I ! De même, on y croise aussi les Guilty Razors de Tristam ( Voir sur Gonzomusic PUNK MUSULMAN FUMANT ET POP STAR LA SAGA TRISTAM ÉPISODE 1 et aussi PUNK MUSULMANT FUMANT ET POP STAR LA SAGA TRISTAN ÉPISODE 2 ), comme on squatte le Rose Bonbon de Taxi Girl ( Voir sur Gonzomusichttps://gonzomusic.fr/?s=Taxi+Girl ) ou d’Indochine ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Indochine ). Au fil de ses 139 pages, ce petit ouvrage se laisse bien entendu dévorer et l’on comprend finalement toute l’ironie de son titre, car loin d’avoir gâché sa vie, la musique bien au contraire aura sans doute sauvé la sienne… et la mienne… et la tienne !
« La musique a gâché ma vie » par Stan CUESTA
Éditions aNTIDATA