J’AIME PARLER À COUTIN

Coutin studio-marcadet-1982Voici 40 ans dans BEST, GBD interviewait Patrick Coutin pour la mythique rubrique « Le rock d’ici » dans la foulée de son premier album généreusement boosté par le hit solide « J’aime regarder les filles ». Tournée hexagonale, nouveau titre clippé « La ballade de Jesus Cat », en 2022 Coutin is still rockin’ … et il le prouve ! Retour sur une première rencontre avant bien d’autres avec ce solide rocker hexagonal, sans doute notre Keith Richards made in Paname. Flashback….

CoutinC’est loin, très loin d’être la première fois où je vous parle de Patrick Coutin dans Gonzomusic  ( Voir sur Gonzomusic   https://gonzomusic.fr/coutinrockuptible.html  , https://gonzomusic.fr/coutin-ou-la-saga-de-lhomme-qui-aimait-regarder-les-filles-episode-1.html , https://gonzomusic.fr/coutin-ou-la-saga-de-lhomme-qui-aimait-regarder-les-filles-episode-2.html , https://gonzomusic.fr/coutin-ou-la-saga-de-lhomme-qui-aimait-regarder-les-filles-episode-3.html , https://gonzomusic.fr/coutin-ou-la-saga-de-lhomme-qui-aimait-regarder-les-filles-episode-4.htmlhttps://gonzomusic.fr/coutin-the-album.html  , https://gonzomusic.fr/coutin-is-morrison.html et aussi  https://gonzomusic.fr/le-coutin-show-is-back.html ), cependant j’étais particulièrement fier de cette toute première TW dans la rubrique « Le rock d’ici » de Philippe Lacoche dans BEST. En effet, jeune pigiste de Rock & Fol,   dès notre rencontre au Gibus où il assurait la sono, Patrick Coutin était une sorte de grand-frère rock-critic à mes yeux, répondant avec patience et gentillesse à  mes nombreuses interrogations sur cette profession que je venais d’embrasser. Quatre décennies plus tard cette première discussion résonne toujours à mes oreilles et je suis heureux de vous la faire partager ….

 

Publié dans le numéro 158 de BEST sous le titre:

jaime_regarder_les_filles-patrick_coutin-1981

J’AIME ÉCOUTER COUTIN

 

Patrick Coutin, vous avez dit Coutin ? Là, je vois pas… mais si, juste un petit effort. Un mec brun, les cheveux fous, tenue distraitement négligée et un LP, « Coutin », à son actif. Si vous avez quelque mémoire, poussez donc le bouton « rewind » et visualisez  un  rien  :  Coutin,  ex-reporter  rock  et  nouveau  balladeur’n’roll  a  essayé  avec  moi  le  steack  de  saumon  surgelé,  si  vous  en  voulez  un  morceau,  faites  comme Patrick, nouez votre Sopalin autour du cou et passez donc à table…

Coutin  Patrick  a  eu  pas  mal  de chance  dans  son  adolescence et,  surtout,  celle  de  pouvoir rêvasser, glander un peu. Une vie d’étudiant qui se prolonge parce qu’il a appris à  se  faire à son rêve. Jamais levé avant  11  h du  mat’, Patrick avoue que c’est le seul mode de vie qui puisse le conserver en vie. Ensuite, notre Coutin s’est   transformé   en   Coutin-voyageur. Valse  des  étiquettes  sur  ses  valises: Rome,  le  Maroc,  l’Angleterre,  le  Mexi­que  et,  surtout,  les  States.  Au  moins  400 millions de kilomètres au compteur sans exagérer, ou à peine. Après un an de vie commune, il a largué  LA  pour  revenir  en  Europe.

« La faim m’a poussé à écrire » m’a-t-il avoué, « dès que je suis rentré à Paris, première  chose  :  j’ai  tenté  de  faire  un groupe  pour  concrétiser  un  peu  toute la musique que j’avais accumulée dans ma  tête;  deuxième  chose,  j’ai  ensuite réalisé  que  ça  faisait  six  mois  que  je n’avais  pas  gagné  un  rond  ;  troisième chose : je me suis décidé à pousser la porte d’un canard de Rock (and Folk) ».

Et voilà pourquoi son groupe est baptisé « Reporter »… Main­ tenant,  c’est  lui  qui  accorde  des  interviews et c’est drôle parce que Patrick a beaucoup  plus  l’expérience  de  l’interview  que  la  plupart  des  ex-confrères qui  l’interrogent.  Cela  donne  parfois des résultats assez surprenants dans le style  arroseur  arrosé  !  Dans  ce  cas,  il vaut mieux le laisser s’exprimer :

Patrick Coutin« Le rôle  de  l’artiste  est  aujourd’hui sous-valorisé. On lui refuse jusqu’à présent  sa  fonction  de  novateur,  de  critique, de grande gueule, de fou, pour en faire  une  image  qu’on  éloigne  le  plus possible des gens par le succès ou par tout autre moyen, la dope, les filles, ou je  ne  sais  quoi,  le  comprends  que  la morale  bourgeoise  ait  longtemps  été contre le sexe, par exemple, parce que, pour  des  raisons  de  productivité,  il valait  mieux  que  les  mecs  ne  passent pas  tout  leur  temps  au  pieu.  Si  on  a évolué  sur  les  mœurs  depuis  30  ans, par  contre,  du  côté  des  idées  artistiques et musicales, c’est encore le temps des crinolines. Tant qu’on ne reconnaitra   pas   notre   utilité,   rien ne pourra  avancer…».

J’en  profite  pour  glisser  une  perfide question sur le côté sexiste de son LP (à mon avis), mais la bête se défend :

« Ma liberté d’être un homme ne pourrait pas exister sans celle des femmes. Elles  m’intéressent  dans  leur  corps  et dans  leur  tête:  les  femmes  m’intéressent  totalement  « J’aime  regarder  les filles », je l’ai écrite en studio, l’été dernier, à Paris, alors que je n’avais pas pris de vacances depuis deux ans. Ces filles, je ne les regarde pas d’un œil lubrique. C’est  dans  ma  tête  un  symbole  de soleil, de fête, de liberté, je n’ai jamais encore vu une fille se retourner sur moi pour me dire « Hé, arrête de me regarder ». C’est un regard simplement disponible,  on  n’est  pas  obligé  de  gêner ou d’agresser les gens avec son regard. Ainsi,  si  nous  étions  capables  de  faire les choses sans les culpabiliser, on vivrait  dans  des  maisons  transparentes. Pendant  longtemps,  dans  la  musique, on s’est contenté du « / love you ». La seconde  étape,  c’était  «  Salut,  on  se quitte   ».   Troisième   étape,   c’est  celle que nous vivons, le sexe travesti. On te dit « Regarde cette fille » comme on dit « Regarde cette bagnole ». C’est nul ».

Patrick vit encore chez sa maman… ou c’est elle qui vit chez lui, puisque toute la  famille  est  regroupée  en  une  sorte de  coopérative.  De  son  passé  anar,  il lui   reste   encore   ce   qu’il   appelle   sa « maladie de l’auto-assumance » :

«  Je  rêve  d’une  société  idéale.  C’est  à

Coutin 1982-by-alain-gardinier

Coutin 1982-by-alain-gardinier

dire   où   l’on   protège   un   peu   moins l’individu  et  où  on  lui  donne  aussi  un peu plus de chances de vivre vraiment. Il faut à tout prix tenter de réaliser ses folies ».

J’ai  rencontré  P.C,  la  première  fois, dans les caves humides et rock-parisiennes du Gibus. Nous avons passé, par  la  suite,  un  certain  nombre  de soirées  à  discuter  autour  du  flipper. Coutin tentant de me convaincre que, si j’avais choisi d’écrire sur la musique, c’était pour mieux continuer à glander. Et  il  en  parlait  en  connaissance  de cause.  Après  ses  années  passées  à écrire  sur  les  autres,  aujourd’hui,  ce sont les autres qui grattent sur lui. P.C est  heureux  parce  qu’il  semble  avoir gagné son pari ; tous ceux (et ils sont nombreux) qui ont tenté de prévoir sa chute proche, se sont plantés en beauté. Si le disque de Patrick, c’est vrai, n’est pas un disque de rock au sens étymologique  du  terme,  je  n’en  ai strictement rien à cirer. C’est avant tout un disque que j’écoute, au moins régulièrement. Le  problème  aujourd’hui  pour  P.C, c’est de monter un groupe qui tienne vraiment  le  coup  et  de  prendre  la route. S’il parvient à tenir ses promesses, je crois bien que le jeune Coutin n’a pas fini de nous surprendre. Sur un bout de papier, Patrick a noté ses rendez-vous juste avant son départ en vacances. Il fouille un peu partout dans ses poches sans parvenir à mettre la main dessus. Bordèlisme et distraction sont les deux mamelles de Cou­tin : elles contribuent aussi à son charme. Souhaitons seulement que les gros poissons polyvinylés ne nous le dévorent pas…

 

Publié dans le numéro 158 de BEST daté de septembre 1981BEST 158

PATRICK COUTIN EN TOURNÉE 2022

4 Juin Romilly Sur Seine, Concert en plein air

12 Juin Piennes, Festival PLM

16 Juillet Le Quesmoy; Brasserie de l’Avesnoy

6 Aout Carpentras, Festival

9  Septembre La Rochelle, Crossroad

10 Septembre Duran, Le son de la nuit

27 Septembre paris, la Dame de canton

 

 

 

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