DURAN DURAN « Danse Macabre »
C’est vrai, j’avais adoré leur précédent CD, cet excellent « Future Past » publié voici deux ans et, avec cette surprenante « Danse Macabre », Duran Duran nous offre un subjuguant concept album, sur le thème le plus central de ce jour, soit Halloween. En effet, Simon LeBon et sa bande ont décidé de sortir ce disque voué au culte d’Halloween, constitué d’un mélange hétéroclite de reprises en lien direct avec le sujet, des Stones à Billie Eilish, en passant par Siouxsie et les Talking Heads, boosté de quelques covers choisis et autres inédits du groupe de Birmingham. Et ce mélange se révèle juste explosif, une « Danse Macabre » irrésistible, constituant sans doute l’un des albums les plus cruciaux du moment.
1981-2023… non ce n’est pas une épitaphe, bien au contraire, juste la durée exceptionnelle de ma relation musicale avec Duran Duran, dont j’avais chroniqué le tout premier LP dans les colonnes de BEST en octobre 1981 (Voir sur Gonzomusic DURAN DURAN « Duran Duran » ). De même, voici deux ans, j’avais adoré leur « Future Past » analysé sur ce site ( Voir sur Gonzomusic DURAN DURAN « Future Past » ). C’est dire si j’ai découvert ce nouvel et surprenant album d’une oreille particulièrement attentive. Déjà, le concept CD Halloween semble totalement original, l’idée ayant germé l’an passé durant un concert donné à Las Vegas, justement le jour de cette fête terrifiante. Dés le premier titre, une reprise de leur propre chanson « Night Boat » qui ouvrait la face B de leur tout premier LP l’éponyme « Duran Duran », le groupe affirme sa couleur, forcément noire comme la nuit. Puis c’est au tour de l’inédit funky « Black Moonlight », composé et interprété avec ce bon vieux Nile Rogers (Voir sur Gonzomusic CHIC… MA PREMIÈRE RENCONTRE AVEC NILE RODGERS… Part One et aussi CHIC… MA PREMIÈRE RENCONTRE AVEC NILE RODGERS Part Two ) de nous emporter dans son tourbillon sonic ; incontestablement le premier hit de cet album, qui n’en est pas avare. Le groupe revisite ensuite sa propre composition « Love Voodoo », qui figurait déjà sur leur second album baptisé « Duran Duran », sorti en 93 et qui devient ici « Love Vaudou », en Français dans le texte, titre funky au beat insouciant qui contraste avec le thème forcément terrifiant de cette macabre danse vaudou. Pour leur premier cover « hors Duran Duran » de ce projet, la bande à Simon nous surprend avec une reprise apocryphe de… Billie Eilish, « Burry A Friend » totalement différente de l’originale, en forme d’electro-spooky. Ici cela sonne presque comme un tube des … Sparks, et c’est certes dingue, mais carrément lyrique.
Surprise…. vous avez dit surprise, et pour le coup les Duran font très forts en reprenant carrément Cerrone, via son hit majeur « Supernature », et par la magie de l’alchimiste Duran le plomb disco se transmute en électro funky en or massif, aux accents particulièrement Morodoriens. Quant à la chanson titre « Danse Macabre », elle a les accents square-dance de « Buffalo Gals », le tube de McLaren, mais sur un beat aussi horrifiant que futuriste. Retour à l’auto-revisitation, avec leur « Secret Oktober 31st », qui figurait sur face B du single « Union Of the Snake » en 83 , avant d’encaisser la puissante reprise du myhique « Ghost Town » des Specials, toujours aussi exotique, mais considérablement ralentie en mode incantatoire. Avant de s’attaquer à du lourd… du très lourd même, avec le « Paint It Black » des Stones, réincarné de la plus terrifiante manière, et c’est aussi fun qu’efficace, sans doute l’un des hits majeurs de cette sarabande infernale. On connaissait le bon docteur Frankenstein, le voici en mode rock avec un Simon Le Bon dans le rôle du savant fou, puisqu’il greffe ici une composition de son second album « Rio », baptisée « Lonely in Your Nightmare », avec le « Super Freak » de l’ami Rick James, jadis piqué par l’affreux MC Hammer. Franchement, cela fonctionne admirablement bien dans cet hybride intitulé « Super Lonely Freak », tout comme le cover du « Spellbound » de Siouxsie And the Banshees. Mais c’est avec la reprise du légendaire « Psycho Killer » des Talking Heads qu’on atteint le point culminant du CD. Normal, la reprise déjà cinglante jouit dans tous les sens du terme de la présence de Victoria de Angelis, la sexy bassiste star de Måneskin, et l’on peut dire que là Duran Duran nous fait véritablement décoller. Les meilleures choses ayant hélas une fin, c’est la mélancolique, sombre et belle « Confession In the Afterlife » que s’achève cette enivrante «« Danse Macabre » et l’on se dit que décidément Halloween n’aura jamais été aussi festif…
Bonjour Gérard… Il me semble pourtant que Best n’était pas tendre avec Duran Duran dans les années 80… Mais tout le monde a le droit de changer d’avis… J’ai récemment relu tous les Best de cette époque, et dès qu’il s’agissait de Duran Duran, la mauvaise foi la plus criante était au rendez-vous… Or, on peut le dire sans trop risquer de se tromper : des groupes du niveau de Duran Duran, on n’en fait quasiment plus.
Merci pour cette belle chronique.