WELCOME TO WOODSTOCK
GBD et Zak Alister débarquent à Woodstock, la légendaire communauté hippie aux pieds des monts Catskill, qui a inspiré le fameux festival des « 3 jours de paix, de musique et d’amour » qui s’était tenu sur les terres du cool fermier feuj Max Yasgur voici exactement 50 ans… mais à plus de 100 bornes, à Bethel, Sullivan County. C’est pourtant Woodstock qui retient la lumière. Souvenirs rock, rencontres légendaires et pourtant impromptues, sans oublier une nature sauvage au programme.
« On a pris une sortie marquée Saugerties. Puis à l’ouest, sur la route 212, jusqu’à ce que nous tournions sur Pine Lane. Il était tard cet après-midi d’automne, les érables et les chênes brillaient en orange et rouge et je ne pouvais pas quitter du regard Overlook Mountain et le terrain escarpé. Dès ce premier jour, les Catskill m’ont rappelé les Ozarks et l’Arkansas, j’ai eu un choc recognitif. Arriver à Woodstock, c’était comme revenir à la maison. »
Levon Helm.
Le fondateur de the Band avait beau avoir poussé ses premiers cris en Arkansas, c’est au Canada, lorsqu’il rejoint les Hawks, le groupe qui accompagnait Ronnie Hawkins, qu’il commence à s’inscrire dans la légende. Le guitariste y rencontre ainsi ceux qui deviendront ses complices, Robbie Robertson et Rick Danko…avant que Dylan ne « kidnappe » cette formation pour qu’elle l’accompagne en tournée. Or au milieu des 60’s, notre Zim avait déjà choisi de s’établir à Woodstock, qui formait déjà depuis le début du XXé siècle une fameuse communauté d’artistes. Alors tout naturellement, Helm et ses potes canadiens ont suivi le boss, décidant à leur tour de se poser dans ce paysage vertigineux de moyenne montagne.
Vous connaissez tous la suite de l’histoire, les ex-Hawks se métamorphosent en the Band, enregistrent leur fondateur « Music from Big Pink » dans leur maison de bois à Woodstock et signent avec Albert Grossman, qui manageait déjà Dylan, mais aussi Joplin, John Lee Hooker, Peter Paul & Mary Richie Havens. Or c’était déjà Grossman qui avait fait venir Dylan pour qu’il s’installe à Woodstock. Plus précisément dans la localité proche de Saugerties. C’est d’ailleurs la propre maison de Grossman que l’on peut découvrir sur la pochette du « Bringing It All Back Home » de Dylan. C’est le même Grossman qui fondera en 1969 avec son pote Todd Rundgren le studio- label Bearsville records situé dans les faubourgs de Woodstock. C’est donc cet « esprit Woodstock » qui est à la base du mythique festival qui s’est tenu les 15, 16 et 17 aout 1969 dont on célèbre le demi-siècle cette année… dans une certaine confusion ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/pour-ses-50-ans-deux-woodstocks-sinon-rien.html. Et aussi https://gonzomusic.fr/le-woodstock-50-a-du-plomb-dans-loeil.html.Sans oublier https://gonzomusic.fr/to-woodstock-or-not-to-woodstock.html ). Faute d’avoir trouvé le parking à temps et après des heures de détours dans ce joyeux paysage montagnard, Zak et moi avons dû renoncer à assister au Mountain Jam festival qui avait lieu voici quinze jours à Bethel, sur le site originel de la ferme de Max Yasgur où s’était tenu Woodstock. Dommage, car nous avons raté le clou du festival, Promise of the Real, le groupe génial de Lukas Nelson, le fils de Willie qui a, excusez du peu, accompagné Neil Young depuis deux ans et qui signe tous les titres du film multi-oscarisé « A Star Is Born » pour Bradley Cooper et Lady Gaga. Son second et excellentissime album « Turn Off the News ( Build a Garden) “ est sorti depuis le 14 juin et nous en reparlerons bientôt ici.
Back to Woodstock et sa rue principale de petites boutiques néo baba bobo de bois blanc qui évoque étrangement sa cousine californienne, Carmel au sud de San Francisco. T shirts, gris gris et petites galeries d’art occupent l’espace. À Woodstock, on croise des freaks de tous poils, de tous âges aussi, qui semblent s’être échappés d’une faille spatio-temporelle et on se dit alors que Donald Trump a dû remporter bien peu de suffrages dans la région. Paradis hippie, nid à gauchos ou tout simplement havre de paix, il règne ici une véritable sérénité. C’est aussi un havre de paix où nombre d’artistes et de héros de la musique sont venus se réfugier aux pieds des Catskill. C’est ce qui a sauvé Marshall Chess, l’héritier du plus fameux label de blues, après les nombreuses addictions de ses longues années à la tête de Rolling Stones Records ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/marshall-chess-le-dernier-nabab-du-blues-part-one.html. Et aussi https://gonzomusic.fr/marshall-chess-le-dernier-nabab-du-blues-part-two.html ). Woodstock, ou plus précisément Phoenicia à 25 km a secouru Marshall, l’éloignant de tant et tant de tentations killeuses.
C’est dans ces montagnes sauvages et auprès de sa famille que l’immense producteur de- entre autre- l’iconoclaste « Electric Mud » de Muddy Waters a trouvé sa Rédemption. C’est dans un « Diner » de l’Amérique intemporelle que Zak et moi retrouvons Marshall pour ce qui constitue sans doute le plus mémorable des brunchs. Et pourtant en 40 piges je peux me vanter d’avoir partagé la table de nombre d’artistes passionnant. Mais Marshall c’est différent. Nous restons scotchés à ses histoires mythiques. Il faut se souvenir qu’à sa Bar Mitzvah en 1965, son père Leonard Chess avait commandé son costume sur mesures au tailleur de Bo Diddley . Marshall à tout juste 13 ans entrait donc déjà dans la peau d’une star du blues. Des fulgurantes années Chess à son dernier projet excitant d’un « Electric Mud » Mark II en blues pour le XXIé siècle avec l’excellent Bernard Fowler derrière le micro. Les paroles de Marshall nous racontent une histoire du rock sans concession, une histoire qui nous hypnotise littéralement.
Il évoque très cash sa relation avec son père Leonard et son oncle Phil, avec ses cousins, comme la fin du label de Chicago avalé par son propre fabricant de cassettes. On évoque les Stones bien entendu, son album fétiche le live « Get Yer Ya-Ya’s Out » qui a inauguré sa relation avec la bande à Jagger et on arrive à Nellcote, à côté de Villefranche où « Exile On Main Street » a été capturé avec tant d’excès. Et à son amour de la France où tant d’années durant Marshall est allé au MIDEM prendre la température du music biz. Comme le repliquant de « Bladerunner », les yeux bleus de Marshall Chess ont vu tant de choses incroyables ! Bien évidemment on parle weed, un sujet qu’il connait tout particulièrement. Et de son tout dernier projet, son nouvel « Electric Mud » pour le moment intitulé « Chess Moves », une fulgurante collection de blues mutant qui allie à la fois tradition de Chicago et modernité d’un funk boosté par la génération DJ pour une musique aussi envoutante que mutante dont nous reparlerons bientôt sur ce Gonzomusic.
De retour vers Woodstock, une jeune biche croise notre route, nous rappelant qu’une faune aussi diverse que sauvage peuple ces Catskill. Dans notre Air B&B, on nous avait alertés sur le danger que pouvaient représenter les ours nombreux dans la région : « Surtout, ne laissez aucune nourriture dehors. Et si vous faites un BBQ, songez à rentrer la grille pour la laver car sinon les ours rappliquent ! ».
De bien étranges animaux peuplent ces forêts profondes comme les fisher cats, en français Martre Pekan, quadripede sauvage aux dents très acérées qui font jusqu’à 1,2 à 2 M et qui pèsent parfois près de 10 Kg. Le fisher cat peut se montrer particulièrement agressif. Plus terrifiant encore, voici le coywolf, le coyloup en français dans le texte, lequel comme son nom l’indique est un croisement forcément incestueux entre le coyote et le loup. C’est du côté de l’activité humaine qu’il faut chercher pour trouver l’origine de ces hybrides. Les premiers coywolf sont apparus au Canada dans les années 20 et ils ont manifestement depuis étendu leur territoire. Avec sa fourrure de loup sur les flancs et des pattes au poil ras de coyote, notre coywolf pèse près de 20 kg et croiser sa route n’est certes pas une priorité.
Cependant au nom du rock, nous sommes prêts à braver tous les dangers de la foret pour nous rendre à l’atelier de Robin The Hammer. Incroyable personnage, ce joaillier hors du temps a l’air de sortir tout droit de GOT ou de la saga du « Seigneur des anneaux ». Robin est réputé pour avoir conçu la fameuse croix d’or et d’argent inlassablement portée par Billy Idol dans ses vidéos…mais aussi les récompenses décernées chaque année aux meilleurs weeds consacrées par la très sérieuse Cannabis Cup d’Amsterdam. À cette occasion, Robin s’y produit aussi régulièrement avec son groupe de blues, the Five Points Band. Niché en pleine nature, son antre ressemble un peu à l’atelier des 7 nains dans Blanche Neige. Aussi massif que jovial, de ses doigts énormes Robin parvient à créer d’incroyables bijoux médievalo-cools avec une vertigineuse minutie. Il suffit de consulter son site http://www.robinthehammer.com/ et de voir ses réalisations pour s’en convaincre. Robin s’adapte aussi aux vœux les plus divers, réalisant sur mesure de petits chefs d’œuvres, bagues, pendentifs ou autres bijoux, qui défient le temps dans tous les sens du terme. Et justement deux habitués de l’atelier nous rejoignent. Deux femmes à l’air cool, une plus grande blonde aux cheveux courts et la seconde, plus petite, aux cheveux rouges sous un chapeau. Et, tandis que la première évoque un bijou avec Robin, je me lance dans une conversation banale avec la seconde genre: mais quel restaurant nous conseillerais-tu ? Elle finit par ôter son couvre-chef et révéler ses longs cheveux rouges. J’aurais dû percuter à ce moment-là. Notant mon accent frenchie, elle m’explique qu’elles partent bientôt en tournée qui passera justement par la France, à l’Olympia. Et là, le music-critic pose LA question de trop : « Mais avec qui partez-vous en tournée ? ».
Erreur 404. J’avais déjà vécu cela deux fois auparavant et c’est toujours aussi embarrassant. La première fois, c’était au tout début de ma carrière quand je n’avais pas reconnu Jacques Higelin, qui était le plus cool des hommes et que cela avait beaucoup fait marrer. La seconde fois, c’était un peu la honte, je dois l‘avouer. Assis dans un avion d’Air France, bloqué par une grève des bagagistes qui s’étaient couchés sur le tarmac, j’étais à côté d’un anglais et pour passer le temps nous avions ce dialogue surréaliste à la « Cantatrice chauve » :
« -Alors vous allez à Nice aussi ?
– Oui à Saint-Tropez.
-Ah vous allez aussi assister au Festival du vidéoclip. »
Et LA question GBD qui tue : « heu vous faites quoi dans la vie, au fait ? ».
« Je suis chanteur dans un groupe de rock » m’avait-t-il répliqué. « Heu…moi je suis music critic ! ». C’était ce bon Simon LeBon, chanteur de Duran Duran de son état, qui cartonnait à donf avec son « Rio ». Le bon Simon ne m’en a pas voulu, la preuve il m’a invité à prendre un verre à bord du yacht amarré sur le quai de Saint Tropez que leur label EMI avait raqué pour la promo. Et là, à Woodstock, c’était encore pire puisque, car c’est bien d’ELLE dont il s’agit, j’avais déjà interviewé DEUX fois les B 52’s. la première fois pour BEST en 1983 en amont de « Whammy » le 3é LP du groupe d’Athens. Le cool Ricky Wilson était encore parmi nous. Mais surtout, voici un peu plus de 10 ans, en 2008 j’avais retrouvé mes B 52’s pour leur tout dernier album l’excellent et bondissant « Funplex »…où se cheveux étaient roux. Cependant et à ma charge, j’avais zappé un épisode essentiel de la vie de Super-Kate, son tout premier album solo intitulé « Guitars and Microphones…où justement sur la pochette ( voir ci dessous) ses cheveux étaient effectivement écarlates. Bref, et malgré sa coloration, franchement, ce benêt de GBD aurait vraiment dû immédiatement reconnaitre Kate Pierson, la chanteuse du groupe. Gag ! Je l’imaginais en fait plus vivre en Georgie qu’à Woodstock. Erreur ! Je lui demande tout de même quand allaient-ils donner un petit frère à l’excellent « Funflex » et nous ravir d’un nouvel album ? « Après la tournée qui sait », réplique-t-elle avec un petit sourire. Kate n’est vraiment pas rancunière, puisque je suis tout de même invité à son show. Thanx & kisses…
Les B 52’s seront en concert à paris à l’Olympia, le 5 juillet prochain.