Le Woodstock 50 a du plomb dans l’œil

logo-woodstock-50Malgré ses 50 années de préparation, le concert anniversaire est carrément à la bourre. À l’approche du 50e anniversaire de Woodstock, le plus célèbre festival de rock au monde, en août prochain, son promoteur Michael Lang s’est récemment retrouvé dans la même galère qu’à l’été 1969 : manque de temps, de partenaires…et de spectateurs, pour jouir de ces nouveaux jours de paix, d’amour et de zique. 

logo-woodstock-50Une semaine après la mise en vente des billets le 22 avril (Jour de la Terre), les autorisations locales et de l’État pour exploiter le site de concert à Watkins Glen, N.Y., n’avaient pas été approuvés, et Superfly, la société que les investisseurs avaient engagée pour produire Woodstock 50, voulait réduire de moitié le nombre de spectateurs pour des raisons de sécurité – de 150 000 à 75 000 – rendant ainsi presque impossible la réalisation d’un quelconque profit. Pendant ce temps, Dentsu, la société japonaise qui finance le festival de 2019, s’inquiétait pour les 30 millions de dollars versés en mars à environ 80 groupes, dont les Imagine Dragons, The Killers, Miley Cyrus ou encore Jay-Z. Une programmation bien loin de la liste des vœux de Lang pour son Woodstock 50, lui qui rêvait de programmer des stars telles que Paul McCartney, Billy Joel ou encore un Led Zeppelin reformé. Bien que Lang ait réussi à booker Dead & Company ( les Grateful Dead survivants), John Fogerty et Santana, il ne pouvait pas compter sur ces vétérans de Woodstock pour attirer les foules : Dead & Company avaient déjà intensément tourné, tandis que Fogerty et Santana de produisaient également au concurrent, Live Nation Woodstock, le même week-end, sur le site du concert original de Bethel Woods, New York.

 

Puis, sans crier gare, le 30 avril, Dentsu a mis fin à son engagement dans le festival, prétextant de lourdes pertes financières et annonçant dans un communiqué :  » Nous ne croyons pas que la production du festival puisse proposer un événement digne de la marque Woodstock, tout en assurant la santé et la sécurité des artistes, partenaires et participants « . Lang a immédiatement contre-attaqué, arguant que Dentsu n’avait pas le droit d’annuler le festival, assurant que le spectacle se poursuivra. Cependant les agences de talents d’artistes jugent que leurs artistes ne se produiront probablement pas au festival. L’implosion potentielle de Woodstock 50 met en évidence les difficultés croissantes auxquelles sont confrontés les promoteurs de concerts indépendants, alors que les géants Live Nation et AEG continuent de consolider leur pouvoir, s’emparant de rivaux plus petits pour faire monter les  enchères sur les budgets cachets d’artistes et production. Michael  Lang avait pourtant planifié son 50e anniversaire depuis 2014. Il voulait l’organiser à Watkins Glen International, un circuit de vitesse à plus de quatre heures au nord de New York, mais les baby-boomers nostalgiques de l’époque de Woodstock n’auraient sans doute pas ni l’envie, ni la santé pour galérer jusqu’au comté de Schuyler (18 000 habitants) pour se lancer dans un camping  improbable, sans hôtels ni  Airbnbs dispos à proximité.Lang

Lang avait pourtant sa vision : un rassemblement massif, le week-end anniversaire, combinant la musique avec des causes de justice sociale et un message pour sauver la planète. Woodstock 50 intervient après plusieurs tentatives antérieures, d’abord en 1994, lorsque 500 000 spectateurs se sont présentés à un concert chaotique où étaient prévues 165 000 personnes ; puis en 1999, lorsque la débâcle du festival a été diffusée en live et direct à la télévision. Lang a contribué à ces deux éditions, bien qu’il affirme que les émeutes et les dommages du Woodstock 1999 étaient le résultat de l’implication de MTV. Cette fois, Lang aurait largement surestimé les capacités de son Festival, mais pour des raisons évidentes de sécurité, en baissant le seuil de fréquentation, donc le nombre de billets, les recettes prévisionnelles s’en retrouvent hélas forcément impactées. Quant aux bénéfices éventuels…Un représentant de Lang et son partenaire de Woodstock 50, Greg Peck, auraient tendu la main à Live Nation et à AEG pour un renflouement de 20 millions de dollars, une proposition que les deux sociétés ont rejetée. En plus du manque de temps, le budget que Lang et Peck a été plombé. Lang avait affirmé que l’événement pouvait générer un profit de 15 millions de dollars, sur un budget global de 100 millions de dollars, sauf qu’aucun festival ne réalise un profit de 15 millions de dollars ; la plupart accusent même un déficit de plusieurs millions la première année.

LangDésormais, Lang affirme pouvoir lever 30 millions de dollars d’ici au 17 mai au plus tard, pour sauver son festival. Cette semaine, il aurait déposé une sommation pour forcer Dentsu à rembourser près de 18 millions de dollars de fonds qu’il allègue avoir été  » détourné  » d’un compte utilisé par les organisateurs. Même dans l’hypothèse où il parviendrait à obtenir ses autorisations et à confirmer ses contrats d’artistes, demeure un problème majeur : celui de convaincre les fans  d’acheter leurs billets… et de se taper le trekking dans le nord de l’État. À moins de trois mois de la date fatidique, il faudrait écouler 75 000 billets ce qui ressemble à une mission impossible. Bref, il semble que la célébration des 50 ans de Woodstock par son promoteur ait pas mal de plomb dans l’aile.

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