DEUX STONE, DES ROLLING STONES ET LA CITÉ DES ANGES
Il était tout juste 21h hier soir au Sofi Stadium, dans l’immense vaisseau spatial posé à Inglewood, au sud de Los Angeles, lorsque les Rolling Stones sont apparus, après que fût prononcé le traditionnel « Ladies and gentlemen…the RS ! » et juste avant d’attaquer par le bien nommé « Start Me Up » qui démarre à peu près tous leurs shows depuis sa sortie à l’aube des 80’s. Vingt titres cruciaux, dont un record de trois vocalisés par Keith, pour un peu plus de deux heures d’un concert juste dantesque, où « le plus grand groupe de rock and roll du monde » s’amuse toujours autant à nous surprendre, par le choix de sa set-list mais aussi, comme ce soir, par un son résolument rock, lorsqu’on les attendait plutôt du coté funky de la Force. Live report from LA…
De notre Envoyé Spécial à Los Angeles
En fait, tout a commencé fin juin, le samedi 29 pour être précis, par un concert des Stone… soit Angus & Julia STONE, donné dans le vieux Orpheum Theater downtown LA, un ancien cinéma des années trente, transformé en salle de concert, un peu à la manière de notre cher Grand Rex parisien. Si j’avais adoré le projet parallèle d’Angus Stone, lorsqu’il se produit sous son alias de Dope Lemon ( Voir sur Gonzomusic ), j’avoue avoir été quelque peu déçu par son concert avec sa sœur. Certes Julia parvient à nous surprendre en exhibant un instrument ou un autre, trompette ou harmonica, cependant le résultat est un peu englué dans une pop mélasse, aux accents incroyablement Carpenters dans des interprétations souvent trop scolaires et très proches versions des albums-studio. Pourtant, les Australiens semblaient ravis de retrouver leur public Californien, après bien des années d’absence. Mais rien n’y fait, le show de décolle pas et ces Stone-là se révèlent bien décevants. Heureusement, un peu plus de dix jours plus tard, les Stones, les vrais cette fois, viennent drastiquement relever le niveau coté performance. Après une arrivée particulièrement cool, dans cet immense stade de près de 100.000 places, où les entrées sont si fluides jusqu’à son siège, qu’on en vient à rêver pareille performance dans les stades Français… à mon avis un vœu pieu…
Mais avant de tout vous raconter sur le super-show de nos pierres qui roulent, laissez-moi d’abord vous parler de The War And Treaty, fantastique duo mari et femmes, à l’instar d’un Womack and Womack ou d’un Amadou et Mariam et surtout surtout d’un Ike and tina Turner à la grande époque de « River Deep Mountain High ». Si au début, attaquant leur set en plein jour avec une balance déficiente, le son était carrément mauvais, au fur et à mesure de leur impressionnant concert de 45 minutes – une durée exceptionnelle pour un groupe d’ouverture- leur son prend forme et finit enfin par s’imposer. Il faut dire que The War And Treaty sont au moins dix sur scène, dont une violoniste, pour un cocktail musical incroyable aussi bluffant qu’un concert de the Roots par exemple. Voici 45 ans j’avais eu le privilège d’assister au premier grand show des Red Hot Chili Peppers qui ouvraient pour les Sparks au Hollywood Bowl, j’aime à croire que dans dix ans je serai fier de raconter ce tout premier envol de The War And Treaty. Michael Trotter et son épouse Tanya dialoguent en puissant soul funk jazz groove blues majeur et c’est juste irrésistible. Par conséquent, après une telle performance, on n’a qu’une envie c’est se tourner vers la discographie du couple riche de quatre albums depuis leur signature par Universal… Nashville.
Après un long entracte, où l’on a le temps de découvrir sur l’Instagram des Stones les dernières péripéties de Mini Mick, le fils de Jagger, Deveraux agé de sept ans, petit blondinet trop craquant, lorsqu’il imite à la perfection les mimiques de papa Mick en train de se dandiner, les lumières du spaceship Sofi s’éteignent enfin et, à travers le plafond translucide, on aperçoit les avions en approche de l’aéroport LAX tout proche. L’environnement « Hackney Diamonds », titre de leur dernier album emplit l’immense écran en trois partie qui occupe tout l’espace derrière la scène et, après une courte animation, une voix de stentor prononce les mots tant attendus par le public : « Ladies and gentlemen…the Roling Stones ». Et tandis que résonnent les premiers accords de « Start Me Up », la bande à Jagger Richards et Wood investit la scène. Et si la majorité des titres de la set-lits ce soir sont plutôt millésimés 60’s et 70’s, ils ne craignent pas de nous surprendre, en enchainant un titre des 90’s qu’on n’a pas l’habitude d’entendre en live, « You Got Me Rocking » extrait du « Voodo Lounge » de 1994, avant de revenir aux fondamentaux avec un « It’s Only Rock And Roll » juste incendiaire, la chanson-titre de leur 10éme LP de 1974. Et c’est là où l’on comprend que les Stones s’amusent comme des petits fous ensemble, mais qu’ils s’amusent également à nous surprendre, nous leur public, qui les suivons assidument depuis toutes ces années. Car après les concerts de 2021 et l’arrivée de Steve Jordan à la batterie, la présence du bassiste Daryl Jones et des choristes black, les Stones étaient bien partis pour devenir un super groupe de funk.
Pourtant, trois ans plus tard et le live de ce soir, il parait évident que le band a procédé à un sérieux rééquilibrage sonic, penchant cette fois de manière parfaitement assumée pour un retour au rock and roll et au blues. Un retour même carrément couillu, comme un clin d’oeil à la « bite » chevauchée par Mick et qui éjaculait ses jets de confettis sur les scènes des 70’s, le proscenium où danse et chante Mick au milieu du public a parfaitement le look d’une…bite sacrément burnée de ses deux couilles et je pense que cela constitue bien un choix parfaitement assumé. Et si l’on pouvait en douter, la preuve par cette hallucinante interprétation de « Midnight Rambler » carrément volcanique de plus de quinze minutes, incroyable… du jamais entendu à un concert des Rolling Stones où le titre a tout de même été joué 730 fois depuis leurs débuts ! La grande nouveauté quand même de ce « Midnight Rambler » 2024 c’est qu’ils ont incorporé un couplet de « Hellhound On My Trail » de Robert Johnson dans le break. Comme leur version de « Love In Vain » de 69… Puis c’est au tour de « Angry », le single du dernier « Hackney Diamonds », de sonner dans le stade. En tout, avec « Mess It Up », « Tell Me Straight » et « Sweet Sounds Of Heaven », ce ne sont pas moins de quatre compositions du dernier album à s’inscrire dans cette set-list, ce qui est assez rare pour être noté. Tout comme les TROIS chansons d’affilées vocalisées par Keith, un record pour un concert des Stones, avec « Tell Me Straight », « Little T& A » extraite de « Tatoo You » et « Before They Make Me Run » de « Some Girls » Le guitariste longuement salué par son public parait particulièrement ému ce soir. Puis Mick Jagger reprend la barre pour un diabolique « Sympathy For the Devil » où les oooooh oooooh du public lui répondent en chœurs.
Bien entendu il n’y a à peu près que des hits joués ce soir, un « Honky Tonk Women » au blues rugueux, le fulgurant « Midnight Rambler », évoqué plus haut, un « Gimme Shelter » en soul duo torride entre Mick et sa choriste Chanel Haynes, véritable Tina Turner en puissance- d’ailleurs les Rolling Stones l’ont castée après sa volcanique performance en Tina Turner dans le show Broadway « The Tina Turner Musical »-, un « Paint It Black » incendiaire, avant un « Jumping Jack Flash » électrique comme un coup de foudre et forcément bondissant qui clôt le show… avant le traditionnel rappel, constitué du funky en diable « Sweet Sounds Of Heaven » et du joyau des joyaux, l’hymne des Rolling Stones depuis 1965, « Satisfaction ». 46 ans après mon tout premier concert du groupe British à l’horrible Anaheim Stadium au son de béton en 78, dans la foulée de la sortie de « Some Girls », et trois ans après leur dernier show dans ce même Sofi Stadium, pour mon troisième show des Stones à Los Angeles, ce retour vers le futur vibre incroyablement rock and roll et l’on se sent littéralement empli de gratitude à l’égard de nos bons vieux tontons de près de 80 balais, car à force de partager leurs concerts, ne font-ils pas partie intégrante de nos familles respectives ?. Et en sortant de ce show dingue, le sourire un peu béat aux lèvres, signe d’une intense et incontestable « satisfaction », l’on n’a donc qu’une seule et unique envie : celle de les retrouver next year, sur nos scènes européennes pour le « Hackney Diamonds Tour 2025 »… keep on rocking… keep on dreaming… boys !