LES NOUVELLES AVENTURES DE BOB (MORANE) GELDOF

Bob GeldofVoici 41 ans dans BEST, GBD rencontrait celui qui n’était pas encore Sir Bob le preux chevalier de l’humanitaire global, mais juste Bob Geldof, rocker particulièrement attachant et chef suprême du fameux gang rock de Dublin, the Boomtown Rats. Et ce printemps 1982, Bob et ses Rats revenaient d’une hallucinante tournée qui les avait menés jusqu’en Inde avant d’enflammer, en aventuriers du son, la mythique scène de l’Hammersmith Odeon pour y célébrer la publication de leur LP  « V Deep ».

Bob Geldof

Bob Geldof by Lynn Goldsmith

En ce temps-là, Christian Lebrun, notre vénéré rédac chef de BEST, affectionnait les calembours et celui-là, en guise de titre pour mon interview de Bob Geldof était assez réussi ma foi : le Ratjah parfait télescopage de (Boomtown) Rat et de rajah. Quant au futur Sir Bob, certes il n’avait pas encore inventé ni Band Aid- jeu de mot entre pansement adhésif et « le groupe de rock qui vient en aide » – de « Do They know It’s Christmas ? » ( publié le 3 décembre 1984) ni « We Are the World » ( publié le 7 mars 1985) ni « Live Aid » ( 13 juillet 1985) non plus – ,bien entendu. Mais il est le chanteur leader d’un groupe irish bien allumé qui venait de sortir « V Deep », son 5ème 33 tours ( Voir sur Gonzomusic THE BOOMTOWN RATS « V Deep »   et aussi  THE BOOMTOWN RATS “Mondo Bongo”). Cependant, le fameux natif de Dùn Laoghaire dans le comté de Dublin était déjà une sacrée grande gueule, la preuve par son attaque frontale de ses collègues the Police pour leur « Police Around the World » ( Voir sur Gonzomusic THE POLICE « The Police Around the World » et « Greatest Hits » ) durant l’interview qui suit. Il n’empêche, Bob Geldof était déjà un sérieux animal qui méritait d’être apprivoisé, la preuve par cette deuxiéme rencontre pour son role de Pink dans « The Wall » d’Alan Parker ( voir sur Gonzomusic ALAN PARKER ET LA FACE CACHE DE THE WALL ). Rencontre avec le nouveau Bob Morane rock. Flashback…

Publié dans le numéro 167 de BEST sous le titre :

LE RATJAHBob Geldof

Bob Geldof est un personnage extrêmement volubile. Ce type n’arrête pas de tchacher, en brassant l’air de ses doigts raffinés. Je l’avais déjà croisé, l’an passé, au Venue, pour un concert de Dexys et j’avais été séduit par ce type qui porte si bien son ego à bout de bras. One man show et permanent, Bob Geldof est bien plus fou que la musique des Boomtown Rats. Cette fois, l’entretien se déroule en intérieur backstage de l’Hammersmith Odeon. Néons et tabac froid, Geldof, en satin vert sur fauteuil sixties rouge vif, attaque sur le récit de sa dernière expédition aux Indes :

: « Mettons les choses au point, ce voyage n’avait strictement rien à voir avec celui de Police. Ça n’est pas moi qui l’invente. Un journaliste indien m’a raconté leur trip : ils n’ont passé que 48 heures en Inde et ils sont restés bouclés dans leur suite du Taj-Mahal Hôtel à palabrer sur les joies de la vie à Newcastle. Moi, au contraire, je voulais voir le plus de choses possibles.  Je suis un bon petit mec de l’Occident élevé dans la facilité, j’avais besoin de me retrouver confronté aux contrastes. La claque des extrêmes, la chaleur, les odeurs dans ce système qui ne fonctionne que grâce à la corruption. J’ai adoré l’Inde parce que toutes ces sensations nouvelles étaient comme autant d’aiguillons pour mes sens. C’était complètement motivant de se retrouver face à un public qui n’a jamais vu de concert rock, parce que son revenu annuel tourne autour de 1 000 F ( 150 €) . Je ne me fais pas d’illusion, ils ne sont pas venus parce que nous étions les Boomtown Rats, matez un peu comme nous sommes stars en Inde. Pas du tout, ils n’avaient pas la moindre putain d’idée de ce qu’on était, mais ils sont venus. Et c’était super, même si pour nous, c’était aussi un challenge, dans la mesure où nous avons débarqué les mains dans les poches sans instrument ni matos. Il a fallu se débrouiller sur place avec les moyens du bord. A Bangalore, les Indiens ont fabriqué une scène avec des tables liées par des cordes et, pourtant, le soir du gig, il y avait plus de sept mille personnes. Imagine une de ces superbes nuits indiennes dont les étoiles paraissent si différentes et des milliers de turbans qui sautent en l’air. Les Indiens ont encore une notion de la fête qui nous a totalement échappée en Europe. Il n’y a plus de distanciation entre l’artiste et le public. Dès le début du gig, les barrières ont été renversées et le service d’ordre a laissé faire. Tout s’est déroulé sans aucune violence ».

Bob GeldofLes aventures de Geldof chez les Indiens ont impressionné 24 h de bande vidéo. Peter, le chef cameraman préféré des Monty Python, a accompagné le groupe avec une vidéo portable. Un extrait de la bande vient d’ailleurs d’être diffusé à la télé anglaise. Peter tenait déjà la caméra d’Alan Parker(« Midnight Express », « Fame ») pour le film du Pink Floyd, « The Wall », mettant en vedette Bob Geldof. Le film made in India devait être présenté hors compétition pour la clôture du prochain Festival de Cannes. Mais Geldof déteste son image, la preuve, c’est que, lorsqu’il se retrouve dans un cinéma londonien qui passe la bande annonce du « Secret Policeman’s Concert » auquel il participe, il détale comme un lapin, car il ne supporte pas de se voir chanter cette gigantesque enchilada qu’est «I Don’t Like Mondays » – dixit Bob himself-. Sur scène,  je juge que les Rats manquent un peu d’entrain et de cohésion. Le seul élément vivant du tableau, c’est notre leader qui saute et gesticule dans un décor de colonnades. Bob, à mon avis, tu devrais laisser tomber les Rats et te trouver un autre gang. La conclusion de l’interview, c’est encore une bravade signée Geldof : « Salut, c’est Bob, des Boomtown Rats. Je voudrais remercier les trois personnes qui ont eu la gentillesse d’acheter nos albums en France, ces cinq dernières années. J’en profite aussi pour vous confesser mes coupables relations avec la petite fille de François Mitterrand ( Et à l’époque nul n’avait entendu parler de Mazarine Pingeot. Quel incroyable visionnaire que l’ami Sir Bob : NDR ). A la prochaine ! ».

Publié dans le numéro 167 de BEST daté de juin 1982BEST 167

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