LES FANTÔMES DU BUS D’ACIER
Alors que le Bus Palladium de la rue Fontaine ferme définitivement ses portes, souvenirs de 15 années de juré du « Bus d’Acier » qui décernait chaque année de 1981 à 1996 son fameux « Prix du Rock Français » qui aura su distinguer de Bashung à Kat Onoma, en passant par Couture, Daho, Eicher, Carte de Séjour, les Bérus, Noir Désir, la Mano, Paul Personne, les Innocents, Lizzy Mercier Descloux ou encore FFF, soit la crème de la crème du rock Hexagonal… mais aussi immense tristesse en songeant à tous ceux qui nous ont quittés : musiciens, artistes mais aussi journalistes, hommes et femmes de télé ou de radio qui ont contribué à cette belle aventure rock. Respect 4 ever !
C’est le post de l’ami @ Patrice Drevet ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/qui-suis-je et aussi https://gonzomusic.fr/1000.html ) qui m’a remis les pendules à l’heure. Il démarre par son mythique « Salut à tous » qu’il lançait d’abord sur TF1 dans son « Mini-Journal de Patrice Drevet » soit l’édition du JT de TF1 à 18 : 00 chaque soir de la semaine, puis sur FR3 avec son alter-ego « Drevet vend la mèche » où, bien entendu nous participions activement à chaque édition, par nos suffrages mais aussi le plus souvent par nos reportages dont j’ai dû signer une bonne partie. Souvenirs… sans doute, mais trêve de bavardages, je laisse la parole à Drevet…
« Salut à tous,
En cette nuit sombre pour nos héros du #rockandroll, une petite pensée pour les amoureux de ce lieu mythique qu’était le #BusPalladium qui ferme définitivement ce soir… J’en faisais partie. J’ai présenté les remises du #trophee #lebusdacier plusieurs années, cette année là, 1987, avec la complicité de mon ami #GérardBarDavid, c’est #Cartedesejour qui l’a emporté, remis par #jacklang #Ministredelaculture. »
C’est Sylvie Jouffa, l’épouse de @François Jouffa, qui m’a proposé de devenir membre du jury du « Bus d’Acier », je venais tout juste de rentrer à BEST et bien entendu j’avais accepté son invitation. Comme tout le monde, je connaissais le Bus Palladium bien avant d’y avoir mis les pieds grâce à la chanson de Serge Gainsbourg « Qui est in, qui est out » : « Tua aimes la nitroglycérine ? / C’est au Bus Palladium qu’ça s’écoute/ Rue Fontaine, il y a foule/ Pour les petits gars de Liverpool… »…. J’avais 12 ans à l’époque, donc j’étais sans doute un peu jeune pour fréquenter le Bus. Cependant, lorsque je suis devenu journaliste à l’aube des 80’s je me suis, on va dire, plus que largement rattrapé, passant tant de nuits dans ce club de Pigalle, comme au Palace ou aux Bains-Douches. Mais ce qui distinguait le Bus des autres lieux de la nuit, c’était sa programmation résolument rock et souvent hantée par le son de la West Coast. Le DJ résident, Jean Charles (Dupuy), un grand échalas à la fois jovial et taiseux, ne pouvait s’empêcher de balancer chaque soir un Christopher Cross, un Toto, un Eagles ou un Doobie Brothers. Quant au Bus d’Acier, son cérémonial annuel était calqué sur le très sérieux Goncourt : un jury d’une trentaine de membres représentants de la presse-radio-télé se réunissait dans un restau où attablés nous remplissions chacun notre bulletin de vote avant qu’un huissier ne vienne les ramasser puis les dépouiller. Là, comme pour le reste, je vais mettre en exergue et en petites lettres de fin de contrat les « réserves suite à de possibles défaillances de mémoire dues à l’usage aussi inconsidéré que prolongé de drogues diverses 🥳 ».
Donc a priori il y avait trois ou quatre tours de vote avant de finalement désigner l’heureux élu de Bashung à Kat Onoma, en passant par Couture, Daho, Eicher, Carte de Séjour, les Bérus, Noir Désir, la Mano, Paul Personne, les Innocents, Lizzy Mercier Descloux ou encore FFF, qui incarnaient chacun à leur manière le meilleur du Rock Français. Puis, généralement, le soir même au Bus Palladium une soirée et un concert réunissait médias, artistes et maisons de disques. L’irremplaçable Sylvie Jouffa , délicate attention, veillait également à ce que chaque juré du Bus d’Acier ait sa propre bouteille nominative placée au bar, pour ses futures soirées au Bus. Inutile de vous dire que nous en avons passé un certain nombre ! Le plus cool du cool dans le Bus d’Acier, c’était cette extraordinaire complicité qui liait alors entre eux tous ces représentants de la profession de l’artiste au journaliste en passant par le programmateur radio ou télé. Ce qui ne nous empêchait pas de défendre avec véhémence nos « favoris ». De table en table nous faisions ainsi « campagne » pour que nos poulains décrochent le Grand Prix.
Je me souviens qu’en 87 j’avais ainsi bataillé pour que Carte de Séjour soit récompensé, d’abord par la qualité de sa musique mais aussi par tout le symbole que le groupe de Rachid Taha ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=rachid+taha ) pouvait alors représenter face à la montée de l’extrémisme- déjà(sic !)- du Front National, aujourd’hui ripoliné en Rassemblement National selon le bon vieil adage : « tout changer pour que rien ne change ». Carte de Séjour reprenait alors le « Douce France » de Charles Trenet, tout un symbole ! J’avais rencontré Rachid juste après la sortie de son tout premier maxi publié sur le label lyonnais indé de Bernard Meyet, le bien nomme Mosquito. Ma consœur d’Actuel Elizabeth D, la sœur de Phil Pressing de Starshooter ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/exclusif-starshooter-refuse-de-se-re-former.html et aussi https://gonzomusic.fr/?s=Phil+pressing ) avait écrit un premier papier dans le mag de JF Bizot, où je signais également en plus de BEST … pour lequel Christian Lebrun m’avait envoyé enquêter sur le « Rock à Lyon » comme je l’avais fait précédemment avec « Le rock à Rennes » ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/rennes-capitale-du-rock-francais.html et aussi https://gonzomusic.fr/rennes-capitale-du-rock-francais-episode-2.html ) et c’est ainsi que j’avais rencontré les CDS qui répétaient alors non pas dans une cave comme tous les groupes de rock mais dans un grenier du vieux Lyon de la colline de Fourvière. J’avais immédiatement flashé sur cette formation à la fusion hallucinante du rock, du reggae et de leurs racines méditerranéennes. Plus tard, devenu ami avec Rachid, il me racontait mais toujours avec le sourire toutes les horreurs racistes qu’il pouvait essuyer des programmateurs de FM locales qui balançaient offusqués « on ne va tout de même pas passer de la musique d’arabes » aux disquaires qui refusaient de mettre le premier maxi « Zoubida » dans les rayons en balançant « pas de ça chez nous ». En les accompagnant pour leur première tournée, j’ai pu mesurer combien sur scène Rachid pouvait susciter la clameur par ses performances d’Elvis Presley beur, j’ai pu également témoigner d’agressions verbales racistes de la part d’un hôtelier qui leur refusait l’accès à leurs chambres réservées parce qu’ils étaient trop basanés à son gout. Bref, pour toutes ses raisons, pour la qualité et l’inventivité de leur rock, pour leur cohésion en tant que groupe, je militais pour que Carte décroche cette année-là le fichu Bus d’Acier. Et j’ai dû être un peu convainquant car c’est justement ce qui s’est produit.
Tout cela était « bon esprit » comme le proclamait si bien Alain Maneval qui vient de nous quitter ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/adieu-alain-maneval.html ) et de rejoindre cette triste et longue liste des fantômes du Bus d’Acier. Car si l’on revient à Carte de Sejour, Rachid a tiré sa révérence en 2018 mais également a disparu Mohamed Amini le cool et rêveur guitariste rythmique du groupe. De CDS deux ont survécu : Jérome Savy, le lead-guitariste et Mokhtar Amini le jovial bassiste immense tristesse. De même, coté artiste et lauréates du Bus d’Acier de 1984 Lizzy Mercier Descloux décédée à seulement 48 ans d’un cancer. Et Bashung alors ! Premier récompensé du Bus d’Acier en 1981 après le raz de marée « Gaby », Alain en plus d’être un type attachant et drôle incarnait à lui seul une inédite passerelle rock entre Eddie Cochran et Serge Gainsbourg. Prix du Bus d’Acier en 1983,
Indochine n’est plus tout à fait Indochine depuis que le jumeau, l’alter ego, l’âme frère de Nicola s’en est lui aussi allé. Stéphane Sirkis meurt à 39 ans et même si musicalement Nicola a toujours pris le dessus, Stéphane par sa coolitude exacerbée et ses solides idées de gauche incarnait la cohésion d’Indochine. Enfin, comment ne pas songer à l’ami Fred Chichin, lauréat avec Catherine Ringer en 1990 du « Bus d’Acier de la décennie » pour « l’ensemble de leur œuvre » ? Fred manque terriblement à notre paysage musical. Son imagination, sa folie, son érudition sonique, mais aussi sa gentillesse et son humour affuté faisaient des Rita Mitsouko un groupe inégalé au pays du rock Hexagonal.
Les fantômes du Bus d’Acier comptent également de nombreux membres des médias bien trop tôt disparus. Et je pense au premier chef – c’est le cas de le dire !- à Christian Lebrun, mon rédacteur en chef de BEST ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/best-vs-rock-folk-ou-la-rue-dantin-vs-la-rue-chaptal.html ) qui a dû participer à l’édition 85 remportée par Etienne Daho. Christian s’est noyé au début des 90’s et sa disparition a précipité la chute de BEST quelques années plus tard. Pensée également à l’immense Alain Dister qui signait dans le Nouvel Obs des papiers d’une totale audace et d’une redoutable clairvoyance. Alain était aussi réservé qu’il pouvait se montrer chaleureux envers ceux qu’il respectait. Tout comme l’immense Dominique Farran, si timide, si humble et si cool derrière sa grosse moustache. Intrépide programmateur des live de RTL, chaque « Bus d’Acier » était aussi l’occasion de partager quelques fou-rires avec lui.
Je ne me souviens plus si Marc Garcia d’Europe 1 faisait partie du club , mais en tout cas il aurait largement mérité d’y appartenir. Tout comme Philippe Tuffigo FR3 Rennes puis « Mégamix » sur Arte avec moi, lui aussi parti bien trop tôt. Pardon à tous ceux que j’ai pu oublier dans cette fraternité du Bus d’Acier. Désormais le Bus d’Acier a rejoint les « 7 d’Or » et le « Prix Constantin » au rayon des récompenses oblitérées, mais pour tous ceux qui ont eu la chance de le vivre, les cartes postales rock brillent encore et toujours dans nos têtes. Quant au Bus Palladium, il s’inscrira durablement dans la légende de al scène roc parisienne aux cotés du Golfe Drouot, Rase Bonbon, Palace, Bains-douches et … Chez Roger boite funk !
Merci. Bravo pour tes précisions chaleureuses et bien utiles. Grosses bises
C’est vrai que ces déjeuners de jury étaient des réunions improbables et heureuses!
(Merde, je ne me souviens plus de la bouteille au bar… Peut-être que je ne buvais pas assez a l’époque, ou que Thierry Haupais me l’avait soufflée :)))
Comprendre pourquoi ils ont eu peur du Rock’ and’ Roll… un parcours singulier dans cette grande histoire du Rock, Joël LOPES.
L’ Histoire, si elle ne se résume pas seulement à la lutte des classes, elle en prend souvent le chemin…
sur des sujets en apparence futiles comme les Jeunes et la musique….
Pour canaliser le mouvement Rock’and’Roll et son rapport à la Working class’héro
les médias ont tout fait pour organiser une véritable contre révolution culturelle…
Premier exemple le cinéma, même si on ne parle pas l’anglais, il n’est pas difficile
de percevoir le caractère « propret », la marchandisation par la télévision
et la mise en images du cadre familial ( le père, la fille, le frère) avec un soin particulier
pour éviter de montrer les blousons noirs (comme dans graine de violence 55 ou le temps du châtiment)
dans par exemple le célèbre film « Rock Rock Rock »…. http://archive.org/details/rock_rock_rock et surtout favoriser le courant » Doo wop doo wop » http://www.youtube.com/watch?v=BSBi-Tdtzh4
A la différence le 18 novembre 1961, un concert avec Vince Taylor au Palais des Sports de Paris se termine en émeute.
En Angleterre, la tournée en 62 du chanteur noir Little Richard a été révélatrice d’une situation sociale explosive….
Alors en France comme aux États-Unis , ce système de récupération se fait par l’intermédiaire d’une célèbre émission de radio « Salut les copains »
crée le 19 Octobre 1959, titre repris de la chanson de Gilbert Bécaud… par la suite, il y eut la sortie du magazine qui lança son fameux festival de la
Nation en Juin 1963 pour imposer le temps des « yéyés »….. https://www.youtube.com/watch?v=9X10z9nVTr8
Néanmoins la presse se déchaina contre les blousons noirs…
La fête est cependant gâchée par 15 bandes de 20 à 30 « blousons noirs » venues séparément de Belleville, de la place d’Italie ou de Joinville sans se donner le mot. Se mêlant à la foule, ces quelques 500 loubards causent bon nombre de dégâts : vitrines brisées, boutiques pillées, voitures démolies, spectateurs et passants blessés ou molestés, adolescentes dévêtues, une jeune fille de 17 ans violentée et évacuée à l’hôpital Rotschild…
Le lendemain, la presse se déchaîne. Pierre Charpy scande dans « Paris-Presse » : « Salut les voyous ! » Philippe Bouvard se demande dans « Le Figaro » : « Quelle différence entre le twist de Vincennes et les discours d’Hitler au Reichstag ? » Edgar Morin, dans « Le Monde « , se livre à une analyse sociologique titrée : « Le temps des Yé-yé ». L’expression restera. Quant au général de Gaulle, il aura cette réflexion demeurée célèbre : « Ces jeunes ont de l’énergie à revendre. Qu’on leur fasse construire des routes ! »
A la tombée de la nuit, ils (les blousons) se retrouvaient sur les marches du « Sactos » (Sacré Coeur), ce que les journalistes ne voyaient/n’entendaient pas, pour entonner leur nouvelle internationale à eux… http://www.youtube.com/watch?v=F13JNjpNW6c De quoi étaient-ils le nom ces blousons Noirs ?
http://wild-wild-western.over-blog.com/article–le-temps-du-chatiment-1961–39373303.html
http://www.youtube.com/watch?v=g_RWFLBC4O8
http://www.dailymotion.com/video/xfgslk_trailer-l-equipee-sauvage-marlon-brando-film-v-f-fr_shortfilms#.UP_DiCfAerN
Même Arte, cette année pour ce 22 Mars parle/diffuse ces pré-68-Arts… amoureux du « Rock ‘and’ Roll »
fête foraine place Pigalle dans le 18ème-Paris
http://www.ina.fr/video/CAF95054181
Alors expliquer ce décalage avec la jeunesse de l’après guerre, appréhender leurs subjectivités, leurs colère, espoirs…
il nous faut revenir à Vince Taylor, cette météorite , ce prince du Rock comme aimait à le nommer la première revue « Le Rocker »….
De Léo Ferré à Vince Taylor
Pourquoi la bourgeoisie a eu peur des blousons noirs?….
Pour contrer ce raz de marée, Europe1 avec Filipacchi et son émission » Salut les Copins » organisaient
la contre révolution du Yé-Yé place de la Nation en 60. Ils n’ont pas pu empêcher les bagarres….
En 61, Vince au Palais des sports à Paris.. – https://www.dailymotion.com/video/x1aszwz
Si on se remémore ce hit du rock, dont la version française « la bagarre » a été massacrée par Halliday, il est facile de comprendre
pourquoi la VF était vécue comme une trahison, surtout lorsque l’on sait que l’industrie du disque Phillips et Europe1 avait exigé de Barclay
de stopper la carrière discographique de Vince Taylor pour imposer ce Johnny en France après l’avoir racheté à Vogue .
Beaucoup de jeunes se révoltaient contre cette manière de leur confisquer leur culture Rock…
Pour vous en convaincre Trois versions ( VO ) de ce » Trouble » de Jerry Leiber et Mike Stoller
Quatro- http://www.youtube.com/watch?v=PKdRzBinyPA
Presley http://www.youtube.com/watch?v=zfkLnZhhoTY
Vince Taylor http://www.youtube.com/watch?v=RCWMhUAq3Ms
Néanmoins et plus sérieusement il faut se replacer dans le contexte des années 50/60: l’après guerre/ la guerre froide/le canal de Suez/Cuba
la Guerre d’Algérie et celle du Vietnam/les mouvements de libération nationale / luttes pour les droits civiques aux États-Unis/le racisme/droits des femmes…..
En 1962, en Angleterre lors d’une célèbre tournée, la rencontre entre les Beatles et Little Richard va marquer le point de jonction avec le retour au rock.
Les Beatles rentrent cette année là, réellement en scène, mais il importe de comprendre d’où ils viennent.
Ils déboulaient en reprenant justement un titre de Little Richard composé par les fameux Jerry Leiber et Mike Stoller
https://www.youtube.com/watch?v=GOYq9JiBW3s
Les premiers lieux où ils vont imposer l’image du groupe et non plus celle de l’idole….
Star Club http://www.youtube.com/watch?v=4dy-qfbGgZQ
The Caverne https://www.youtube.com/watch?v=_8c7lkrUX2Y
Les Mod’s et les Rebels… la Rose et le Réséda…. les différences de classes et quand elles se rencontrent ça fait 68….
Dans les années 63 /66 j’ai pu au filtre de mon expérience vivre de manière sensible ce que recouvrait cette contradiction.
Après avoir assisté au concert de Little Richard en juin 1964 à l’Olympia (se référer à l’article de Florence Tamagre « Les blousons noirs,codes vestimentaires Rock et identité
adolescente dans la France des années 50 et 60 » , avec un groupe de potes nous avons par deux fois fait le voyage de l’autre coté de la Manche. La première fois en été 64 à l’occasion d’un camp itinérant jusqu’en Écosse. Même si nous venions d’un quartier parisien très populaire et cosmopolite des Abbesses et de Pigalle, pour nous ce fut une réelle bousculade mentale : la musique /la danse/tenues vestimentaires/coupes de cheveux et les relations garçons / filles, une révolution dans nos têtes…
Nous sommes revenus avec le 45 tours des Animals en poche,fiers de notre exclusivité avant sa sortie en France et la version massacrée du pénitencier …
http://www.dailymotion.com/video/x7u3m_the-animals_music#.UQLN87_AcxA
De ce voyage, nous étions entrain de bouger les lignes …nous commencions à préférer les Rolling Stones aux Beatles…le côté Bad boy au Working class héro.
En octobre 64,dans le cadre d’un spécial musicorama à l’Olympia des Roling Stones avec une première partie d’enfer…..
nous nous sommes précipités, même si les places n’étaient pas données… nous étions attirés par le mouvement!
– La presse a relaté les bagarres devant l’Olympia aussi le fait que dans la salle des rocker ont réussi à faire sortir Dick Rivers considéré comme yéyé..mais strictement rien sur le déroulement de la soirée, son programme, la qualité des prestations, les différences musicales. D’un coté les incidents, de l’autre le panégéryque unilatéral en faveur de Mick Jagger… on disait déjà à l’époque : comme dab!
Cette soirée représente historiquement un moment charnière, épistémologique, plus d’un point de vue sociologique que musical…
en effet, tous les musiciens qui se sont produis ce soir là, étaient tous issus du même bain de Muddy Watter à Chuck Berry en passant par tous les autres…
Le différentiel n’était pas directement sur la scène, mais venait de la relation avec le public… Ce fut pour moi une certaine désillusion à l’égard de ce sentiment d’ appartenance
commune pour cette musique. Ce concert fut représentatif des différences de classe dans la composition du public. Au départ tout le monde semblait être uni…
et là quelle ne fut pas notre douleur et ensuite notre colère : Le premier groupe http://www.dailymotion.com/video/x427v7_rocky-roberts-the-airdales_news#.UMdeQ4PAfxA
fit un carton avec une mise en place impeccable….mais pas un claquement de doigt. Que dire quand en vedette américaine ce fut le
tour de Vince Taylor avec un orchestre de 22 musiciens, nouvelle allure à la P.J.Proby. http://www.youtube.com/watch?v=zJEAQaaBDeU
J’ai vécu avec mes amis des Abbesses cette soirée comme un divorce car lorsque les Stones sont apparus des cris d’un public qui était muet jusqu’à présent.
J’ai ainsi pu observer notre différence avec cette » petite bourgeoisie urbaine » …. les médias à partir d’incidents en Angleterre faisaient le match entre les « Rockers et les Mods ».
Avec cinq Potes de la première équipée nous décidions de retourner voir de l’autre côté, Londres / Liverpool /Glasgow / Édimbourg / Londres… en pèlerinage dans les clubs, concert, à la Caverne lieu mythique où s’étaient constitué Les Beatles où Gene Vincent était venu chanté avec eux….. Le hasard, la chance fut que lorsque nous sortions du
métro à Trafalgar station, nous tombions sur Vince Taylor en duffelcoat. Après une assez longue discussion, c’est lui qui nous conseilla pour les clubs londoniens…
Une nouvelle ère s’ouvrait avec entre autre, ce 2ème film de Richard Lester des Beatles « Help »- https://www.theguardian.com/music/video/2013/jul/04/help-beatles-1965-film-video
Nous allions changer …ça oui….. l’espoir était dans notre camp !
De ce deuxième voyage, nous passions de la rue / des concerts (et nous en avions vu – Little Richard / Gene Vincent / Jerry lee Lewis / Bil Halley / Fats domino / Ray Charles/
Bo Diddley/Chuck Berry /Otis Reading/Wanda Jackson/ Roy Orbisson/ PJ Proby/ Sam and Dave…. bien sur celui de Vince Taylor à la Mutualité …
de spectateurs/supporteur à celui de groupe assidu aux clubs : – « le Golf, la Loco, le bus » avec ce besoin de se trouver dans ces nouveaux lieux à vivre presque tous les soirs.
Ainsi débutèrent ces nuits parisiennes. Après le triomphe de Chuck Berry à l’Olympia ( où on pouvait entendre à l’unisson: » Halliday rempilé, Vartan au couvent, tout le pouvoir aux Rockers »). En septembre 65, Vince Taylor fit l’ouverture du BUS PALLADUIM sur l’illusion d’un certain retour au rock . Il ne restera que 15 jours à l’affiche.
Nous touchions là une autre façon d’aborder la musique. Un des temps fort fut Les Who à la Loco avec en première partie Vigon
http://www.mvav9501.com/biographie/vigon.html ( nov .65) qui aura permis cette jonction entre les Mods et les Rockers….. la Loco https://www.youtube.com/watch?v=uswXI4fDYrM
le Bus Palladium (1) – http://www.ina.fr/video/CPF07011209
Après l’éviction de Vince Taylor, dans le reportage sur le bus nous assistons à une tendance au dandysme Pop avec Athur Brown mais qui conserve un rapport à la danse…
De cette opposition Mods/Rockers- Bourgeoisie/Beatnik et de l’émergence de la Pop anglaise – nous pourrions tirer une conclusion trop rapide d’ une victoire définitive de ces nouvelles couches sociales… c’était sans compter sur l’émergence de la soul des mouvements des luttes des Noirs aux États-Unis … Vigon en revenant animer les nuits du » Bus »
a contribué à retisser ce lien de classe avec des milieux populaires… Écoutez Fabrice Luchini enfant lui aussi des Abbesses parler de James Brown qu’on découvrait à l’ Olympia, réservée ce soir là, surtout aux gens du showbiz. Quant à nous, nous avions cassé la tirelire pour avoir des billets:
http://www.ina.fr/art-et-culture/musique/video/I05235364/fin-du-concert-de-james-brown-a-l-olympia.fr.html
Dans la marmite infernale des années 65, celui qui va permettre la fusion au sens politique, reste Bob Dylan ( avec son « The times they are a-changin « .
et en électrisant sa musique, ses textes et son retour au rock, provoquant même un divorce avec une partie de son ancien public intellectuel/bohème/artiste
et même avec ses anciens amis artistes adeptes du folk et de la contestation).
La sortie de ce disque constitue la vraie rupture , si on ajoute la rencontre à New-York avec les Beatles et le temps fort du festival de Newport
http://www.dailymotion.com/video/xmxw8w_bob-dylan-like-a-rolling-stone-live-newport-festival-1965_shortfilms#.UQUHkL_AcxB
alors le dialogue controversé entre la fureur et la poésie ouvrit le chemin à cette aspiration à changer la vie
https://www.youtube.com/watch?v=BGLGzRXY5Bw
Merci à toi Gérard Bardavid pour ce magnifique article.
Que de merveilleux souvenirs …
porte toi bien et j’espère à bientôt.
Toute mon amitié,
Mokhtar .
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