THE WEEKND « Dawn FM »
Et si l’on décidait de prolonger le week-end toute la semaine ? C’est désormais possible avec « Dawn FM », le cinquième album d’Abel Makkonen Tesfaye, plus connu sous son sobriquet the Weeknd car cette fois le rythmeur blueseur électro de Toronto a monté sa propre station de radio virtuelle baptisée Dawn FM. Ponctuées de jingles, un peu à la manière du « Sell Out » des Who, les 16 radieuses compositions de l’album sont comme un soleil d’hiver dont les bonnes ondes savent si bien nous réchauffer.
103.5 FM, il a même pensé à la fréquence de sa radio inventée de toutes pièces pour ce « Dawn FM », sacré Abel tu n’as décidément pas fini de nous surprendre. Cela fait déjà bien des années que nous te suivons ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/the-weeknd-beauty-behind-the-madness.html , https://gonzomusic.fr/the-weeknd-my-dear-melancholy.html et aussi https://gonzomusic.fr/the-weeknd-after-hours.html ) et que nous craquons pour tes influences New Wave DepecheMode/ Tears For Fears assumées et tes grooves empruntés au Daft Punk. Alors yes… il existe un a priori favorable comme un faisceau d’indices pour que ce 5ème épisode du canadien allumé s’annonce d’ores et déjà comme un des disques capable de rythmer le film de cette année 2022. Dès le premier titre « Gazoline » on carbure sur un beat terriblement similaire à celui de « Don’t You Want Me » de Human League en pur choc rétro-futuriste. Avec « How Do I Make You Love Me », Abel ne se contente pas de groover joyeusement entre SOS Band et OMD, il ouvre son cœur à cette femme qui hante ses nuits sans pour autant succomber. Certes de Bella Hadid à Selena Gomez , Abel fait craquer les belles comme des allumettes… sauf que cette fois, il s’agirait d’Angelina Jolie. Who knows…puis le titre se fond dans LE premier single massif de l’album « Take My Breath » qui navigue quelque part entre Michael Jackson, les Pet Shop Boys et… Ottawan. Et le groove poursuit son inexorable offensive avec ce « Sacrifice » juste incendiaire qui lui aussi évoque le fantôme de Jacko mais également les funky Brothers Johnson, l’un et les autres protégés d’un certain Quincy Jones… que l’on retrouve, oh coïncidence, justement sur la piste suivante « A Tale by Quincy », un monologue intimiste sur une séquence synthé planante qui en rappelle une autre : « Giorgio By Moroder » sur le colossal « Random Access Memory » des Daft Punk où le fameux producer se raconte sur un mode similaire.
Comme son nom l’indique, « Out of Time » aussi sucrée que rétro funky, coule comme le chocolat sur les profiteroles en successeur légitime des bons vieux Commodores ou Harold Melvin and the Blue Notes. Changement de décor avec « Best Friends » qui semble justement bien pote avec Devo et l’on plonge dans la délicate ode à la jalousie « Is There Someone Else » aux échos d’un Thomas Dolby ou des Cars au siècle dernier. Avec « Starry Eyes » on songe à l’insouciance pop d’un Ruychi Sakamoto, période post Yellow Magic Orchestra, mais aussi au hit précèdent d’Abel, le « Blinding Light » qui avait su si bien propulser aux sommets son album « After Hours » de 2020. Retour à la case « amoureux transi » de « How Do I … » voici « Don’t Break My Heart », qui sonne comme un prière funky synthétique entre China Crisis, the Kane Gang et Alexander O’Neal et qui se révèle d’une improbable coolitude. Mais c’est avec l’entêtante rengaine « Less Than Zero » que the Weeknd s’arrache véritablement à l’attraction terrestre. Et tant pis si cela m’évoque également the Cars, nous plongeant dans une puissante nostalgie 80’s, je ne crois pas aux coïncidences. Après Quincy c’est au tour de Jim Carrey d’avoir son monologue avec « Phantom Regret By Jim » sur séquence spatiale planante. Retour aux choses sérieuses avec « I Heard You’re Married » – on suppose qu’il s’adresse toujours à la même femme, voir hypothèse du début- mais cette fois avec l’aide du DJ Calvin Harris et de la présence du flow allumé du rapper Lil Wayne. Enfin, il faut aussi citer une autre collaboration-choc, « Here We Go… Again », pure guimauve comme les premiers hits de Michael Jackson solo ( « Ben ») mais electrochoquée par le surdoué Tyler the Creator. Puis tout s’achève comme cela avait commencé, par des jingles radio FM qui bouclent la boucle spatio-temporelle de notre lunatique Abel. Vous l’aurez compris, avec ce « Dawn FM » je deviens un auditeur aussi assidu qu’assumé de cette radio the Weeknd.