THE WEEKND After Hours

the WeekndHanté à la fois par un chant grégorien profane et une futuriste soul- music 2.0, the Weeknd revient en très grande forme. Le 4ème album de l’autre Canadien black surdoué, après Drake, pulse la chamade entre autotune version overdrive et beats volontairement ralentis, comme un astronaute en apesanteur fait son jogging dans sa station spatiale. Vertigineuse sensation sonique, Abel Makkonen Tesfaye est au R&B ce que Radiohead est au rock, et cet « After Hours » déjà numéro un à peu près partout sur la planète tient toutes ses promesses d’une longue nuit planante.

the WeekndDécouvert en novembre dernier, à l’écoute de ce surprenant « Blinding Lights », premier sigle avancé d’un nouvel album à venir, on savait que the Weeknd ( Voir sur Gonzomusic les divers articles consacrés à https://gonzomusic.fr/?s=The+weeknd    )  allait encore nous en mettre plein les oreilles. Et cela n’a pas raté : influences synthés années 80 entre Depeche Mode et Talk Talk plaqués sur des vocaux que ne renierait pas Michael Jackson s’il pouvait encore moonwalker parmi nous, « Blinding Lights » se révèle, à l’usage, quasiment hypnotique. Aussi, lorsque cet « After Hours » sort finalement le 20 mars dernier, il n’est guère surprenant qu’il soit autant plébiscité. A l’exception de la Hongrie, où il n’est que 17e, ce 4ème tome des mémoires agitées de the Weeknd a su imposer sa redoutable hégémonie au sommet des charts partout sur Terre et c’est juste phénoménal. Cependant, ne croyez pas pour autant que tout soir rose et happy au pays d’Abel. Bien au contraire, ces chansons malgré leur beat nonchalant sont hantées par le mal être de the Weeknd, la solitude, les doutes et les tentations d’un jeune homme de 30 ans. Il ne faut pas oublier que son premier mega-hit de 2016 « Can’t Feel My Face » évoquait déjà son addiction à la coke. C’est par la climatique « Alone Again » que s’ouvre l’album : voix haute perchée sur talons aiguilles, comme à l’accoutumée, presque a capella, portée par une vague de synthés rétros que Pink Floyd période « Meddle » ne renierait pas. « I don’t know if I can be alone again » ( j’ignore si je peux encore me retrouver seul à nouveau ) conclue-il tristement. « Me laisse pas me noyer… » chante-t-il dans la suivante, le sensuel « Too Late », qui résonne comme un écho à la précédente. Beat percuté sur voix abyssale, groove délicat et swing parfait, the Weeknd  se métamorphose en Michael Jackson revisité avec l’aérienne « Hardest To Love » aux faux-airs de « You Are Not Alone » rencontrant le « Arthur’s Theme » de Christopher Cross, au croisement de la soul et de la pop, orfévrée avec art pour une émotion exacerbée, une des incontestables réussites de cet « After Hours » …mais loin d’être la seule.

the WeekndLa suivante est une tuerie intégrale de soul contemporaine, au point qu’on a l’impression « Déjà vu » de redécouvrir « When A Man Loves A Woman » de Percy Sledge, pourtant la troublante « Scared To Live » est en fait basée sur une extrapolation du mythique « Your Song » d’Elton John, facilement identifiable à ses « I hope you don’t mind… » répétés ad lib… et c’est l’unique « emprunt musical » de tout l’album ! « Snowchild » sonne entre un 45 tours de Tears For Fears  passé en 33 tours et percutant le style R Kelly, le tout interprété dans un vaisseau spatial. De même, la longue « Escape From LA »- presque six minutes, tout de même- fait preuve de ce pouvoir rare capable de nous arracher littéralement à l’attraction terrestre pour nous faire partager son trip intergalactique avec des étoiles plein les yeux. Similitude de style et de groove, « Heartless » ressemble légèrement, mais tout de même à un autre « Heartless », mais cette fois signé de Kanye West. On évoquait ses vieux démons tout à l’heure et voilà qu’ils ressurgissent : « J’ai allumé un pétard avec une falmme/ Posé cette cocaïne sur un plateau/ perdu dans une pluie pourpre/ Parce que j’ai perdu la foi/ Alors je dois bien faire cesser cette douleur. Car elle nage dans mes veines/ Voilà pourquoi mon âme s’est barrée ailleurs/ Parce que j’ai perdu la foi… » chante de manière paradoxalement si angélique l’homme de Toronto, sur la chaotique « Faith », qui sonne comme un mini opéra en trois actes, véritable sommet de ce projet, où il évoque froidement sa prochaine OD. Fichtre, cela fait froid dans le dos. Musicalement avec « In Your Eyes » on remonte à nouveau le temps des joyeuses et insouciantes années 80 de Bronski Beat, Kajagoogoo ( sic !) et de Yazoo sur une poperie bien sautillante. Back to the dance-floor avec « Save Your Tears »…For Fears? OMD? Blancmange? On peut effectivement se poser la question. Enfin, survient la chanson-titre, en avant-dernière position du track-listing, la plus imposante du haut de six minutes et une seconde. Et c’est un nouveau périple expérimental ente les Beatles revenant d’Inde et les Happy Mondays, Sly et toute sa Family bien Stone et Marvin lui aussi particulièrement Gaye, Isaac Hayes et Pink Floyd, Jamiroquoi et Eddie Kendricks, vous l’aurez compris, au-delà de ses références multiples « After Hours » s’inscrit à la fois dans une authentique tradition black mais téléportée dans un futur proche. Puis c’est sur l’aérienne, synthétique, et néanmoins Gilmourienne et pourquoi pas aussi Vangelissienne , la planante  « Until I Bleed Out » que s’achève de manière abrupte ce périple sonique introspectif,  dans la tête de the Weekdn, comme si, à la fin, ce dernier se réveillait enfin de son long cauchemar. Si seulement cela pouvait être vrai, c’est tout ce qu’on peut lui souhaiter !

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