MARCUS MUMFORD « Self Titled »
Trois années après le fulgurant quatrième album de Mumford and Sons, el lider maximo du groupe de Londres, Marcus Mumford tente l’envolée en solo avec l’introspectif-et-néanmoins-si-addictif, le bien nommé « Self-Titled ». Le boss de Mumford and Sons exhibe ses traumas d’enfance comme autant de cicatrices et cette confession intimiste ne peut guère laisser indifférents tous ceux qui suivent ce folk band 2.0 considérant qu’il est sans doute ce qui nous arrive de mieux outre-Manche depuis un peu plus de 10 ans.
Depuis la naissance de Gonzomusic, je n’ai eu de cesse de vous vanter le génie incontestable dont font preuve les Britishs de Mumford and Sons. C’est ainsi qu’en 2015 je portais déjà aux nues leur éblouissant « Wilder Minds » ( Voir sur Gonzomusic MUMFORD & SONS : « Wilder Mind » ). Trois ans plus tard, même enthousiasme pour « Delta » qualifié alors de « folk-rock grandiose du Troisième Type » ( Voir sur Gonzomusic MUMFORD & SONS « Delta » ). C’est dire si l’annonce d’une traversée en solitaire en compagnie de Marcus Mumford ne pouvait que remporter totalement mon adhésion. Même si le trip n’est pas forcément intensément joyeux. Mais qu’importe, la vie elle-même n’est pas toujours une Yellow Brick Road ? N’est-elle pas faite de joies intenses et de tragédies ? « Self-Titled » porte en lui tous ces paradoxes et bien plus encore. Marcus en avait annoncé la couleur avec « Cannibal », premier single annonciateur où il confesse avoir été victime d’abus sexuels durant son enfance, précisant tout de même que « cela ne venait ni de sa famille ni de l’église » mais s’adressant directement à ce « cannibale » qui l’a abusé. « Je peux encore te goûter et je déteste ça/ Ce n’était pas un choix dans l’esprit d’un enfant et tu le savais/ Tu as pris la première tranche de moi et tu l’as mangée crue. » Simple, dépouillée, directe, émotionnelle, portée par une simple guitare acoustique avant la montée en paroxysme final, lancé comme un cri libératoire. Steven Spielberg en a été bouleversé, au point de tourner avec cette chanson le tout premier clip de sa carrière… avec son iPhone et sous la direction de son épouse Kate Capshaw ( Voir sur Gonzomusic Steven Spielberg tourne son premier clip pour Marcus Mumford).
Suit la puissante et addictive « Grace » aux accents héroïques Springsteeniens où il se livre totalement à nouveau, racontant comment il a raconté pour la première fois à sa mère… tout ce qu’il nous chante dans « Cannibal ». Elle a en effet découvert les violences sexuelles subies par son fils durant l’enfance seulement durant le confinement, lorsqu’elle a entendu la chanson interprétée pour la première fois. « Grace » évoque ce moment incroyablement intime entre un fils et sa mère et c’est juste bouleversant. Pure et acoustique « Prior Warning » nous touche par son aspect brut et dépouillé tandis que « Better Off High » montre un Marcus Mumford capable d’affronter les fantômes de ses addictions pour finalement les surmonter. Avec l’intemporelle et touchante « Only Child », Mumford s’aventure sur les terres de Paul McCartney période « McCartney » juste après le split des Beatles doublé d’un petit côté mélancolique à la Jeff Buckley, un parallèle que l’on peut sans doute tracer avec son groupe Mumford and Sons. Avec la lumineuse « Better Angels » Marcus M signe un des incontestables hits du CD sous ses faux airs de tube de Lindsey Buckingham pour Fleetwood Mac. Carrément ! Quasi Dylanesque, « How » illuminé par la présence de Brandi Carlile marque également un paroxysme émotionnel, lorsque l’autre collaboration « Stonecatcher » interprétée en duo avec Phoebe Bridgers est une bouleversante lamentation. Love story électrique avec « Dangerous Game » et sublime balade aérienne aux confins du gospel interprétée en duo avec la troublante Monica Martin « Go In Light » et l’on se dit que Marcus Mumford a décidément bien des cordes à son arc sonic. Avec son « Self-Titled », Marcus Mumford confirme sa position centrale dans l’architecture du rock contemporain made in England.