CURE DE JOUVENCE À L’ACCOR ARENA (BERCY)

The Cure C’était à Bercy ou si vous préférez la version publicitaire à « L’Accor Arena », où Robert Smith et sa bande de mauvais garçons ont littéralement arraché l’ex-POPB à son attraction terrestre durant un show juste dantesque de TROIS HEURES et VINGT HUIT titres, dont CINQ flambant neufs annonciateurs d’un nouvel et 14éme album attendu à peu près autant que le Messie par les Hébreux. Pour preuve, Zen Smith l’envoyé spécial de Gonzomusic n’est toujours pas à cette heure redescendu sur Terre. Et quand mister ( Zen)  Smith rencontre mister (Robert) Smith forcément… cela fait des étincelles !

The Cure Décidément j’ai un peu de mal à l’appeler « Accor Arena » déjà je ne m’accorde pas avec moi-même pour faire de la pub gratuite pour Accor, donc comme parus sera toujours Paris, Bercy sera toujours Bercy et… Bercy beaucoup 🤣… anyway ce n’est pas au POPB que j’ai vu Cure pour la première fois, mais au Bataclan en décembre 79 autour de la sortie de « Seventeen Seconds » et c’était juste bluffant : jamais je n’avais rien vu de tel, avec une telle intensité, une telle puissance. J’avais l’impression d’assister à un des tous premiers concerts du Floyd. Robert avait eu l’intelligence de jouer dans une semi-pénombre en braquant ses lights blancs sur son public et ce show si parfait était aussi intense que de placer ses deux doigts dans une prise de courant 220 volts. Et au vu du vibrant live report rédigé par l’ami Zen Smith ( Voir sur Gonzomusic  WAITING 4 WORDS … CHAMPIONS OF THE WORDS et aussi WAITING FOR WORDS À L’INTERNATIONAL )  QUARANTE DEUX ANS plus tard Robert Smith et ses non imaginary boys n’ont décidément rien perdus de la flamme intense qui les anime. Bref, une véritable Cure de jouvence sur la scène parisenne

Par Zen SMITHThe Cure

 

Flashback… novembre 1987, la compétition dans les cours des Lycées entre fans de Depeche Mode et The Cure est à son climax. Entre le 11 et le 18 novembre, Cure et DM trustent à eux seuls 5 Bercy (2 pour Bob, 3 pour Dave). La semaine devait être couronnée par une rencontre footballistique au stade de Balard… mais Bob & Co seront trop Hangover de la party de la veille pour assurer la baballe. Ce sera donc une rencontre entre les 2 staffs techniques, immortalisé par un Téléfoot d’anthologie, Martin et Andy y participant (but de Martin) ( Voir lien Youtube plus bas) 35 ans plus tard quasi-jour pour jour, on est tous là…. Les lycéens de 1987 ont pris (un peu) d’âge, perdu beaucoup de cheveux, les fans de DM et The Cure ont fait la paix depuis bien longtemps et se retrouvent ensemble pour une Celebration Noire, une Cure de jouvence mais rien ne nous prépare encore à ce que nous allons vivre. A noter toutefois toute une jeune génération de nouveaux fans. Quand j’annonce à 2 jeunes filles que le concert devrait durer dans les 2h45, elles frôlent la PLS… C’est sûr, ce n’est pas avec les nouvelles générations d’artistes fatigués après 1h du concert et en burn out après un album qu’elles peuvent être habituées à de tels marathons (et encore, The Cure a souvent dépassé les 3h30 de show)The Cure

Après une première partie dynamique des Ecossais de The Twilight Sad – un des Support Act régulier de The Cure depuis 2016, mené par un James Graham au jeu de scène épileptique à mi-chemin entre Ian Curtis et Frank Tovey, une bande sonore de pluie est diffusée le temps du changement de plateau. Et la clameur monte à l’entrée de chaque membre du groupe. Oncle Bob arpente la scène de gauche à droite, s’arrête de temps à autres pour saluer les fans, s’imprègne du réel amour qui lie le public à Smith. Comment rendre une Arène de 20 000 personnes intime dès les premières secondes du show. « Alone », 1er titre extrait de « Songs Of The Lost World », le tant attendu nouvel album, nous replonge dans les atmosphères planantes et mélancoliques de « Desintegration ». Le son est magistral : guitares limpides, batterie et basse percutantes, synthés évanescents. « This Is The End Of Every Song That We Sing »…. La voix est somptueuse, puissante, habitée.

The Cure C’est en toute logique que le groupe puise dans « Disintegration » pour succéder à « Alone » avec le somptueux « Pictures Of You » avant que la température ne monte d’un cran avec « A Night Like This », Reeve Gabrels nous gratifiant de son premier solo (substituant celui de Saxo) suivi du hit « Lovesong ». Retour au nouvel album – toujours pas de date prévue (on sait qu’il est produit par Paul Corkett, producteur du sublime « Bloodflowers » et en charge du son de cette tournée) avec « The End Is Forever » aux réminiscences de « Wish ». Robert est totalement habité par ses textes qu’il a eu tant de mal à sortir pour cet album. Comme toujours avec The Cure, le show lumière / projection est de toute beauté.  Je ne vais pas passer en revue le détail des 28 titres joués ce soir. Quasiment tous les albums auront été représentés ne serait-ce que par un titre, le « Top » allant pour le nouvel album (5 titres), « The Head On The Door » et « Disintegration » + « Seventeen Seconds » (3 titres chacun)

The Cure On peut toutefois relever les grands moments : un « Want » explosif et tendu, devenu au fil des ans l’un des moments incontournables des sets de Cure, « Fragile Thing » (nouveau titre), calme mélancolie avant certainement l’un des climax du concert, l’épique BO de « The Crow », « Burn », mené par une batterie tribale et épique de Jason Cooper… Le monde peut alors s’arrêter de tourner jusque-là fin du concert, 20 000 âmes happées par cette hypnose rythmique qui les propulsera dans un tourbillon de missiles soniques : « At Night », « Charlotte Sometimes », « The Figurehead », « A Strange Day », … n’en jetez plus. « Push » fera littéralement exploser l’Arena dont la température doit bien maintenant avoisiner les 30 degrés… et que dire de l’abrasif « Shake Dog Shake », intensifié par les projections en ombres chinoises du groupe ou l’épique « From The Edge Of The Deep Green Sea » ? Le « Main Set » de près de 2h s’achève sur un nouveau titre, « End Song », confirmant à ce stade un retour au son mythique de « Disintegration »

Un premier rappel s’ouvrant sur le déchirant titre inédit « I Can Never Say Goodbye » dédié au frère de Robert (« Something wicked this way comes, From out the cool November night. Something wicked this way comes To steal away my brother’s life”)… on verra certains et certaines essuyer leurs larmes tant l’interprétation de Robert est poignante.  Ce ne sera donc pas le rappel « Plainsong / Prayers For Rain / Disintegration » (qui aurait eu ma préférence mais comment émettre ne serait-ce qu’un seul bémol avec un tel show) ce soir… mais les mythiques « Faith » (peu joué en début de tournée, il revient plus régulièrement ces derniers jours) et « A Forest ». Pour le second rappel, The Cure nous balance un véritable tapis de bombes pour un final explosif : « Lullaby », « The Walk », » Friday I’m In Love », « Close To Me », « In Between Days », « Just Like Heaven » et « Boys Don’t Cry »….  KO Debout.The Cure

Générosité, intensité, émotion, puissance, magie… seront les mots les plus entendus, puis lus, pour qualifier cette messe épique qui restera dans les mémoires, comme beaucoup de concerts Parisiens du groupe ces 40 dernières années. 35 ans après Téléfoot, bien sûr, je ne peux m’empêcher, comme certains fans avec qui j’ai pu échanger par la suite, de comparer cette soirée, ce groupe, cette histoire à celle du quatuor devenu trio puis duo de Basildon… et le constat est douloureux. Sans avoir sorti un album depuis 2008 (bon, Robert a quand même enregistré plus d’une dizaine de collaborations à droite à gauche depuis), The Cure a réussi ces dernières décennies à écraser par KO Depeche Mode en ce qui concerne les tournées. Absent des studios certes, mais sur les routes quasiment non-stop depuis. Concerts marathons, setlists épiques mélangeant hits, titres d’albums, B-Sides ou raretés, albums rejoués dans leur intégralité…

 

On est loin de la même set-list délivrée par Gahan et Gore depuis 2009 (« Walking In My Shoes » en 3ème place, trou normand de Gore et Gordeno à mi-parcours, fin de set avec « Personal Jesus » et « Enjoy The Silence », rappel sur « Never Let Me Down Again » etc, etc, etc). On aura presque entendu plus de titres inédits de Cure en Live ces dernières années qu’en 10 ans avec DM… Car cette soirée a offert son lot avec 5 titres d’un album même pas encore sorti. Certes beaucoup de fans ont râlé de ne pas avoir ces nouvelles « chansons du monde perdu » avant la tournée, mais finalement, découvrir l’album en Live n’est pas une si mauvaise chose. Et, à l’instar des récents Simple Minds, Tears For Fears et autres Duran Duran, The Cure – après bien des expérimentations – a décidé visiblement de revenir à son ADN, de faire un vrai bon album de The Cure, un album qu’on attend de pieds ferme.

All pictures by Manon Poupinais

 

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1 réponse

  1. Bruno dit :

    Bonjour, félicitations pour cette belle synthèse. Votre écrit est remarquable et reflète toute l’intensité du concert. A titre personnel, j’ai trouvé le batteur et, surtout, le bassiste exceptionnels.

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