ARNOLD IS GOLD

 

Arnold Turboust

by Ronan Guennou

 

Ne dit-on pas que tout ce qui brille n’est pas or ? Mais Turboust va contredire cette vieille maxime, car Arnold is gold et vous avez intérêt à vous y habituer. Surtout avec la publication de son nouvel et éponyme album juste intitulé « Arnold Turboust », sa 4éme aventure discographique en plus de trente ans d’une impeccable carrière vouée à l’art de la pop-culture. Produit avec la complicité de son vieux complice des années Daho, le britannique Rico Conning, ce (long) CD lumineux compte 13 chansons, plus un instrumental, dont la reprise iconoclaste de « Le soleil et la lune » de Trénet et marque ainsi le retour incontestable de ce « petit Prince » de la pop Hexagonale.

 

 Arnold TurboustAu tournant des 80’s, émerge une formation nantaise qui ne ressemble à aucune autre. Private Jokes oscille entre Joy Division et Frank Zappa et révèle trois personnalités qui deviendront des pivots de la scène rennaise. Pierre Corneau (Marc Seberg), Pierre Thomas (Marquis de Sade) et Arnold Turboust. Arnold contribuera même au novateur premier LP de MDS, « Dantzig Twist » avant de rejoindre Octobre, le groupe formé par Frank Darcel après la sécession de Marquis de Sade. Mais c’est aux côtés d’un autre rennais, Etienne Daho jr, que le claviers surdoué prendra véritablement son envol. Avec les albums « La notte, la notte » puis « Pop Satori », à travers les hits dorés tels que « Week End à Rome », « Tombé pour la France » , Epaule Tatoo » et bien d’autres, le duo Daho/Turboust devient aussi fusionnel que populaire. Cependant, en 87, Arnold Turboust publie « Adelaïde » son premier single solo, un duo insouciant comme un menuet, pop enregistré avec la comédienne Zabou. Le premier album sort dans la foulée, puis le second « Mes amis et moi » réalisés par Rico Conning qui remixe Depeche Mode et produit Laibach, Daho ou Torch Song ( avec Wiliam Orbit). Trois décennies plus tard c’est le même Rico qui tient la barre de la production du nouvel album. A ce niveau-là, on peut effectivement parler de fidélité ! Moi je n’avais pas revu Arnold depuis 97, date de sa dernière collaboration avec Etienne Daho, pour le retour de la fille d’Emilie Jolie qui avait été enregistré au légendaire studio Marcadet. À l’époque, j’avais filmé Etienne et Arnold interprètant « Le coq et l’âne » pour le « Making of » de l’album, que j’avais réalisé. Et la fille d’Arnold tenait son nounours sur la pochette du disque. Vingt ans se sont écoulés, et je retrouve le même Turboust, en éternel jeune homme, et c’est comme si nous nous étions quittés deux jours auparavant.  Comme le proclame le vieil adage british : How time flies when you’re having fun…welcome back Arnold !

 

 « Ce n’est pas beaucoup, vu la longévité de ta carrière et le nombre de tes collaborations, de sortir seulement 4 albums en 30 ans ?Mes amis et moi

En fait, j’ai marqué une longue pause d’une douzaine d’années entre « Mes amis et moi » et le suivant intitulé « Toute sortie est définitive ». Cela correspond à un album qui aurait dû sortir bien avant, mais qui n’est pas sorti, car j’ai perdu la personne avec laquelle je le faisais. J’étais un peu démoralisé, on va dire. Ça a été un énorme choc lorsque j’ai perdu Jack Bally qui était vraiment un super musicien. Plus cela allait, plus on faisait super bien les choses ensemble. Jack était un multi-instrumentiste qui touchait à tout, même s’il était guitariste et bassiste à la base. Il programmait super bien. Hélas, il s’est tué en moto. On avait cet album ensemble qui était prêt ; on allait l’enregistrer, c’était en 2001 et soudain il n’était plus là, c’était fini. Et avec lui toutes les mémoires de cet album puisque c’était lui qui stockait tous nos sons.

Donc tu as dû repartir à zéro ? Mais, tel le boxeur remontant sur le ring, tu t’y es tout de même mis…

Il avait été sonné, le boxeur. Il avait été plusieurs fois dans les cordes et probablement aussi par terre à de nombreuses reprises, mais il a effectivement décidé de se relever. C’est un ami qui est venu me chercher et qui m’a dit : ce n’est pas possible, tu ne peux pas continuer ainsi. Et il m’a dit aussi qu’il avait adoré les bouts de chansons qu’il avait écoutées. Et il m’a un peu tiré par la main pour faire cet album « Toute sortie est définitive » qui était mon 3éme album. Après je suis allé plus vite. 3 ans plus tard, j’ai publié « Démodé ».Démodé

Que tu as fait avec Marc Toesca sur son label Monte-Carlo records ?

Là, c’était une commande. J’avais six mois pour l’enregistrer et c’était plus un challenge. C’est court six mois pour écrire des chansons. J’ai fait ça aussi avec Stéphane « Alf » Briat qui est un vrai pote et que j’admire beaucoup.

En fait, il te faut à chaque fois un complice, tu ne parviens pas à bosser seul ?

C’est difficile d’être seul. Avec Alf, c’est à la fois un ingé son, mais aussi un mixeur, quelqu’un qui a vraiment un talent musical. Et quand j’ai su qu’il était intéressé pour faire cet album avec moi, cela m’a poussé en avant. Il faut aussi être conscient de ses possibilités. Moi j’aime trouver des mélodies, j’aime bien trouver des accords. En fait, j’aime bien les couleurs, j’aime bien trouver des textes qui vont avec. Mais après la forme c’est autre chose.

Tu n’es pas un grand technicien ?

Non je ne suis pas un technicien formidable. Je ne suis pas « shape », je suis « couleurs ». Le côté rythmique, je le fais, mais il y a la possibilité de faire tellement mieux. Alors que les couleurs, les arrangements, comment tout agencer autour de la mélodie. Trouver les mélodies, les suites d’accords.

C’est cette quête de la mélodie qui t’a rapproché d’Étienne ?

Je pense, oui. On s’est rencontré au tout début des années 80. Il était chanteur amateur, je crois et j’étais compositeur amateur. Cela a tout de suite fonctionné, cela a été très simple.

Arnold & Étienne époque Pop Satori by Arlette Kotchounian

Et également très fusionnel entre vous deux.

Un peu comme un groupe, en fait. On s’entendait vraiment bien et puis, pour moi, faire de la musique avec Étienne cela a toujours été quelque chose de très agréable. On ne s’est jamais énervé. On abondait vers le même but, essayer de faire le mieux possible, essayer d’aller le plus haut artistiquement. Étienne m’a toujours aidé et supporté, dans le sens anglo-saxon. Et peut-être que sans lui, je n’aurais jamais vraiment fait de musique. En tout cas, pas à ce niveau-là, nous permettant d’être connus, voire reconnus.

De passer d’amateur à professionnel ?

Voilà.

Private Jokes c’était un peu amateur?

Là, c’était vraiment les débuts.

Mais c’était super novateur. Surtout pour 1980.

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Private Jokes

Private Jokes était vraiment une rencontre avec des musiciens à Nantes. De super bons musiciens. D’ailleurs, certains ont fait carrière et pour moi c’était aussi un apprentissage de pouvoir faire des chansons, de tout mettre en place, de répéter, de commencer justement à trouver ces couleurs. Mais c’était pareil pour les autres. On apprenait tous ensemble. On travaillait énormément en fait. On découvrait la New Wave, avec tous ces groupes qui nous inspiraient.

Tu rencontres Étienne, une vraie osmose se produit entre vous deux, au point qu’on vous confond vocalement. C’est un peu qui se ressemble s’assemble…

Titre d’une chanson d’Étienne que j’ai composée d’ailleurs.  Il est vrai aussi que ma voix n’est pas très loin de la sienne, c’est aussi pour cela. Je me souviens bien lorsqu’ « Adelaïde » est sorti, tout le monde disait : mais non, ce n’est pas possible, on dirait du Daho et tout ça ! Au début, cette chanson a été un refus. Et puis en fait, petit à petit on s’habitue. Et les mêmes qui disaient qu’on nous confondai,t assuraient désormais que cela n’était pas du tout pareil. (rire)

Comment avais-tu trouvé Zabou qui t’accompagne sur la chanson ?Adelaïde

Avec Zabou, on se voyait souvent dans des soirées. On s’appréciait. Je savais qu’elle aimait bien chanter et de mon côté j’aimais bien sa voix. J’avais dû lui dire : un jour si tu veux je te ferai des chansons. Lorsque j’ai fait la demo d’« Adelaïde » il fallait absolument que cela soit incarné. Dès le début, il était clair que cette chanson-là serait un duo. Je crois que c’est Étienne qui me l’a suggéré et je lui ai dit qu’il avait raison et qu’avec elle cela pourrait être génial. Et tout s’est passé naturellement.

Vous l’avez enregistré où…à Paris ou à Bruxelles ?

C’était à Bruxelles.

À ICP ?

Oui à ICP. C’était entre Noël et le jour de l’an. À peine, je finissais de fêter Noël chez mes parents, que je repartais en Belgique. Je n’avais que quelques jours pour enregistrer cette chanson ainsi que la face B. C’était un super souvenir. Zabou nous a fait cela en un rien de temps. Pour le clip on voulait tous les deux quelque chose d’un peu drôle et de surtout pas sérieux. Mon idée à la base c’était un peu de refaire le « Bal des vampires ».

Comment as-tu vécu le succès ? Comme la langue d’Ésope…à la fois la meilleure et la pire des choses ?

Je n’ai jamais vraiment beaucoup regardé en arrière. J’avançais. Ce qui m’importait c’était certes le succès, car j’étais vraiment content.

Mais les hurlements des jeunes filles te laissaient indifférent ?

J’étais déjà fiancé. Ce qui m’importait avant tout, c’était de pouvoir continuer, de pouvoir m’améliorer. Comme Étienne en fait, pareil. C’est pour ça qu’on s’entendait bien.

Et quand ta boulangère te disait ; ah, m’sieur Turboust, je vous ai vu hier à la télé ?

Cela me gênait un peu. J’étais assez mal, en fait. Je n’étais pas très à l’aise. Je me cachais plutôt, en fait. Et puis il faut se souvenir que c’était vraiment Étienne qui était dans la lumière. C’était surtout lui qui devait assumer. C’était une drôle de vie aussi. Je me couchais extrêmement tard, je me levais tout aussi tard. Je culpabilisais même en pensant à tous ces gens qui se levaient pour aller travailler. Je me disais : et toi tu ne fais pas grand-chose. C’était vraiment une spirale, un tourbillon, un truc qui te porte en avant sans savoir où tu vas.

Tu t’es laissé porter par le vent ?

Oui. On peut dire ça. Par le vent et…par le bout du nez. C’est une super époque, pleine de très beaux souvenirs. C’était festif en plus. C’était amusant. Tout se faisait naturellement avec légèreté. Mais c’est vrai que je me suis toujours laissé porté par le vent, même si parfois il y avait des vents contraires parmi toutes ces alizées agréables.

arnold-cool-vintage

by Youri Lenquette

Mais tu n’as jamais lâché l’affaire.

Non, car c’est une passion. À chaque fois que je finis quelque chose, je me dis que je vais arrêter. Mais, bien entendu, je n’en fais rien. J’aime tant écrire des chansons, composer…et puis tu vois des mélodies arrivent aussi.

Tu as bossé durant cinq ans pour faire ce nouvel album…alors si les mélodies arrivent, elles savent aussi prendre leur temps ?

Je n’ai tout de même pas mis cinq ans, mais plutôt quatre. Mais c’est aussi parce que je l’ai fait avec Rico, Richard Conning qui habite à Los Angeles. Et la distance était un peu compliquée à gérer. On a bossé par internet. On ne travaillait pas non plus tous les jours. Mais il a fallu trouver les mélodies, écrire les textes. C’est une discipline quotidienne, sinon tu n’arrives pas à faire grand-chose.

Donc avec Rico vous avez échangé des fichiers par internet ?

Voilà, j’ai échangé mes sessions Protools et lui me les renvoyait. Et on s’est juste vu pour finaliser les mixes.

Vous ne vous étiez jamais perdus de vue ?

Quand j’ai sorti « Démodé », il m’a appelé, car il était à Paris. On s’est retrouvé. Il m’a dit qu’il avait écouté mon album et qu’il aimait beaucoup la chanson-titre. Et il m’a dit alors : si tu voulais qu’on fasse quelque chose ensemble, cela m’irait parfaitement. Au début, on était parti sur un projet instrumental. D’ailleurs, on a fait pas mal d’instrus mais je n’en ai mis qu’un sur l’album, le dernier titre. Il y en a encore sept autres.

Et ce ne sont que des inédits ?

Oui. Mais petit à petit je me disais que j’aimerais mieux faire des chansons. Et il a dit OK.

C’est super de pouvoir compter sur un producteur comme lui.

Il est génial, c’est vraiment un ami. Il m’amène de la magie. On parle sans arrêt musique ensemble.

Vous avez des groupes fétiches en commun…comme Depeche Mode par exemple ?

Il a beaucoup bossé avec Depeche Mode. Il a fait plein de remixes pour eux. Il a aussi fait le premier album solo de Marin Gore « Counterfeit »

Arnold & Rico Conning période "Let's Go à Goa"

Arnold & Rico Conning période « Let’s Go à Goa »

Vous devez aussi avoir en commun les mêmes racines soul-music de la Motown ?

Oui, et d’ailleurs, j’ai dit à Rico que tu trouvais que ma chanson « Bubble Gum » ressemblait au « Sugar Pie Honey » des FourTops…et il m’a dit : j’adore ça, c’est un de mes groupes préférés. En fait, j’ai bien écouté et c’est la basse qui donne ce sentiment de similitude.

Juste la ligne de basse, c’est la même. Mais tout le reste de la chanson n’a rien à voir.

En général, je me méfie. Là, c’est presque un poncif, cette ligne de basse. J’ai essayé de trouver une autre lige de basse, mais cela fonctionnait tellement bien que je l’ai gardée. C’est la chanson qu’on a faite au tout dernier moment aussi.

C’est un long album. J’ai mis du temps à l’écouter et on en a vraiment pour son argent. 13 chansons plus un instru, c’est costaud. Les compositions sont à la fois très proches et très différentes. Et surtout d’une très grande qualité.

Déjà 14 titres parce que …on m’avait déjà fait la réflexion que plus ça allait plus mes albums étaient de plus en plus courts. Ça m’avait un peu déplu et je me suis dit que c’était vrai et que je devais essayer de faire quelque chose de plus long. D’ailleurs, les chansons sont aussi plus longues. Mais je me suis pris au jeu et j’aime bien le chiffre 14. Sans faire vraiment de la numérologie, 7…14 cela me parle. À un moment, on s’est retrouvé à 13 et comme cela ne me plaisait pas on en a rajouté une. Et on arrive effectivement à une heure de musique au lieu de 36 sur l’album précédent.

Si on était encore en vinyle, cela serait presque un double LP !

J’aurais pu faire un double album surtout avec les instrus. Sans compter les titres que j’ai écartés faute de place. C’est vrai que j’ai mis du temps, mais nous avons aussi énormément bossé. Nous avons aussi pris un très grand soi à l’ordre des morceaux, à leur cohérence, que tout s’enchaine bien.

Cela ne raconte pas une histoire n’est-ce pas ?

Si cela avait été, le cas il y aurait eu un titre et cela aurait été conceptuel. Or il n’y a pas de titre, c’est juste moi. Donc je ne raconte aucune histoire, c’est juste la mienne…mais par épisode. Ce sont des épisodes qui n’ont pas vraiment à voir les uns avec les autres.

C’est pour cela que tu as choisi de donner ton nom à cet album puisqu’il te ressemble ?album

Puisqu’il me ressemble et que j’ai le droit une fois de le faire dans ma discographie. Et aussi parce que j’aimais bien la photo qui est issue du clip. Et là c’était évident : je devais appeler cet album comme ça.

« Souffler n’est pas jouer » pour moi c’est un peu la rencontre d’Alain Chamfort et des Pet Shop Boys…

Pour moi, Alain Chamfort est un Grand. Il nous fait de belles musiques, c’est un superbe interprète. Moi j’ai toujours beaucoup aimé ce qu’il faisait et aussi ce qu’il était, cette élégance qui s’entend avec sa musique, mais aussi quand tu le vois cette élégance tout à fait naturelle. Voilà, je suis flatté de la comparaison. J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour lui avec des chansons telles que « Comme un géant » qui sont magnifiques.

Avec un super texte et une super mélodie, « Souffler n’est pas jouer » est vraiment une bonne chanson.

Pour moi, une bonne chanson c’est un mélange d’un tas de choses. Il faut que le texte rebondisse bien avec la musique. Qu’il y ait un sens. Et que cela sonne aussi.

Là tu parles de la musicalité des mots ?

Exactement. C’est tout le truc.

« Le prix de mon silence » c’est aussi Chopin revisité par Serge Gainsbourg, non ? Et aussi un petit côté « Épaule tatoo » sur le synthés…comme un clin d’œil à toi-même.

Sans vraiment le vouloir, mais j’étais très content d’avoir trouvé cette suite d’accords. Qui est un peu classique, mais j’ai mis beaucoup de temps en revanche à trouver une mélodie qui allait dessus. Et Rico a commencé à la formuler d’une autre façon en rajoutant des séquences qui allaient vraiment bien. En fait c’est une des premières chansons que j’ai composées. Et, dès le début, je savais que cela serait la chanson d’ouverture de l’album.

Le côté iconoclaste de la petite guitare country à la Chris Isaak à la fin ?

En fait, c’est Xavier « Tox » Geronimi qui a fait cette guitare. C’est la seule personne extérieure à être intervenue sur l’album, mais c’est un pote. Je ne travaille qu’avec des potes. Et il l’a amenée tellement bien. C’est à la fin de la chanson et c’est presque un autre morceau qui débute.

On retrouve une influence Gainsbourg dans plusieurs chansons comme « En rêve » par exemple.Arnold

Cette chanson au début j’avais écrit le texte et j’avais une mélodie. Je ne voulais pas interpréter les couplets de cette façon un peu parlée, mais je n’y arrivais pas en fait. Et, d’un seul coup, je me suis mis à parler, à le dire de cette façon et là j’ai trouvé que cela concordait vraiment bien. Et, surtout, cela amenait bien le refrain. Alors j’ai élagué le texte pour garder la formule la plus minimale possible. J’ai passé pas mal de temps dessus à trouver l’équilibre entre les mots et la façon de chanter, peux être 15 jours.

« Que la fête commence » est un petit bijou pop, entre Prefab Sprout et- again- Alain Chamfort…

C’est vraiment une chanson de notre époque. Le texte m’est venu tout de suite, j’ai fait très vite pour le coup. Le titre m’est venu comme ça, c’était tellement naturel. Il y a toujours un petit clin d’œil à l’Histoire, un peu aussi à Tavernier et puis un peu aussi à notre époque. Ce que j’essayais de dire c’est qu’il faut cesser les conneries, qu’on a tout pour vivre bien. Je ne veux pas rentrer dans les trucs politiques, mais je l’aborde. Tous ces dérapages d’extrémistes de tous genres de tous bords me donnent la nausée.

On n’est pas dans le registre « Antisocial » de Trust, on va dire.

Je ne pourrais jamais chanter ça. Ou si j’écrivais une chanson comme celle-là, je la ferais chanter par une des plus douces possible comme une jeune fille avec une voix d’enfant.

« Ma danseuse » comme son nom l’indique est la plus…dansable de l’album, elle a un côté un peu yéyé.

Le titre a plusieurs compréhensions…j’ai mis aussi beaucoup de temps à la faire sonner avec Ricco, qu’elle arrive. C’était compliqué de la faire swinguer.

Tu as plus de mal dans le registre rapide que dans le lent ?

C’est plus difficile. Trouver quelque chose de pop qui soit agréable, qui soit majeur, ouvert…

Tombé pour la France« Tombé pour la France » c’était bien speed…

Oui, mais je n’avais pas le même âge !

Plus on vieillit plus on ralentit ?

Peut-être…mais pas que, j’exagère.

Sur « Bubble Gum », on retrouve la fameuse ligne de basse de « Sugar Pie Honey » des Four Tops…

L’intérêt de cette chanson c’est son côté pop. Et rapide. Cela faisait longtemps que je n’avais pas trouvé quelque chose comme ça.  Je me suis dit c’est une basse sympa de transition. Mais, en fait, je n’ai jamais pu m’en départir, car elle marchait trop bien. C’est une des chansons qui est arrivée à la toute fin et je trouvais intéressant d’avoir un titre comme ça, majeur.

Un peu Gainsbourien…

C’est la chanson de  Birkin, aussi, mais je ne dis pas la même chose.

Et il y a ce côté Motown.

Normal, cela me parle forcément. Sur l’album « Mes amis et moi » il y avait déjà un titre de la même veine intitulé « Le monkix ». C’est dans « Astérix et les Normands ». Goudurix arrive dans la tribu là-bas et dit : « mais ici, vous n’y comprenez rien du tout, à Paris on tape les fauteuils et on danse le « monkix ». » Et je pense que Goscinny a du faire quelque chose à partir de cette danse « Mickey’s Monkey », inventée en 63 par Smokey Robinson and the Miracles. Cette chanson était déjà un peu Motown. Ce sont mes racines, j’adore ça, pour le coté collectif, d’heureux, de majeur et puis d’entrainant. Et de pop. Et d’arrangé.

« Invisible » est aussi en parlé-chanté très Gainsbourg…avec un coté Pierre Barouh.

Le parlé, là c’était logique. J’avais une mélodie, mais je ne la trouvais pas terrible. J’ai longtemps hésité avant de la mettre cette chanson-là, car je me demandais si j’avais bien le droit de dire des choses comme ça, quelle pouvait bien être ma légitimité de dire de telles choses ? Je me suis dit : pourquoi pas.

« En King Size » me fait penser à « Manureva » !

C’est peut-être le tempo qui fait ça.

« Le soleil et la lune » surprenante reprise de Charles Trénet…

Oui c’est un de mes maitres que j’ai découverts tardivement. J’adore ses chansons si simples, qui volent dans tous les sens. Le soleil et la lune est un superbe thème. Tout l’intérêt était d’essayer d’amener ce texte et cette mélodie ailleurs.

 Puis instrumental, postface de l’album

Oui qui correspond au début de l’album, comme un cycle qui s’achève et qui recommence. La boucle est bouclée. »

 



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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