7 ANS DEJÀ SANS TAHA

Rachid Taha7 ans après sa disparition, notre petit XXème Parisien rendait ce week-end un double hommage à Rachid Taha avec la pose samedi d’une plaque commémorative dans le parc de Belleville, suivie le lendemain d’un joli concert donné au Flèche d’Or café, par son groupe, la bien nommée Armée Mexicaine. Hélas, dans l’époque déboussolée que nous traversons, certains politiques à gauche ou même certains proches, mettent des mots dans sa bouche que jamais Rachid n’aurait prononcés de son vivant; moi qui l’ai connu depuis l’hiver 1982, je peux en attester, même si cela me peine de voir mon pote ainsi trahi. Peu importe, l’essentiel c’est que la stature incontestable de Taha dépasse de bien haut ces basses récupérations politiques forcément polémiques.

Jerome Savy

Jerome Savy

Le 12 septembre prochain, cela fera exactement sept ans que Rachid Taha (Voir sur Gonzomusic  https://gonzomusic.fr/?s=Rachid+Taha) nous a quittés et le vide laissé par sa disparition semble de plus en plus vaste aujourd’hui. Car si nous pleurons encore l’immense artiste inventeur d’un rock fusion inédit, c’est aussi et surtout l’humaniste, l’amoureux des mots, des idées, des gens, des débats, de l’Histoire, celle de la musique mais surtout celle des hommes, de la culture en général et de la tolérance en particulier, qui manque si cruellement à notre époque déboussolée. Lorsque je l’ai vu chanter et bouger pour le toute première fois, à l’aube des années 80, dans cet étrange local de répète, niché sous les toits d’un vieil immeuble de la colline de la Croix-Rousse, Rachid me faisait immédiatement penser à un jeune Elvis Presley par tout le pouvoir magnétique qu’il pouvait dégager. En fait , rétroactivement, celui qui m’appelait invariablement habibi ou bien papa – même si je n‘étais que de deux ans son ainé- me fait bien plus songer aujourd’hui à John Lennon par sa créativité musicale bien sûr, mais surtout pour ses engagements si divers, mais toujours en électron libre, jamais inféodé à aucun parti, sauf celui d’en rire peut-être. Pour honorer sa mémoire deux cérémonies se sont déroulées ce week-end dans le XXème arrondissement de Paris, la première, samedi à l’amphithéâtre du parc de Belleville, avec la pose d’une plaque en son honneur ; et la seconde hier dimanche, avec un concert où, aux cotés de sa fidèle armée mexicaine, de nombreux guests à l’instar de l’ex guitar lead de Carte de Séjour Jérome Savy ou encore la talentueuse Nawel Ben Kraïem  se sont succédés. Seule ombre au tableau : entre les élus écolos communistes et certains de ses héritiers, ils prêtent, dans leurs discours, à Rachid des propos qu’il n’a pas tenus, lui inventant de toutes pièces des opinions sur les conflits actuels au Moyen Orient, que Rachid n’a jamais exprimé de son vivant, lui qui se foutait ouvertement de l’infâme junte algérienne, des barbus, des intégristes juifs arabes ou chrétiens et des cons en général par amour des gens tout court.

Pourtant, à les écouter Rachid aurait pris sa carte au PC, Il aurait adulé le passe-muraille apparatchiks maire du XXème Eric Pliez- Ô Saint Michel Charzat priez pour nous tant nous vous regrettons !- ( Voir sur Gonzomusic  JOHNNY DUNE CRACKE À LA MAIRIE DE PARIS ) , il aurait prétendument dénoncé et haï le droit à l’auto-détermination du peuples juif et fustigé l’apartheid israélien. Moi qui ai eu le privilège de le connaitre depuis juste avant la sortie du tout premier maxi de Carte de Séjour, je peux vous dire que tout cela c’est du total bullshit. Jamais Rachid n’aurait dénoncé Israel en tant que pays, car il était cultivé et savait ce qu’il signifiait : l’aspiration du peuple juif à regagner la terre de ses ancêtres et non pas un uber-colonialisme pour gagner des territoires à tout prix. Rachid savait très bien que lorsque tu étais, par exemple gay et muslim, mieux valait dix fois mieux vivre à Haïfa que dans l’écrasante majorité des pays arabes avoisinants ou pas…

Nawel Ben Kraïem

Nawel Ben Kraïem Hakim Hamadouche Idriss Badarou

Quant à sa prétendue dénonciation de la tragédie cruelle qui se joue à Gaza dans ses chansons ( sic !)… il faut juste connaitre un peu l’Histoire et surtout la Géographie pour confondre Gaza à la frontière de l’Egypte et Sabra et Chatila au Liban, que Rachid Taha évoque effectivement dans son “Voilà, Voilà”. La version originale de “Voilà, Voilà” date de 1993, mais il a également sorti une version réactualisée en 2012, intitulée “Voilà Voilà qu’ils reviennent”, avec des artistes comme Agnès B, Mick Jones (The Clash), Femi Kuti, et Zebda. Cette chanson dénonce le racisme, l’extrême droite, et les violences politiques, et elle inclut une référence explicite aux massacres de Sabra et Chatila, perpétrés en 1982 par les phalanges chrétiennes dans des camps de réfugiés palestiniens au Liban. Dans son texte, Rachid Taha cite effectivement ces événements parmi d’autres pour souligner les injustices, les violences, et l’oubli collectif. Et lorsqu’inversement on recherche quelle chanson de Rachid évoque Gaza, la réponse est : il n’existe aucune chanson de RT dans laquelle il mentionne explicitement Gaza, même si effectivement il a souvent exprimé sa solidarité envers le peuple palestinien à travers des concerts et des prises de parole publique. La page des discours officiels et des polémiques étant enfin tournée, la plaque à la mémoire de Rachid est dévoilée :  

« A la mémoire de Rachid Taha 1958- 2018

Artiste interprète algérien sa musique sans frontière est un vivant manifeste à notre « Douce France ».

Bon, on ne va tout de même pas bouder notre plaisir de la voir ainsi apposée à deux pas de chez moi.

Armée mexicaineLe lendemain dimanche, concert benefit à la mémoire de Rachid, donné au Flèche d’Or café, avec une jolie bordée de guests, épaulés par la bien entendu la fidèle armée Mexicaine, composée de l’emblématique Hakim Hamadouche (Voir sur Gonzomusic LA SAGA RACHID TAHA Épisode 5 : Hakim Hamadouche ) au chant et au mandoluth, Idriss Badarou à la basse- le frangin de Wally Badarou (Voir sur Gonzomusic PARIS, LA VILLE-SON…LORSQUE LES STARS DU ROCK ENREGISTRAIENT CHEZ NOUS…AU SIECLE DERNIER !  ), Kenzi Bourras aux claviers et aux chœurs et Yan Pechin à la guitare sans oublier l’irremplaçable gardien du temples Yves Fredj Aouizerate (Voir sur Gonzomusic LA SAGA RACHID TAHA Épisode 3 : Yves Aouizerate  ) . On a ainsi vu tour à tour sur la scène se succéder la brillante Nawel Ben Kraïem (Voir sur Gonzomusic  NAWEL BEN KRAÏM « Je chante un secret » ), Christian Olivier, Thomas Feterman, Sofiane Saidi et Franck Mantegari; et surtout dédicace à mon frère Jérôme Savy, l’ex charismatique lead guitar de Carte de Séjour qui a brillamment interprété une « Douce France » aussi punk, provoc et rebelle que l’aurait souhaité notre Rachid. Enfin mention spéciale à Hakim Hamadouche pour son charisme live. Là où il est Rachid sait qu’il peut être fier d’eux.

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