STING 3 0 Live … AGAIN À LUXEMBOURG
Éducateur au sens noble du terme, rockeur avec du cœur et ardent contributeur de Gonzomusic, Salim Zein revendique aussi sa condition de fan lucide de Sting ; et c’est à travers ce prisme qu’il a assisté au dernier show de l’ex-Policeman au Luxembourg, avec un ressenti, comment dire, quelque peu différent de celui de l’ami Ramon Pipin exprimé récemment sur votre Gonzomusic, dont la déception n’avait eu d’égal que l’admiration que le chanteur d’Odeurs portait pourtant depuis toujours à Gordon Matthew Thomas Sumner. Mais pour l’ami Salim le dard n’a rien perdu de son piquant, comme le prouve son live report.
Thèse, antithèse et synthèse, après la descente en flamme du dernier Sting « Live » par Ramon Pipin ( Voir sur Gonzomusic STING « 3.0 Live ») voici la réponse de Salim Zein, la live report du concert donné à Luxembourg la semaine dernière.
Par Salim ZEIN
Le 1er juillet 2025, Sting était à Luxembourg. Un concert en trio, sobre et incandescent, sous un soleil de plomb. Pour certains, c’est un chanteur qui radote ses vieux tubes. Pour d’autres, c’est un maître du temps, fidèle à lui-même, au-delà des réunions forcées et des gloires d’antan. Retour sur une soirée brûlante et sur ce que ça fait, d’aimer un artiste qui refuse de vieillir à votre place.
Le passé, parlons-en ! Certains voudraient encore ressusciter Police ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=the+police). Pourquoi ? Pour mieux l’enfermer dans une vitrine. Andy Summers, 80 ans, nous refait le coup du guitar hero modeste, expliquant dans une interview avec Rick Beato que les accords de « Every Breath You Take », c’était lui. « C’est moi qui l’ai fait », comme dans une vieille pub de Valérie Lemercier. Stewart Copeland ( Voir sur Gonzomusic POLICE LES AGENTS TRÈS SPÉCIAUX DU ROCK , POLICE LES AGENTS TRES SPECIAUX DU ROCK Épisode 2 ,et aussi STEWART COPELAND: « The Rhythmatist » )de son côté, toujours aussi brillant que bavard, s’est reconverti en storyteller officiel de l’épopée Police, alignant les documentaires, les conférences, les bouquins à dédicace. Et Sting, pendant ce temps, avance. Lentement. Sûrement. Dignement.
Souvenir d’une messe tiède
Moi aussi, j’y ai cru. J’étais au Stade de France, ce 20 septembre 2007, quand Police s’est reformé. Soir de Grand Pardon pour les fans de la première heure. Et pourtant… Une fois passée l’émotion des premières notes de « Message in a Bottle », quelque chose s’est effondré. Le son se perdait dans le béton, la scène paraissait lointaine, glacée. Le trio récitait, appliqués mais distants, les beaux jours de Zenyatta Mondatta. Plus d’improvisation, plus de tension. Juste un beau livre d’images. À ce moment-là, j’ai compris que Sting avait eu raison de partir.
18 ans après, Luxembourg, 38°C, 12 000 cœurs
Et voilà qu’il revient, cette fois à Luxembourg. Pas de reformation, pas de feu d’artifice. Juste un concert. Sobre. En trio. Avec Dominic Miller — son complice depuis plus de 30 ans — et un heureux citoyen du royaume, batteur, à l’écoute. Pas de démonstration. Pas d’égo. Juste la musique, offerte avec une maîtrise intacte, une voix chaude et un corps encore habité. Et ce public… 12 000 personnes. Sous un cagnard de 38°C. Les femmes (et pas que) littéralement attirées par la scène comme des aimants. Il faut le voir pour le croire. Ce n’est pas de l’hystérie. C’est de l’attachement. Un lien. Une fidélité.
L’élégance du dernier des géants
Car Sting n’a plus rien à prouver. Et il le sait. Il aurait pu faire comme tant d’autres : rejouer les vieilles formules, se contenter du clin d’œil complice aux boomers. Il a préféré continuer. Écrire. Chercher. Réarranger. Explorer. Aujourd’hui, à part Springsteen, qui d’autre peut encore prétendre au titre de « dernier géant » sans tomber dans la caricature ? Déjà dans les années 80, Sinatra lui avait signé un autographe : « To the new blue eyes. » Il ne s’était pas trompé. Sting, c’est l’élégance. Le crooner du chantier marin. Le gentleman rocker. L’homme qui continue à parler d’amour avec des mots simples et une aura magnétique. Il a dépassé le rock. Il est devenu une figure. Un miroir du temps. Et tant qu’il en aura envie, on sera là.
All pix by Salim ZEIN