STEWART COPELAND: « The Rhythmatist »
Comme le temps passe…voici trois décennies, Stewart Copeland, ci-devant batteur de Curved Air avant de devenir la force rythmique du power-trio the Police aux cotés de Sting et d’Andy Summers, publiait son album solo inspiré d’un voyage en Afrique dans le sillage du split de son groupe. Sting n’avait il pas montré la voie (la voix?) avec la sortie en juin 1985 de son premier LP en solitaire, le fameux « Dream of the Blue Turtles »? Avec le multicolore « The Rhythmatist », Stewart Copeland prouve définitivement qu’il « flotte mais ne sombre pas (fluctuat nec mergitur) »…et que l’aventure sonique continue !
Article publié dans le numéro 206 de BEST
Tiens, m’sieur l’batteur de Police s’est offert un petit safari, dis donc’. Couleurs, odeurs, rythmes, tam tams, marchés aux épices, tribus, fleuves, désert, chevaux, boubous, Land Rovers et tutti quanti, lorsque Copeland voyage, au moins il n’oublie pas les cartes postales. Stewart solo, ça n’est pourtant pas nouveau. Il avait déjà revêtu le pseudo de Klark Kent – le journaliste binoclard du Daily Planet, la « couverture » de Superman – pour publier ses premiers titres solos mais instrumentaux. On se souvient aussi de sa brillante collaboration avec Stan Ridgway pour la BO de « Rusty James ». A ce propos, justement « The Rhythmatist » fait un peu « Tintin au Congo », un « Don’t Box Me In » planant sur Air Afrique. Stewart est un sacré borné. Mégalo menthe à l’eau, je lui connais bien des défauts, comme celui de vouloir liquider Israël, mais lorsqu’il se met à être lucide, il sait flirter avec le génie. De tous les musiciens anglo-saxons actuels, il est peut-être un des plus ouverts à l’exotisme. La curiosité dans l’art est une force. Né au Liban, trimbalé dans tout le Moyen Orient, Stewart de tous temps a appris à se confronter à d’autres cultures. Je ne suis donc pas surpris qu’il se soit ainsi tourné vers Mother Africa.
Avec Ray Lema
Son confrère batteur Mick Fleetwood s’était déjà offert le Ghana voici quelques années- « The Visitor » en 1981-, Stewart tout comme lui n’est pas une grande voix mais au lieu d’utiliser des chanteurs de villages anonymes, il a eu la clairvoyance de se ménager les services de notre Ray Lema quasi-national, un des vocalistes les plus flamboyants d’Afrique. Les trois titres chantés par Ray sont de véritables splendeurs. Les instrumentaux de Copeland ont eux la chaleur de l’Afrique même si la fusion n’est pas parfaite. BO d’un film documentaire, « The Rhythmatist » reflète bien la force de la poussée africaine dans notre culture.
Publié dans le N°206 du mensuel BEST daté de septembre 1985