PARIS, LA VILLE-SON…LORSQUE LES STARS DU ROCK ENREGISTRAIENT CHEZ NOUS…AU SIECLE DERNIER !
Au milieu des 80’s, notre capitale ne se contentait pas d’être la ville-lumière…elle était aussi la ville-son. Des défunts studios +30, Pathé-Marconi et Studio Parisien au Studio du Palais des Congrès et Studio Marcadet, heureusement toujours en activité, en passant par le Studio des Dames, tous ces studios attiraient les stars internationales telles que les Stones, Miles Davis, Stevie Wonder ou Eurythmics qui enregistraient alors chez nous. Trente ans plus tard, cela nous parait surprenant que les Echo & the Bunnymen ou Cure choisissent Paris pour y faire leur album. Et pourtant, j’y étais, aussi incroyable que cela paraisse, je l’ai vécu et c’est pour cela que je tiens à vous le raconter aujourd’hui.
Flash-back…nous sommes en avril 1985 !
PARIS LA VILLE-SON
Paris, Tennessee ? Nashville-lumière ? Tous en Seine ? Mais qu’ont-ils donc, les Dupont Twins et les Duran , les Stones et les Eurythmics, les Stevie Wonder et autres Miles Davis à se bousculer dans notre capitale pour y enregistrer leurs chansonnettes ? (Châpo signé Christian Lebrun)
Les champignons de Paris se révèlent en fait de puissants. hallucinogènes. J’en ai eu la preuve ce matin en apercevant Keith Richards dans une Bentley rose fuchsia à la pompe British Petroleum du Faubourg Saint-Honoré. Mick Jagger est à Boulogne Billancourt, les Eurythmics zonent à Bagnolet, les Duran à la Porte Maillot, Herbie Hancock, Bill Laswell et Bernie Worrel se tracent des pistes dans les bistrots du 19ème arrondissement, tandis que les Thompson Twins font la nouba dans leur résidence place Vendôme. Docteur, dites-moi ce qui cloche, je vois partout des pop stars. Syndrome du critique en manque de vinyle frais, j’ai rêvé Paris et c’était une capitale rock. Entre les deux guerres et après, les auteurs anglo-saxons avaient pris l’habitude de débarquer à Paris pour s’imprégner du romantisme de Saint-Germain-des-Prés. Miller, Hemingway, Oscar Wilde ont laissé leur plume parcourir les pavés. Cartes postales immortelles d’un Paris idéal, les romans de l’après-guerre ont suivi l’évolution des deux dimensions du cinémascope. Dans les bars, c’était tous les jours « Un Américain à Paris». Grâce à Vincente Minelli, tous les stéréotypes de la vie parisienne, de la place de la Concorde en passant par les Champs-Elysées, du bistro au gardien de la paix, se sont répandus sur la planète. Paris folie, Paris passion, le rock and roll allait-il rester insensible aux charmes de Lutèce? Traditionnellement le rock se concocte à Londres, New York ou LA. Au cours des seventies, on voit aussi Kingston, Munich et Nassau jouer les challengers de l’industrie du son. En 85, Paris rocke et roule pour nous les kids. Les britiches et les yankees se bousculent au portillon. Avantages fiscaux ou art culinaire, pinard ou dollar, qu’est-ce qui fait vraiment courir les rock stars jusqu’en France?
DUPONT-DUPOND
A Wembley, le 1er janvier dernier, j’ai assisté au concert des Thompson Twins. J’avais déjà craqué sur leurs galettes pop et fruitées, mais je voulais m’assurer de leur authenticité scénique. Vidéo-stars, les jumeaux Thompson m’ont prouvé qu’ils n’étaient pas un simple mirage né de l’imagination fertile d’un synthétiseur vidéo. Epaulés par une demi-douzaine de musiciens, ils ont su déployer le savoir-faire rodé de réels performers. Je les retrouve un peu plus tard pour l’interview, histoire d’éclairer ma lanterne sur quelques mystères twinniens qui m’ont échappés, par exemple l’importance des drapeaux orange et verts qu’ils déployaient sur les planches du Wembley Stadium.
« Les deux couleurs, le vert et l’orange symbolisent le fossé entre l’Est et l’Ouest» rétorque Alannah Currie en hochant sa tête à moitié rasée comme un drôle de perroquet. « Si le titre « The Gap» ouvrait notre spectacle, ça n’est pas par hasard », continue t-elle, « le « gap» est un creuset où les cultures et les influences se métissent, un lien universaliste indispensable. Tu sais, nous essayons tout un tas de cultures et nous adoptons ce qui nous plait le plus dans chacune: Aujourd’hui, on ne peut plus se contenter d’endosser la culture de ses parents sans se poser de questions ».
Tom Bailey tire sur sa blonde et conforte la position de sa jumelle: « Plus le temps passe, plus le monde rétrécit. Les distances d’un point à un autre sont gommées par l’avance technologique. Ainsi, toutes les grandes villes du’ monde offrent de plus en plus de similitudes. Culture, architecture, mode de vie SB retrouvent dans le même « gap », Bill, Yvan, Rachid, Hans et Tony vibrent au même tempo et c’est complètement excitant. Le concert Thompson Twins ne fait que refléter ce phénomène d’intercommunication ».
Les Twins, c’est un peu « Les Dix Petits Nègres» d’Agatha Christie. Lorsque le groupe débarque à Londres, il compte déjà plus de sept membres, sept faux-jumeaux de bric et de broc qui s’embarquent dans des délires d’intello-musicos. Ils squattent dans le sud de Londres et donnent quelques, gigs expérimentaux où les deux premiers rangs de spectateurs sont mobilisés sur scène en tant que percussionnistes d’appoint. C’est le bordel, mais c’est parfois magique. L’éternel fossé groupe/public se comble, esquissant déjà la théorie du « gap ».
Les Twins enregistrent deux LP proches de la première formule de Human League sans toutefois parvenir à Ieur insuffler la magie de l’impro scénique et du feedback.
« On était sept individualités sans leader », reprend Bailey, « sur vinyle nous manquions totalement de cohésion. Il nous fallait des jours et des jours avant de synthétiser la moindre idée et chacun s’étalait de son point de vue rétréci à l’égomaniaque. Nous nous sommes séparés et la formation à trois avec Alannah et Joe est apparue comme la seule vivable. Nous avons conservé ce nom de faux frangins par dérision car nous appartenons tous les trois à des sexes et des races différents ».
Si Tintin reporter a déclenché des tas de vocations journalistiques- et la mienne au hasard pour être reporter au « Petit XXéme »-, il hante aussi les rêves de nos pop stars. Dans la version anglaise de Tintin, les Dupont-Dupond sont rebaptisés Thompson Twins, mille milliards de mille sabords … Deux albums à trois et quelques hits plus tard, les Twins ont su habilement doser leur côté percussions expérimentales pour le rendre enfin efficace. « Lorsque nous avons une idée, nous tentons de la communiquer au plus de gens possible» explique Alannah, « à travers nos poperies faciles nous voulons diffuser nos idées, projeter le public dans une dimension parallèle. Comme une peinture inachevée sur un chevalet que nous offrons pour que les gens exercent leur sens de l’imaginaire en complétant eux-mêmes le tableau ».
MARCADET:THOMPSON TWINS
Thompson, Thompson et Thompson cultivent l’utopie d’une Communauté Planétaire Unie. Cette fois le « gap» me renvoie à la case départ: « Rendez-vous à Paris », me lance Tom Bailey, « nous avons enregistré les deux précédents albums aux Bahamas avec Alex Sadkin. C’était très agréable, mais pour le prochain il nous faut battre comme le pouls d’une grande métropole. Nous avons exclu Londres car nous n’aurions jamais cessé d’être distraits. Il nous fallait une ville qui ne soit pas trop décentrée de l’Angleterre et où personne ne nous connaisse. Une ville qui ait du caractère, une âme. Paris semble être le choix idéal, on peut y acheter son lait sans qu’un fan vous tombe dessus et l’ambiance favorise la créativité ». Et voici nos Twins installés pour trois mois au Studio Marcadet in the Plaine ·Saint-Denis. Montjoie ! Georges Blumenfeld, le patron du studio commence à avoir l’habitude des stars anglo-saxonnes; Stevie Wonder avait déjà enregistré son «I Just Called To Say 1 Love You» l’été dernier et Nina Hagen y a fait quelques séjours prolongés pour son album à venir. Equipé d’une console Solid State Logic, le studio est aussi compétitif que les Town House ou les Power Station En plus l’air de Paname est gratuit …
« Ils craquent sur le café au lait/croissants, le change du Franc et les avantages fiscaux » souligne Georges, « s’ils font tout le disque en dehors du Royaume-Uni, il échappe par nature au fisc anglais. Pour peu que les artistes soient domiciliés aux Bahamas ou à Monte-Carlo, ils biaisent en beauté le percepteur. Il y a aussi l’attrait de la bouffe, mais dans le cas des Twins c’est un peu anecdotique puisqu’ils sont végétariens. En tous cas, je suis ravi de les avoir; contrairement aux Français, ils paient cash et sans marchander ». Grosso modo, les Thompson Twins passent au studio de 12 h à Minuit. Ils prennent tout leur temps. Ils essaient 14 micros pour faire une voix et expérimentent sans cesse de nouvelles percussions. Tom Bailey produit seul l’album, assisté d’un ingénieur, John Potoker- devenu depuis producer- qui bossait avec McCartney. Marcadet croule sous une avalanche de matos: et pourtant les 2 Twins reçoivent quotidiennement de nouvelles boîtes d’effets de Londres et des montagnes de gadgets électroniques. A l’heure où vous lirez ces lignes le simple tiré de l’album à venir, « King For Just One Day» tournera peut-être déjà sur vos platines.
DAMES: ECHO, CURE
Made in Paris, Echo and the Bunnymen et Cure avaient ouvert la voie l’an passé avec leurs albums respectifs « Ocean Rain » et « The Top» enregistrés au Studio des Dames dans le 18ème. Nostalgiques, nos petits Anglais étaient venus chercher à Paris l’espace d’un grand studio. Le vieux cinéma Météor reconverti a séduit lan Mac Cullogh. Il a même exigé d’exhumer des micros antiques à lampes AKG. Les plaçant à plus de vingt mètres de la batterie, il souhaitait retrouver la touche du passé, une distorsion différente et plus chaleureuse. Quant à Robert Smith il s’enfermait dans une petite pièce au sous-sol baptisée la « piscine» pour obtenir un écho (sans Bunnymen) naturel. De son coté, Echo a opté pour le Paris typique de Brel et de Piaf; ce désir profond et honnête de s’imprégner des vibrations de la vie parisienne poussait- sans doute par souci d’authenticité – le groupe à brûler toutes ses nuits aux Bains-Douches …
PALAIS DES CONGRÈS: DURAN DURAN
Paris by night, les Duran Simon Le Bon et Nick Rhodes s’envoient eux-aussi au 7ème ciel des pistes de danse, tandis que je frappe pour vous sur ma machine à écrire. Incestueux rock and roll ! Alex Sadkin-qui-rit-Vendredi et qui ne produit plus désormais les T. Twins, est néanmoins au studio parisien du Palais des Congrès alias Studio de la Grande Armée, pour réaliser le projet solo de nos deux Duran Twins. Comme à Marcadet, on retrouve la console digitale magique SSL qui paraît aujourd’hui servir de mètre étalon à toutes ces pop-tourist stars.
« Hé, on n’attire pas les mouches avec du vinaigre», souligne Carla la maîtresse des lieux, « jusqu’à présent pour eux la France c’était la jungle. Aujourd’hui notre équipement est très exactement semblable à ceux des grandes boites anglo-saxonnes ». Avec ses trois studios réservés jusqu’en Septembre, Carla devrait être aux anges. Et pourtant! « Nous avons une clientèle de variété française très fidèle. Quand on loue aux Anglais trois mois de suite, on perd des vieux clients. Bien sûr, on ne regrette pas d’avoir les Duran, ça nous fait de la pub, mais peut-être qu’on ne les reverra jamais … ».
Les Duran sont paraît-il, très organisés. Ils donnent toujours l’impression de glander, mais ils suivent un planning méthodique en se dopant au Coca et aux Treets. Sadkin se balade toujours avec un petit carnet qu’il couvre de notes. Pour s’y retrouver dans ce 2 x 24 pistes, il faut bien savoir louvoyer. L’ordinateur permet heureusement une recherche précise et instantanée de chacune des pistes. Les mauvaises langues prétendent même qu’il peut enregistrer mot à mot un chanteur hésitant… C’est parfois utile.
+ 30: LASWELL, BADAROU & CO
Un Américain in Paris, c’est indubitablement Bill Laswell (from Material), producteur de son état. Au studio + 30, derrière les Buttes Chaumont, il a enchaîné Miles Davis, Toure Kunda et Manu Dibango avec Herbie Hancock en guest-star. Le béninois Wally Badarou et ses synthés ont participé à quelques unes de ces séances. Il faut dire que nôtre Wally a un planning chargé. Quasi salarié chez Chris Blackwell, il travaille avec Robert Palmer, Grace Jones et Marianne Faithfull, compose les BOF des films « Countryman» et « Ils appellent ça un accident » et sort ses propres 33 tours sur le label Island sous le signe du palmier. Wally Badarou est aussi en vrac l’homme de l’ombre de Level42, le nouveau claviers dernier Foreigner-après avoir œuvré pour Thomas Dolby – sans oublier la prochaine production de Lizzy Mercier Descloux.
Alors, que pasa Paris, Wally ?
Ce qui pousse les anglo-saxons à venir travailler ici se scinde en autant de raisons qu’il y a d’artistes. Miles Davis, par exemple avait envie de s’imprégner de la vague des Africains qui sont tous à Paris. Herbie Hancock a plutôt envie de brasser sa techno-pop dans les tam-tams, c’est un peu la cora rencontre le Synclaviers. technologiquement, Paris s’est enfin hissé au niveau international. Si la console SSL est aussi populaire, c’est qu’elle marque un point important dans la libération du musicien. Cette table 100 % informatisée est une garantie de standardisation, ce qui signifie en clair que tu peux commencer à enregistrer à Paris et si tu as une overdose de baguette/litre de rouge tu files à New York ou à Nassau finir ton disque sur la sœur jumelle de ta SSL parisienne ».
A Nassau justement, le prodigue Wally a aussi participé aux sessions du 33 solo de Mick Jagger … produit par Laswell avec – oh inceste de lemon – l’éternel Herbie Hancock. Wally dixit, Herbie était le seul musicien à travailler sur les deux équipes Laswell et N ile Rodgers qui se sont partagé le gâteau de cette Michou production.
PATHE-MARCONI: STONES
Et lorsqu’on parle du loup, il faut l’entendre hurler du côté de Boulogne Billancourt.
The boys are back in town ! Les légendaires Stones drapés dans leur légende sont,aussi de la fête à Paris puisqu’ils enregistrent en France leur nième pizza chez Pathé-Marconi. Pour comprendre ce qui fait courir les Stones, il faut plonger dans l’espace sonore du studio 3, une boîte large et haute de plafond qui recrée l’effet naturel de délai d’une salle de concert. Eh oui, malgré toutes ces années, Jagger et son gang restent des rockers jusqu’au bout et un disque de rock ça s’enregistre dans les conditions du live.
« Les micros d’ambiance sont placés très » baut pour que le ‘son rebondisse», m’explique Claude Wagner, l’ingénieur du studio. « On retrouve ainsi une profondeur de son, un naturel qu’on ne peut pas recréer aujourd’hui avec des délais digitaux sophistiqués. Si les Stones sont aussi attachés à ce studio, c’est pour son côté aléatoire. Si tu déplaces la batterie de Watts, selon l’endroit et les micros d’ambiance, le son obtenu sera totalement différent. De même, ces parois de séparation qu’on utilise généralement pour éviter que les instruments ne « repissent » les uns sur les autres, les Stones au contraire les virent allègrement. Disons qu’ils cultivent la bavure tout en la dirigeant, c’est le jeu du hasard. Ils bossent généralement de 11 h du soir à 11 h du matin. Ils jouent des nuits entières en laissant la bande tourner. La moindre idée, les rires et les délires sont ainsi enregistrés. Ils repartent avec ·trois mois de bandes magnétiques pour mixer au soleil leurs nuits parisiennes allumées. Je crois qu’ils se sentent bien ici.’ le Chateau-Margaux, la place Vendôme et les gonzesses qui campent devant le studio, pour eux c’est aussi exotique que la planète Mars ».
On peut dire que Claude et son confrère Daniel s’offrent de belles tranches de rock and roll. En 26 ans de métier, Claude a enregistré les Beatles – en deux pistes « Komm, Gib Meir Deine Hand », la version goth de « I Want To Hold Your Hand»- et quatre LP consécutifs des Stones, ça ne vous fait pas rêver, vous….moi en tout cas?
STUDIO PARISIEN: EURYTHMICS
A Paris, le rêve rock paraît décidément plus long que la nuit. Une étoile brille dans le ciel de la capitale. De ma fenêtre j’aperçois le Studio Parisien rue de Bagnolet et en tendant l’oreille j’entends la voix de sirène d’Annie Lennox qui enregistre avec Dave les nouvelles aventures des rythmes européens. Contrairement aux studios visités précédemment, celui-ci ne contient pas de SSL ordinateur allume-cigares et Coke fountain intégrés. Le Studio Parisien est surtout un lieu de répétitions sans console 24 pistes ni racks à effets. Mais les Eurythmics ne sont pas des agités de la sur-dose technologique. Ils utilisent le synthé, mais comme les Stones avec leurs guitares, ils jouent à la roulette russe du son bricolé et aléatoire. Lorsqu’on entend un « boeinggg » chez Annie et Dave c’est plus souvent un tuyau à trois balles enregistré et bidouillé qu’un Synclavier 20010 sound odyssey. C’est le charme des Eurythmics, leur grande force aussi. Installée en Suisse, Annie voulait enregistrer dans son nid d’aigles, mais la neige et le froid rendaient toute communication avec le monde extérieur difficile, voire impossible. Dave a choisi Paris puisqu’II fallait à tout prix échapper au taxman véloce de sa Majesté. A Londres, le groupe avait l’habitude d’enregistrer dans une église désaffectée de Chalk Farm, plantée au milieu d’entrepôts et de manufactures diverses. S’il a flashé sur le Studio Parisien, c’est qu’il y a retrouvé la même ambiance, l’odeur tenace du bois et de la colle.
Décoré de fac-similés de vieilles affiches de cinéma, le studio des Eurythmies a l’air d’un gentil bordel. Des instruments s’entassent de tous côtés, j’ai du mal à y retrouver les deux ingénieurs du groupe, Adam Williams et Paul Bailey. Adam est l’ancien bassiste du Selecter, Paul est le neveu du photographe David Bailey. Quant à la brave dame qui nous sert le thé, c’est carrément la maman de Dave: le rock est aussi une affaire de famille à Paris. Mais c’est avant tout une affaire d’organisation. La console, les enceintes, tout le matos, a été expédié de Londres.
« Jusqu’aux Coton-Tiges et à l’alcool pour nettoyer les têtes des magnétophones» avoue Adam « mais si nous sommes très organisés sur le matériel, pour le boulot c’est le chaos total. Avec Eurythmics, on ne se pose jamais de limites précises. Si nous sommes ici c’est pour une seule raison. Dave est un frappé total et il ne fait qu’exploiter sa folie. A nous de la contrôler, de la canaliser. Rien n’est définitif, rien n’est sacré, il faut attraper la folie là où elle est. C’est la magie du moment, et l’environnement est essentiel dans ce processus créatif.
Dave s’enthousiasme d’un rien. Sur « Sweet Dreams »il faisait chanter le chef cuistot du restau d’à côté, cette fois, il enregistre des Français qui discutent ou un jeu de ping pong électronique Hier il s’est mis à boxer ce fauteuil en cuir pour immortaliser ce frappé mat qu’il a trouvé par hasard ».
Les Eurythmics enregistrent en 8 pistes, c’est une sacré discipline à respecter qui exclut tout son superflu. C’est surtout une approche directe du son recherché. Le groupe refuse l’esclavage de l’équipement sur-technologique, les machines sophistiquées dépassant la raison de ceux qui les utilisent Dave est bien plus fou qu’un computer, au diable les machines. Eurythmies ou Parithmics, en tout cas Annie s’est offert un duo avec Costello et je parie-ville lumière- que c’est assez réussi. La sortie de l’album est d’ailleurs programmée pour le mois prochain.
Alors, Paris rocke-t-il ? En ce début 85, la réponse est indubitablement OUI. Si les Eurythmics, les Stones, les Duran, les Hancock et tous les autres se mettaient à enregistrer un single ensemble, un « Do They Know It’s Easter» sur fond de litron-accordéon, je ne serais guère surpris. Mais des histoires pareilles, même à Paris- capitale-du-rock, ça n’arrive que dans les rêves des rock reporters. Les Anglais ont choisi le label Made in France surtout pour des motifs matériels et pratiques. Un romantisme réaliste prime leur choix, même s’ils craquent sur tous les attraits indigènes.
Ne nous leurrons pas, Simon Le Bon n’est pas Miller, Mick Jagger n’est pas plus Hemingway que vous ou moi et tant pis pour la légende from Paris with love,
Publié dans le numéro 201 de BEST daté d’Avril 1985
Hello,
Bravo pour votre site,
Toutefois une erreur s’est glissée dans la partie consacrée aux Stones: il s’agissait du studio trois et non du un..
Le trois avait était choisi par Chris pour la console EMI vintage (à base de nuvistors) et le cubage du studio.
J’ai participé à toute les séances.
P.Sam.
GENIAL…quelle mémoire…merci pour la précision Sam, je corrige…30 ans après mais mieux vaut tard que jamais. Fier de te compter parmi mes fidèles Gonzo-lecteurs. Keep on rockin’….keep on dreamin’….gbd
La Bentley S3 de Keith n était pas couleur .fushia.. mais orange matte.
?????????? tu aurais une photo ?