AYRON JONES « Chronicles Of the Kid »
Un an après son véhément « Child Of the State », le prodigieux Ayron Jones revient avec ce « Chronicles Of the Kid » qui bouillonne de la plus pure énergie rock blues. Le guitariste prodige de Seattle de 36 ans nous livre cette éclectique et néanmoins sonic collection de huit compositions qui se révèle riche en rebondissements. Dont quelques hits potentiels ou confirmés qui rendront sans doute ce 4ème album incontestablement mémorable…
Ce n’est pas la première fois qu’on vous explique qu’Ayron Jones appartient désormais au club très prisé des singer-lead guitars qui comptent. L’an passé son vibrant « Child Of the State » ( Voir sur Gonzomusic Rock Ayron the clock et aussi ME AND MISTER JONES ) avait su si bien électriser notre hiver, que forcement on en redemande. La preuve, puisque nous l’avons suivi sur scène le mois dernier au Cognac Blues Passions ( Voir sur Gonzomusic AYRON JONES LIVE À COGNAC OU QUAND LE ROCK DE SEATTLE DE JIMI PERCUTE CELUI DE KURT ). Cependant, nous n’avions pas encore dit notre dernier mot sur son étourdissant « Chronicles Of the Kid ». D’emblée vous l’aurez compris : le Kid de l’histoire c’est lui. Et connaissant les gouts musicaux du garçon, ce ne peut être une simple coïncidence car c’était aussi le surnom donné à Prince. Quant aux « chroniques » proprement dites, elles documentent sur un mode autobiographique la vie d’Ayron, orphelin de père et de mère, élevé par son oncle et sa tante dans le quartier le plus hard de Seattle… qui avait déjà vu grandir Jimi Hendrix. Kurt Cobain, son autre ombre tutélaire n’était pas très loin-. Enfin, il faut rappeler les parrains qui ont veillé sur le berceau rock de mister Jones : Sir Mix A Lot qui a produit son premier disque et Vernon Reid pionnier de la fusion rock-black en tant que guitar-hero au sein de Living Colour. Et à l’écoute de cr « Chronicles Of the Kid » on se dit que les constantes d’influences sont sensiblement les mêmes que sur le précédent. On y retrouve outre Living Colour justement entre autres Led Zeppelin, Lenny Kravitz et Prince bien entendu. Sans oublier un OVNI hip-pop carrément aux confins de Post Malone ( Voir sur Gonzomusic )… lequel faisait du metal avant de se lancer dans la rap , comme quoi !
Et c’est l’ardent « Strawman » qui ouvre le bal dans la déflagration des guitares les plus intenses mais aussi sur un thème enragé qu’évoque souvent Ayron : la condition de l’homme noir. Cet épouvantail de paille- justement le rôle que tenait Michael Jackson dans le remake Motown de The Wizard Of Oz- incarne le black moyen dans cette Amérique qui n’a toujours pas réglé les comptes de son passé esclavagiste. Puis c’est au tour d’un de mes titres favoris avec l’émouvant « Blood on the Water », une mélancolique balade blues rock à fleur de peau où il évoque ses parents disparus trop tôt : I pray for my mother/ Shed a tear for my father/ Nothing gonna save me/ There is blood on the water… ( Je prie pour ma mère/ Je verse une larme pour mon père/ Rien ne me sauvera/ Il y a du sang sur l’eau…) . Après l’énervée « The Title » l’album nous offre sa chanson la plus originale avec « Otherside » entre Post Malone et pop lumineuse à la the Cars, avec tout ce qu’il faut d’harmonies sans rien sacrifier à l’énergie. Autre moment-clef qui surgit avec « My America », sans doute le thème le plus politique évoqué par le guitariste de Seattle où l’on retrouve le Ayron insurgé avec tout ce qu’il faut d’harmonies sans sacrifier un kilowatt/h d’énergie. Puis avec « Living For the Fall » il renoue avec ses influences Kravitziennes, d’abord quasi a capella sur l’intro avant de se laisser porter par sa guitare sur un parfait ralenti rock aussi délicat qu’intense. Autre référence majeure avec Prince sur « Filthy ». Sur l’album précédent il y avait déjà « Springe Circles » aux accents du Purple Kid, cette fois c’est comme un écho rock salace à la « Dirty Mind ». Ensuite, on ne dira pas qu’Ayron ne se défonce pas pour nous avec « Get High » métal léger aussi intense que lumineux pour un titre qui vante non pas la défonce mais l’ivresse de les retrouver en vie chaque matin. Encore une balade cool qui nous fait s’exclamer : « Lenny Kravitz sort de ce corps » avec ce « The Sky Is Crying », super balade cool… dont le refrain « I’m only happy in the pouring rain » me rappelle l’esprit du « Happy When It Rains » de Garbage. Enfin, ce joli trip s’achève sur la tonitruante « On My Feet i Stand » où la guitare d’Ayron Jones joue aux éclairs et au tonnerre pour un orage rock and blues à la chaleur moite. Vous l’aurez compris, on se désaltère de ce « Chronicles Of the Kid » comme à l’oasis après avoir traversé la fournaise du désert.