CERTAIN GENERAL « Jacklighter »
Voici 31 ans dans BEST GBD succombait à nouveau au rock yankee dans ce qu’il peut avoir d’aussi beau que de ténébreux avec ce sixiéme album de Certain General. Déjà son prédécesseur l’éblouissant « Cabin Fever » m’avait enthousiasmé, deux ans plus tard son follow-up « Jacklighter » distillait ses compositions empiriques comme un tord-boyau forcément aussi incendiaire qu’addictif. Flashback…
C’est vrai, j’avoue… j’avais déjà bien craqué sur ce « Cabin Fever », premier album des new yorkais distribué par une major du disque ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/certain-general-cabin-fever.html ), publié au printemps 1990 ce « Jacklighter » était loin également de m’avoir laissé indifférent. En pariant sur des groupes tels que Carte de Séjour, Orchestre Rouge, Noir Désir ou encore justement Certain General, puis sur des artistes solos comme Kent, Bashung, ou Eicher, le visionnaire Philippe Constantin marquait sa différence. L’homme qui avait signé téléphone, Starshooter ou Higelin savait prendre des risques et rafler la mise. Ses successeurs étaient beaucoup moins aventureux et forcément moins successful dans le choix des signatures. Une poignée d’année après ce « Jacklighter », Barclay rendait son contrat à ce groupe fantastique, tournant définitivement la page Constantin. Mais Certain General n’avait pas pour autant rendu les armes, continuant à publier des albums.,En 2010, d’ailleurs notre pote PPA avait sorti leur « Stolen Car » sur son label Le Maquis ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/le-maquis-megastore-de-ppa.html ).
Publié dans le numéro 262 de BEST sous le titre :
EAU DE FEU
Après s’être adonnés à la « Fièvre dun Cabanon » ( Cabin Fever) , les Butch Cassidy and the Sundance Kid du nouveau rock yankee, ne reculant devant aucun mauvais coup, se livrent cette fois au braconnage. Parker du Lany et Sprague Hollander, respectivement chanteur et guitariste du combo culte Certain General ont intitulé «Jacklighter » (braconnier) leur nouvel album, comme ces outlaws qui signent leur larcin d’une carte de visite. Et si leurs tronches de mauvais garçons méritent de s’afficher en posters king size « wanted dead or alive », c’est pour un rock distillé au pur feeling comme les bouilleurs de cru qui bricolent la gnôle la plus ravageuse dans des alambics de fortune. Certain General est une eau de feu qui ne trompe pas lorsqu’elle vous brûle la tête et les tripes. Sous ses faux airs de Dylan, la voix de Parker joue le trémolo pour traduire son doute et sa douleur. Ange déchu déchiré, Parker est un négatif photo du gentil Michael « REM » Stipe. Quant aux guitares de Sprague, elles crissent et rugissent comme un moteur V8 qui arrache sa gomme sur le macadam. Produit par Lloyd Cole, Gavin Mackil le top producer du précédent et Fred Maher-ex- Material /Golden Palominos, « Jacklighter » a toute la cohésion d’une œuvre majeure. Et si le miroir du rêve américain s’étoile sous le choc, c’est bien la faute aux Certain Général Idéaux pulvérisés, love songs désabusées sur fond de crise, ces chansons nous trouent la peau, avant de nous hanter. Parker et Sprague desperados en digital ont parié un jour que leur spleen électrique serait plus long que nos nuits. Pari tenu !
Publié dans le numéro 262 de BEST daté de mai 1990