Happy BD from GBD mon cher Tintin
Nom Tintin. Profession reporter. Âgé de 90 ans aujourd’hui. Et si on a du mal à le croire, c’est pourtant vrai. Le 10 janvier 1929, le plus célèbre journaliste de la BD s’envolait pour son premier reportage publié dans le magazine belge Le petit XXéme consacré aux nouveaux maitres de la Russie soviétique. Intitulé « Tintin chez les soviets » cette première aventure sera suivie de tant d’autres qui ont su autant inspirer nos vies.
On rapporte que Tintin reporter n’a jamais écrit et rendu qu’un seul article, dans le tout premier épisode de ses aventures, « Tintin chez les soviets » qui célèbre aujourd’hui ses 90 printemps. Quoi ? Le plus fameux des reporters aurait fait pire que Pénélope Fillon à La Revue des Deux Mondes ? Diantre. Ainsi, que cela soit au Congo, en Amérique, en Égypte, en Chine, en Amérique du Sud, en Écosse, en Syldavie, et dans le désert, sous les mers, chez les Incas, sur la Lune, au Tibet, en Australie ou chez les Picaros, tous ces reportages auront été en vain ? Pas tout à fait. Certes, si Tintin était loin d’être le roi de la pisse-copie, à ses côtés dans ses BD nous partagions ses extraordinaires aventures et au fil des albums nous étions toujours présent. Et Tintin a su faire naitre en nous cette vocation pour les reportages et les voyages. Petit GBD âgé de six ans avait découvert Tintin et Milou avec « Tintin en Amérique » et était devenu immédiatement accro. Et, au fil des années, lorsqu’on l’interrogeait sur ce qu’il voulait faire plus tard, il répondait inlassablement : « je veux devenir reporter comme Tintin ». En 79 après ses études de droit, et forcément à cause de Tintin, il ne souhaitait embrasser nulle autre carrière que celle de journaliste. Si Tintin a su me servir de source d’inspiration, beaucoup d’autres s’y sont également abreuvés. La moitié des rédactions de BEST et d’ACTUEL étaient constitués de fervents tintinophiles, à l’instar d’un Jean François Bizot ou d’un Christian Lebrun.
Et, dès mes premiers reportages pour la « télévision française à Cognacq-Jay », j’ai réalisé une interview de l’unique personnage vivant des aventures de Tintin : Tchang. Le jeune garçon qu’il rencontrait dans « Le lotus bleu » et qu’il sauvait de l’Himalaya dans « Tintin au Tibet » existait pour de vrai et était à la base d’une incroyable amitié à travers les âges, les guerres et les continents. Après toutes les approximations aussi bien géographiques qu’historiques des premières aventures de Tintin, Hergé a décidé de cesser de dessiner des lieux inconnus où il n’avait jamais mis un pied comme le Congo, la Russie soviétique ou encore l’Écosse. Le géniteur de Tintin a donc décidé de se documenter pour sa prochaine BD dont l’action se situait en Chine dans les affres de la guerre de l’opium. Il a alors rencontré Tchang, qui était un jeune chinois originaire de Shanghai qui poursuivait ses études à l’Académie des Beaux Arts de Bruxelles. Dès lors, une belle et solide amitié s’est liée entre les deux hommes au fil de leurs rencontres régulières où Tchang racontait sa Chine à son ami belge. À la fin de ses études, Tchang a regagné son pays, mais hélas à travers les guerres puis la révolution culturelle menée par Mao, ils se sont définitivement perdus de vue. Cependant, Hergé n’a jamais renoncé. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a imaginé « Tintin au Tibet », se disant que si Tintin retrouvait enfin Tchang, lui aussi pourrait peut être revoir son ami. Malgré cette superbe aventure, Hergé n’avait toujours pas réussi à le localiser. Alors, à chaque fois qu’il dinait dans un restau chinois, il demandait inlassablement si quelqu’un connaissait Tchang. Jusqu’au jour où un tenancier lui a finalement répondu « Oui bien sûr, c’est mon cousin ». Nous sommes à au tournant des années 80 et après près de 40 années de séparation, les deux amis se retrouvent enfin. Hergé envoie un billet d’avion pour Bruxelles à Tchang et c’est avec émotion que les deux hommes renouent leur lien le 18 mars 1981. Hélas, le père de Tintin est déjà gravement malade ; il est atteint d’une leucémie. Hergé décédera en mars 83. Tchang restera en Europe, notamment pour sculpter son ami Hergé. Ainsi, en février 1987 alors que Tchang séjournait à Paris pour réaliser un buste monumental du visage d’Hergé destiné au Musée de la BD d’Angoulême, j’ai eu le privilège d’interviewer ce vieil homme aussi facétieux qu’attachant et qui bien entendu me fascinait. C’était tout de même la toute première fois que je passais de l’autre côté du miroir des aventures de Tintin : un véritable rêve de Tintinophile. Aujourd’hui, j’ai du mal à le croire, ce vieux Tintin souffle ses 90 bougies. Il aurait eu le même age que mon père. Bonne nouvelle, Steven Spielberg annonce qu’un second épisode cinématographique de Tintin serait dans les tuyaux. Réalisé à nouveau avec Peter Jackson, il sortirait dans trois ans environ. Seule ombre au tableau, les deux réales hésitent encore à ce jour entre un mix du « Sceptre d’Ottokar » et de « L’affaire Tournesol » ou bien « Objectif Lune » et « On a marché sur la Lune » pour leur prochain long métrage. Mille milliards de mille sabords.
Happy birthday tout de même, mon cher Tintin !