ZAÏRE 74 : « The African Artists »
En 1996, l’incroyable documentaire de Leon Gast « When We Were Kings » était consacré au « combat du siècle » qui opposait Mohamed Ali à George Foreman le 30 octobre 1974. La BO du film faisait alors la part belle aux stars de la blackitude telles BB King, James Brown ou les Spinners qui s’étaient alors produites durant un méga-concert donné au stade du 20 mai. Mais de nombreuses étoiles africaines, héros de la rumba zaïroise, se sont aussi produites à Kinshasa durant trois jours de musique, de paix et d’amour. Oubliés durant près de 40 ans, ces concerts ressurgissent enfin aujourd’hui avec ce ZAÏRE 74 où l’on retrouve Tabu Ley Rochereau, la chanteuse Abeti, Franco comme la star sud-africaine Miriam Makeba. Et c’est là un évènement majeur, un voyage sonique à remonter le temps.
Le « combat du siècle », le fameux « rumble in the jungle », comme on l’avait alors baptisé, aurait du se produire le 22 septembre, il a été repoussé au 30 octobre pour permettre à Foreman de soigner une blessure. Cependant, un « Woodstock Africain » de trois jours avait été organisé à partir du 22 septembre, la date originelle prévue pour le match Mohamed Ali VS Foreman et le show fut maintenu. Grâce au musicien sud-africain Hugh Masekela et au producteur Stewart Levine, ces inédits ont été exhumés, remixés et remastérisés dans ce double CD consacré aux artistes africains de ces raouts organisés par le président Mobutu- qui espérait ainsi booster son image de marque de despote- et le producteur Don King. En tout, 34 chansons où l’on retrouve le regretté seigneur Tabu Ley Rochereau, Abeti, la Tina Turner d’Afrique de l’ouest, le puissant Franco, Miriam Makeba et l’Orchestre Stukas.
Tam-tam planétaire
Avec un son à couper le souffle, on redécouvre ces immenses artistes qui incarnent non seulement le nec plus ultra de la légendaire rumba zaïroise, mais également de la musique africaine. Certes, il y a un côté incontestablement kitch aux 2 chansons- hommages appuyés au dictateur Mobutu par la chanteuse congolaise Abeti, mais on se souvient que l’ami Alpha Blondy en faisait autant avec Houphouët Boigny. Mais il est incontestable que Mobutu, qui avait renversé et assassiné le président élu Patrice Lumumba, cherchait à utiliser cet événement pour redorer son image internationale. Le « rumble in the jungle » n’aura pas cet effet escompté. Néanmoins, entre le docu « When We Were Kings » et ces témoignages enfin exhumés du meilleur de l’Afrique des 70’s, le tam-tam planétaire prouve qu’il n’a pas fini de retentir pour nous faire vibrer comme jamais.