LE VENDREDI T’EMPORTERA EN TRANS EPISODE 2
Seconde journée enfiévrée de ces 39éme Transmusicales analysée avec art, forcément rock, par notre envoyé spatial Rachid BARA electrisé par ces formations aussi éclectiques qu’exotiques à l’instar des Flamingods, ces dieux de la pop psychédélique transcendantale, débarqués du Bahreïn et qui constituent la première révélation majeure du festival. Trois Suisses avec le tribal One Sentence ? Supervisor, le quartet, Mister Milano à la love attitude de crooners à l’italienne et le trop clean quatuor Pandour. On a aussi craqué sur le funk éthiopien du groupe Gili Yalo, sur les vibes Japonaises du Oki Dub Ainu Band, sur la pop à l’orientale d’Altin Gün, sur le ska des showgirls nippones friponnes de Oreskaband. Et, en bouquet final, l’énorme claque de la découverte des Too Many T’s, joyeux hip hopeurs britanniques à l’irrésistible tendance old school . Vous l’aurez compris à Rennes the music never stops…
De notre envoyé spatial
Rachid BARA
Deuxième jour, second épisode de la saga des 39èmes Rencontres Transmusicales de Rennes. In Trans we trust ! Journée épique après une quasi-nuit blanche, en attendant la suivante avec des claques et des déceptions et beaucoup de belles rencontres forcément transes et musicales.
Vendredi 15h30 au Liberté, sur le plateau de la radio FIP, Jean-Louis Brossard, le grand ordonnateur des Trans, avec Béatrice Macé, en interview présente son festival et défend ses chouchous de l’année. Et à ce propos, l’un deux est présent au micro et livre un show radio d’exception, foutant le feu au plateau. C’est Flamingods, des dieux de la pop psychédélique transcendantale complètement habités par leur musique. Avec grâce et passion, le fluide magique musical se transmet sur le plateau, où tout le monde remue du popotin, le sourire béat aux lèvres. Le rendez-vous est pris pour tard ce soir, tant le moment semble s’annoncer incontournable.
La redoute des 3 Suisses
En attendant, direction l’Ubu pour un focus sur la scène suisse. 3 groupes au programme, et ça commence fort avec One Sentence ? Supervisor, quartet sonique tribal à l’influence Krautrock revendiquée. Les guitares sont bruitistes et/ou ambiant, parfois proches de Sonic Youth ou de My Bloody Valentine. Le chant poppy renvoie à la scène britannique shoegazing. Juste sublime dans la montée vertigineuse des morceaux, l’ambiance s’échauffe vite à l’Ubu. Au milieu du set s’ajoute un musicien accompagné de son oud et à ce moment-là, on monte encore un cran vers ce qui constitue un moment parfait de l’état extatique.
Cette première claque Suisse est suivie d’une seconde en retour avec Mister Milano, où la love attitude du crooner velouté à l’italienne se mêle aux claviers analogiques vintage à gros son pour des envolées trip hop à la Massive Attack ou Portishead de toute beauté. Les chansons sont sublimes, la voix sensuelle de velours est à l’avenant, la vraie belle classe à l’Italienne avec une retenue toute Suisse. Jamais deux sans trois !? Eh bien, le troisième groupe suisse programmé, le quatuor Pandour, semble bien fade dans son art de l’electronica avec des sons petits et un groove de musique house d’ascenseur, trop clean et sans âme.
Parc Expo au début pas trop Show !
Bien que complet ce vendredi, le Parc Expo semble assez vide à 21h15 et mettra du temps à se remplir vraiment pour finir dans une sensation de grande fête orgiaque. Du coup, les prestations des groupes restent en demie teinte sans vraiment bouleverser. Difficile dans le grand Hall 9 un tiers plein de faire monter la mayonnaise funk éthiopienne. Le groupe Gili Yalo se donne malgré tout et délivre un bon concert dans la froideur de ce Hall immense. Leur musique méritait mieux ? En demie teinte également le dub trad tribal des Japonais Oki Dub Ainu Band qui manque de transcendance tout comme la pop à l’orientale psychédélique des Néerlandais Altin Gün où la grâce suprême fait terriblement défaut.
Le ska bande à la Japonaise
Il faudra attendre les Japonaises showgirls de Oreskaband pour faire monter la fièvre dans cette soirée hivernale pluvieuse. Irradiantes sur scène, heureuse visiblement d’être là avec leur show ska rock pop diablement affûte. Sur scène, ça joue grave, la section cuivre est optimale et se démène pour mettre l’ambiance. Très vite, l’ambiance monte d’un cran et le public est en totale osmose. On jumpe dans tous les sens et ça remue du bassin devant tant de prestance scénique et de folie contagieuse. Très poppy dans le style, les chansons ska sont tubesques et sonnent souvent comme le girls pop band des 80’s : The Gogo’s. Jouant pour la première fois en France, ce combo risque de hanter les prochains festivals estivaux de France, tant le show est efficace et frais !
Les Flamingods en pleine lévitation
Déboulent ensuite des musiciens du Bahreïn qui font néanmoins remuer le bas des reins et pas seulement : ces Flamingods qui déjà avaient enchanté mon début d’après-midi et qui là, persistent et signent en allant encore plus loin pour soulever de terre le public du Hall 3 en pleine lévitation aussi transcendantale que musicale, avec une énergie folle, et des tourneries de transes intenses qui finissent dans une harmonie extatique lumineuse et libératrice… Grande révélation de ces Trans !
Le hip hop old school n’est vraiment pas mort
À l’apogée de cette soirée, les hip hopeurs britanniques à tendance old school Too Many T’s déboulent sur scène, pour un set d’anthologie qui rappelle le meilleur des Beastie Boys. Le flow des deux MC’s est brillant et plein de punch, le DJ envoie des purs bons sons et les vidéos qui accompagnent ce trio infernal suivent à la perfection l’ambiance scénique des compères. Le show groovy à souhait est parfait, tenant en haleine un public prêt pour la party. À la différence de Colombine, la veille, le flow est imparable et impeccable et nos deux MC’s savent tenir la scène et partager leur frénésie à un public qui ne connaissait rien d’eux, ou presque. Sans artifices, sauvages et à la cool, ils imposent leur style avec force et respect… Énorme claque ! Après tant de force scénique, dur de passer à autre chose et de redescendre. Les Tchèques de Noisy Pots pilotent ce retour sur terre dans le frimât humide Rennais… Mais demain ça recommence, vive les Trans !
Texte & photos Rachid BARA