L’ONCLE SAM DIT SAMEDI AUX TRANS C’EST LA DÉMENCE EPISODE 3
Troisième jour, nouvel épisode de la never ending saga des 39ème Rencontres Transmusicales. God save The Rennes nouvelle journée dantesque, après une seconde quasi nuit blanche pleine des chocs, du chic, de la chique et des futurs standards du monde de la pop culture et du grand show-business artistique avec le trio malgache pop punk No Mady, la grosse révélation du sextet suisse metal aux 3 chanteurs Zeal & Ardor, l’électro new wave de Confidence Man, la chanteuse percussionniste congolo-parisienne Tshegue, et pour finir énergie maximale avec le brillant trio américain Moon Hooch, ce brass band minimaliste et pourtant taillé pour les dance-floors, vous n’avez décidément pas fini d’être en …transes 😉
De notre envoyé spatial Rachid BARA
Samedi 13h, salle Liberté Bas, plateau radio avec un direct sur Le Mouv’ et l’émission d’Olivier Cachin, où le Papa du hip-hop en France reçoit Columbine, ABD et Too Many T’s en interview. Belle émission pour évoquer deux soirs et deux tendances du rap avec la nouvelle vague française représentée par les Rennais de Columbine, au succès porté par un usage massif des réseaux sociaux : Ils annoncent en direct qu’ils viennent d’apprendre qu’ils sont Disque d’Or (50 000 exemplaires d’albums vendus), et ABD des quartiers Sud… de Rennes, d’une part et d’autre part les MC’s de Too Many T’s qui eux, sont Anglais et distillent un hip-hop old school bougrement efficace. Ces deux chapelles qui ont cartonné aux Trans, ne sont pas forcément antagonistes et complémentaires, même si ce plateau radio symbolise les querelles actuelles qui animent les fans de hip-hop. L’ « auto tune « célébrée dans la nouvelle tendance du hip-hop made in Nantes est souvent sur-utilisé et ressemble plus à un « cache-misère » qu’à un bel effet artistique, surtout qu’en live, il n’est pas forcément bien dosé par ce jeune collectif rennais, empêchant de comprendre les paroles en concert, ce qui est dommage quand ça rappe en français, et que les susdites paroles ne sont pas nulles, ce qui est largement le cas avec Columbine ( à l’instar de PNL), tout le contraire du phénoménal (par le succès, pas par la qualité artistique) et intellectuelle des textes) Marseillais à gerber ta mère Jul. Pas d’artifice chez Too Many T’s, ils ont le vrai flow qui tue et la high énergie qui va avec, alors ça sonne mortel naturellement, mortel, festif et sauvage…
Sa voix adoucit les mœurs de la punk attitude
Un peu plus de 17h, au Liberté Haut, dans la salle L’Étage archi bondée ce samedi, débute No Mady (prononcer No Mad ou Nomade). Ils sont malgaches, trio Féminin-masculin ou le féminin l’emporte 2 – 1. Le mâle assure la dynamique rythmique de leur rock punk grunge pop et frais avec ardeur et talent, il envoie aussi les boucles électroniques qui viennent agrémenter l’ensemble d’une prestation insolite qui rappelle le carton il y a deux ans des Malgaches Dizzy Brains qui avaient enchanté le Parc Expo ! Dans la foulée, des artistes de Madagascar tentent de sortir de leur Pays, une gageure en rappelant que cette Île est le Pays le plus pauvre du Monde, titre honorifique qu’ils disputent dans la rage et la vanille avec Haïti. Le trio a emprunté des instruments pour jouer aux Trans et viennent tout juste de faire une résidence d’artiste à Lorient, pour se faire aux manières occidentales de jouer live. Il faut dire que cette action est ponctuée de succès, hormis un buzz sur la guitare de la belle petite chanteuse dès qu’elle arrête de balancer ses riffs punchy rock’n’roll punk. Sa voix adoucit les mœurs de la punk attitude pour renvoyer aussi vers la pop et la couleur électro rajoute un charme indéniable à ce trio. Entre L7 et The Breeders version plus sucrée vanille de Madagascar, mais avec des revendications lesbiennes assurées : la bassiste a une amoureuse, mais la chanteuse avoue être seule et cherche l’Amour ! De l’amour en musique, par contre, il y en a, un beau coup de cœur d’une belle affaire à suivre…
Médaille d’Or du nom de groupe improbable !
Pour tenir aux Trans après deux nuits blanches, cafés noirs… sieste obligatoire de deux heures au Parc Expo, dans un fauteuil confortable du coin de l’accueil presse plutôt cosy. Réveil à minuit pour voir absolument Zeal & Ardor, qui n’est pas un duo, mais un sextet suisse avec 3 chanteurs pour un métal plutôt death à esprit ouvert, entre Black Sabbath, Sepultura, Metallica, Gojira et Led Zeppelin pour le blues. Le set est énorme, grosse révélation. C’est tribal dans la transe, avec une vision très personnelle, une relecture de la scène alternative métal qui mêle les styles, tout en surfant vers d’autres horizons musicaux blues, électro, musiques expérimentales), accessible à un public lambda. Par contre, le plus dur est de se souvenir du nom du groupe… Médaille d’Or du nom de groupe improbable…avec zéle et ardeur !
Un tour ensuite du côté du Hall 9, le plus grand des hangars du Parc Expo consacré à l’électro et surtout aux DJ’s. Confidence Man y est le seul groupe programmé ce soir-là, un duo masculin – féminin qui joue de l’électro new wave sensuelle et accrocheuse dans un esprit de fête avec des chorégraphies et une belle volonté d’en découdre en live. Malheureusement, le côté « faux live », musique trop jouée par l’ordi, nuit à l’efficacité de la perception sonore de cet étonnant objet dansant non identifié, car singulier. Dommage
Hall 8, ça suinte le live, le vivant avec la Congolaise parisienne Tshegue. D’une grâce folle, mais aussi capable d’être une guerrière sur scène, cette chanteuse percussionniste envoie de la transe immense, du groove imparable tribal dans un esprit afrobeat totalement frénétique. Très punk dans l’esprit, la belle aime aussi se la joué soldat près au combat. Virile et sensuelle, avec ses compères elle se démène comme une diablesse dans un show naturel d’enfer… Encore une belle et grosse révélation pour cette soirée de fièvre du samedi soir.
Un final en fanfare pour cette soirée
La fièvre remontera dans ce même Hall 8 avec le brillant trio américain Moon Hooch. Un final en fanfare pour cette soirée. Brass band minimaliste, ils sont trois, pour un résultat maximaliste : de la pure folie de cuivres en folie et d’un batteur en feu. Le tout aidé d’une machinerie électronique au gros son qui tue. Du Brass Dance, des cuivres armés pour les pistes de danse lorsque la maestria des musiciens se conjugue avec un feeling d’enfer et une envie indéniable de faire danser les gens dans une ambiance de pure folie déjantée. La discothèque Hall 3 est alors un dance-floor idéal pour clôturer un samedi dantesque plein de belles et grandes surprises !
Déjà 5h30, déjà dimanche dans le manche et dans quelques heures, Les Trans se poursuivent à l‘Aire Libre et à l’Ubu, c’est fou…it never stops !
Texte & photos Rachid BARA