SNOOP DOGG « Missionary »
C’est sans doute parce que son tout premier album sorti voilà trente ans était intitulé « Levrette » que Snoop Dogg a choisi de baptiser ce 20ème album-studio, fruit d’une nouvelle collaboration avec Dr Dre, du gentil sobriquet de « Missionnaire » preuve que le rapper de Compton a une certaine suite dans les idées et une incontestable constance du moins en ce qui concerne ses… positions. Boosté par de nombreux hits aux samples tubesques de Police, Tom Petty, Suzanne Vega, Pink Floyd, Isaac Hayes ou encore Sly & the Family Stone, on n’a décidément pas fini d’adopter son « Missionary ».
Et si c’était forcément l’album le plus sexy depuis son « Doggy Style » inaugural de 1993 ? Bien sûr, il y a ce titre en écho à ce premier « Levrette » révolutionnaire déjà propulsé par le bon Dr Dre… « Missionnaire » à la fois si pieu et si… profane. Mais pas seulement car après avoir particulièrement brillé aux derniers JO de Paris, ce cabotin de Calvin Cordozaz Broadus Jr s’est attelé à la capture e ce vingtième album à nouveau piloté par l’immense Dr Dre. Et sans nul doute au nom du groove, ce projet ne pouvait que nous combler par son ampleur. Super production de Dré, guests à foisons dans une armada de samples plus tubesques les uns que les autres, ce « Missionary » a décidément tout pour convaincre. Et c’est « Shangri La », porté par un super sample d’Ahmad Jamal, qui marque le retour d’un Doggfather victorieux, porté en triomphe par un groove nonchalant. Puis « Outa Da Blue » attaque en sauvage duo body-buildé aux muscles saillants, bras de fer entre Snoop et Dre , juste comme au bon vieux temps avec une citation du « All Around the World » de Lisa Stanfield et un échantillon de l’entêtant « Paper Planes » de M.I.A…. elle-même samplant le mythique « Straight To Hell » du Clash sur leur « Combat Rock »… bref rien que du bon ! Avec « Hard Knocks », Dre fait encore assez fort en samplant carrément l’illustrissime « Another Brick In the Wall ( Part 2) » du Floyd pour un titre punché d’une totale énergie où les kids répondent au Doggfather comme les élèves de « The Wall » entonnent leur « we don’t need no education (…) teachers leaves the kids alone ». Boogie funky piano avec « Gorgeous » et feeling old school à la Isaac Hayes pour un beat aussi généreux que chaleureux comme le soleil de Long Beach, sans doute un des titres les plus cools de ce « Missionary ».
De plus en plus fort, Snoop et Dre annexent Tom Petty and the Heartbreakers, réinterprétant à leur sauce forcément boostée au THC leur « Mary Jane’s Last Dance » de « Wildflowers » ( Voir sur Gonzomusic ) dans ce « Last Dance With Mary Jane »… et en en matière de Marie-Jeanne je crois qu’on peut lui faire confiance. En tout cas, le rock sied particulièrement au fameux rapper avec une piste qui se révèle tout particulièrement scotchante. Quant à « Thank You », là aussi la paire Dre/ Snoop fait très fort, samplant dans le même titre à la fois l’historique « Thank You (Falletinme Be Mice Elf Again » de Sly & the Family Stone ET aussi « The Watcher » du même Dr Dre et d’Eminem… qui n’a pas dû avoir trop de mal à négocier les droits avec lui-même. Musicalement, on est toujours dans le haut de gamme. Avec « Pressure », malgrè son titre, on revient au style Snoop nonchalant voire carrément débonnaire. Retour aux tubes inoxydables du passé, avec la prodigieuse « Another Part of Me » sur l’échantillon historique « Message in the Bottle » de Police ET double effet kiss cool… un featuring avec ce bon vieux Sting, en cerise reggae rap sur le gâteau ; et le music-lover en nous monte direct entre Nirvana et paradis… artificiel ou non, pour ce qui constitue sans nul doute un autre hit puissant de ce 20ème album-studio. La dramatique « Skyscrapers » voit l’arrivée de Method Man en guest-star lorsque « Fire » fait couler son reggae-rap tropical comme le chocolat chaud sur les profiteroles, avec la chanteuse Cocoa Sarai qui lui donne une funky réplique. Pour « Guns n Smoke », au feeling quelque peu western, Snoop s’est entouré non seulement d’Eminem mais aussi de son fameux acolyte 50 Cent Dans « Sticcy Situation », on retrouve à nouveau la chanteuse Cocoa Sarai avec une réinterprétation du « Tom’s Diner » de Suzanne Vega, sans oublier un petit emprunt à Isaac Hayes au passage. « Now Or Never » marque le retour de Dre au chant, pour une composition gorgée de soul, avant un « Gansta Pose » scandé et chaloupé. Et c’est en beauté avec « The Negociator » que s’achève cet ardent album. En conclusion on peut vous assure que ce « Missionary » ne court absolument aucun risque de prêcher dans le désert… et c’est bien rassurant.